mercredi, 06 avril 2016
Débat entre un philosophe et un recteur de mosquée à Phalempin
Andrée Christiann, adjointe à la culture de Phalempin, a organisé un débat autour de la lettre ouverte au monde musulman d’Abdennour Bidar avec la participation du philosophe Armel Richard et du recteur de la mosquée de Lens Abdellah Aarid. Une rencontre qui fait avancer la compréhension.
« Réflexions autour de la lettre ouverte au monde musulman d’Abdennour Bidar ». Le thème de la lecture-débat choisi par l’adjointe à la culture de Phalempin Andrée Christiann aurait pu rebuter. Surtout à la lumière des derniers événements survenus à Bruxelles. Mais le choix des invités, Armel Richard, philosophe et cofondateur de la compagnie du Tire Laine de Lille organisatrice de spectacles populaires, et Abdellah Aarid, recteur de la mosquée de Lens, a eu le mérite de poser la discussion et d’ouvrir les échanges. Fructueux.
Après l’interprétation de trois airs représentant les religions monothéistes (christianisme, judaïsme et islam) par Ellison et Claire, professeurs à l’école de musique de Phalempin, Armel Richard entra en scène. Il lut la lettre d’Abdennour Bidar, philosophe et chargé de mission sur la laïcité auprès de l’Éducation nationale.
Pour le pouvoir...
L’auteur y interpelle et bouscule le monde musulman face aux atrocités commises par Daesh. Le provoque aussi : « Et tu accuses au lieu de prendre ta propre responsabilité » ; pour ensuite réaffirmer : « Le terrorisme ce n’est pas l’islam, le vrai islam, le bon islam qui ne veut pas dire la guerre mais la paix ». Le problème du monde musulman n’est pas l’islam, ni la religion, mais la politique, l’économie, etc., que se sont appropriées certains pour soumettre les musulmans, dit-il avant d’appeler ces derniers à s’éveiller. « Il y a une multitude d’hommes et de femmes qui sont prêts à réformer l’islam, à réinventer son génie… »
Du pain béni pour Armel Richard qui s’engouffra dans un comparatif des religions pour en arriver aux mêmes conclusions : la religion, pour avoir le pouvoir, impose ses lois. Si l’Europe et la France ont su séparer l’Église de l’État (1905 chez nous), les états musulmans ne l’ont pas fait. Les lois religieuses devenant les lois du pays. D’autres, pour s’attribuer le pouvoir, vont encore plus loin par la force ou la terreur (Daesh).
L’importance du contexte
Armel Richard évoqua la lecture du Coran qu’il a étudié, et de sa complexité par les réécritures, ses traductions, et surtout les interprétations différentes. Selon lui, certaines sourates ont été écrites dans un contexte historique précis. Si on l’enlève, on peut leur donner un autre sens.
Le recteur de la mosquée de Lens entra alors dans le débat. Il confirma la nécessité d’expliquer aux musulmans le Coran, de replacer certains préceptes dans leur contexte afin de ne pas les interpréter faussement. Il enfonça le clou en précisant que beaucoup de peuples arabes se laissaient influencer ou soumettre par manque d’enseignement. Il prit en exemple la musique qu’aucun texte coranique n’interdit. Le public a ensuite été très attentif au propos du recteur sur la volonté de donner un souffle nouveau à sa religion.
Liberté de choix
Plus le débat avançait et plus les débatteurs se rapprochaient. Pour finalement conclure que chaque être humain doit être libre de choisir sa religion ou de ne pas croire, en tolérant ceux qui ont pris un autre chemin que le leur.
Le débat s’est poursuivi tard dans la nuit avec le public. Le succès de ce débat amène Andrée Christiann à chercher à transformer l’essai en organisant un rendez-vous avec les jeunes.
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