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mercredi, 16 mars 2016

La Suisse se prépare à un afflux massif de réfugiés

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La "bunkérisation" de l'Allemagne et de l'Autriche pousse les réfugiés à choisir la Suisse. Celle-ci prévoit d'envoyer des militaires à ses frontières.

En fin de semaine dernière, La Tribune de Genève titrait sur « Le petit bidouillage des chiffres de l'asile », révélant que le secrétariat d'État aux Migrations cherche à minimiser la hausse vertigineuse des demandeurs d'asile en Suisse. En effet, entre février 2015 et février 2016, la Suisse a connu une augmentation de 90 %. Les raisons ? Jusqu'à présent, l'immense majorité des réfugiés, notamment des Syriens et des Irakiens, n'avait qu'une obsession : rejoindre l'Allemagne, prête à accueillir un million de personnes. Résultat : l'année dernière, la Suisse n'a hébergé que 40 000 migrants (principalement des Érythréens, des Afghans et des Syriens).

Mais, depuis février, l'Autriche s'est désolidarisée de l'Allemagne, s'organisant avec les pays de la route des Balkans pour bloquer les arrivées de migrants. Dimanche dernier, la forte poussée de l'extrême droite en Allemagne, hostile au choix humanitaire d'Angela Merkel, risque d'inciter fortement les réfugiés à préférer frapper aux portes de son petit voisin. Selon le scénario proposé par secrétariat d'État suisse aux Migrations, la France ne devrait pas non plus ouvrir tout grand ses frontières. La Suisse (8 millions d'habitants) s'attend donc à un afflux de 120 000 à 150 000 migrants.

Des soldats aux frontières

Le quotidien du canton de Genève annonce en une que « Berne se prépare au pire sur le front de l'asile ». Dimanche dernier, la NZZ am Sonntag de Zurich révélait déjà que le gouvernement prévoyait de réquisitionner les abris de la protection civile dans les cantons et les communes pour loger ces réfugiés. Il s'agit, en fait, d'abris antiatomiques, construits au temps de la guerre froide. Depuis, ils peuvent servir pour se protéger « contre les risques de catastrophe d'origine naturelle et humaine ».

Par ailleurs, il est prévu d'envoyer des militaires afin qu'ils apportent leur concours au corps des gardes-frontières. Ces derniers, qui portent armes et uniformes, appartiennent à l'administration fédérale des douanes, et sont rattachés au département fédéral des Finances. L'heure est donc grave, d'autant que la Suisse pense que les migrants vont dorénavant choisir des itinéraires plus risqués, via l'Albanie, pour ensuite atteindre l'Italie. Or, les Italiens encourageraient les réfugiés à remonter vers le nord pour rejoindre la prospère Confédération…

Demande d'asile traitée en 59 jours

Ce n'est sans doute pas un hasard si le secrétariat d'État aux Migrations a présenté lundi le bilan plutôt positif du centre pilote fédéral de Zurich. Depuis janvier 2014, ce centre teste des procédures d'asile accélérées. Il s'agit de réduire au maximum le temps entre le moment où l'administration reçoit une demande d'asile et celui où elle apporte une réponse positive ou négative. Ce délai était en Suisse de 77 jours, le centre pilote fédéral de Zurich, qui a traité 2 606 dossiers entre le 1er janvier 2014 et le 31 août 2015, a pris des décisions exécutoires en 59 jours en moyenne.

Toujours selon le secrétariat aux Migrations, ces décisions n'ont pas été prises pour autant à la légère. Pour preuve, le taux de recours n'a été que de 17,1 % dans le centre pilote, « soit un tiers inférieur à ce qu'il est dans le système standard ». D'où de sérieuses économies pour le pays : le réfugié accepté s'intègre plus vite dans le marché du travail, ce qui réduit les frais en aide sociale. Et les personnes déboutées sont moins nombreuses à disparaître dans la clandestinité. En France, les délais d'examen des demandes d'asile dépassent souvent deux ans.

Ian Hamel

Source : Afp via Le Point

 

 

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