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dimanche, 24 avril 2016

Attentats à Bruxelles: faut-il suivre l'exemple britannique?

Les attentats de 2005 à Londres ont été les plus meurtriers de l'histoire du Royaume-Uni. Le 7 juillet 2005 à 8h50, quatre bombes explosent dans le métro et dans un bus. Cinquante-six personnes y perdent la vie et 700 autres seront blessées. Les kamikazes sont liés à Al-Qaïda, mais ils ont grandi sur le sol britannique. Le pays réalise que la menace vient l'intérieur même de ses frontières.

Aujourd'hui, le Royaume-Uni est toujours à un niveau d'alerte élevé. Les autorités ont mis en place des mesures strictes, qui semblent jusqu'à présent efficaces. Les autorités affirment avoir déjoué plusieurs attaques. Et le pays n'a pas subi d'attentats important depuis 2005. Il y a eu une seule attaque islamiste : un soldat a été décapité en rue par deux radicaux en 2013.

Le plan antiterroriste britannique "Concept" est basé sur quatre piliers : surveillance, répression, exercices d'entrainement et prévention de la radicalisation. Toutes les instances travaillent en étroite collaboration. Un attentat est toujours possible.

Les autorités tentent un maximum de contrôler les jeunes qui veulent rejoindre le groupe terroriste État islamique en Syrie. Selon Margaret Gilmore, spécialiste en sécurité et terrorisme à l’Institut indépendant Rusi (The Royal United Services Institute), la Belgique devrait s’inspirer urgemment du modèle britannique.

"Vos autorités n'ont pas assez empêché les jeunes d'aller rejoindre les terroristes de l'État islamique en Syrie et ainsi apprendre les techniques terroristes, commente-t-elle. Nous, nous le faisons en Grande-Bretagne. De plus, quand ces jeunes sont revenus, ils ont été arrêtés. Ils sont surveillés, les autorités ont analysé s'ils présentaient un danger ou non. Alors qu'en Belgique, ces jeunes vont et viennent librement."

La mosquée de Finsbury Park déradicalisée

Prévenir le danger, c'est la clé. Et en Grande-Bretagne, les citoyens sont aussi impliqués dans la lutte antiterroriste. Le cas de la mosquée de Finsbury Park est emblématique. L'ancien imam radical Abou Hamza y faisait des prêches radicaux, incitant à la violence et au terrorisme. Il a été condamné dans plusieurs dossiers de terrorisme.

Depuis, la mosquée a bien changé. Ses responsables travaillent en étroite collaboration avec la police. C'est devenu une communauté ouverte selon Mohammed Kozbar, le président de la mosquée : "Ici, les jeunes ont un endroit où ils peuvent venir et se sentir bien. On veut les éloigner de l'extrémisme, on ne veut pas que leur cerveau soit lavé par des maniaques qui essayent de leur dire qu'ils ne font pas partie de cette société, de ce pays, et qu'ils doivent aller en Syrie".

Par contre, les membres de la mosquée ne sont pas d'accord avec toutes les mesures prises par le gouvernement. "La stratégie de prévention du gouvernement, c'est de nous demander, à nous, responsables de la mosquée, d'espionner nos fidèles. Et ça, ne va pas."

Prévenir la radicalisation des jeunes

Alors comment prévenir la radicalisation sans stigmatiser la communauté musulmane ? Dans l’association "Active Change Foundation", on y travaille depuis des années avec les jeunes du district de Leyton, dans l’Est londonien.

Zahra Qadir, responsable des médias sociaux explique que dans les locaux du centre, les jeunes peuvent venir exprimer leurs interrogations sur l’extrémisme sans être jugés. Les éducateurs écoutent, puis déconstruisent les techniques d’endoctrinement avec eux.

"Dans un de nos ateliers, on travaille sur le recrutement terroriste, car, dans ce quartier, il y a eu beaucoup de recruteurs extrémistes. Et, ensuite, on discute de leur manière d'utiliser les versets du Coran, et comment ils manipulent les émotions et les esprits pour pousser les jeunes à adhérer à leur idéologie."

Yasin Cetin a 17 ans et vient dans l’association depuis six mois : "Sur Internet, il y a beaucoup de forums où des gens essayent de radicaliser les autres. Et j'avais beaucoup de questions : pourquoi ils font des attaques terroristes ? Pourquoi ils disent que c'est au nom de l'islam, pourquoi ils radicalisent des jeunes pour qu'ils commettent ces actes ? Et ici, j'ai rencontré beaucoup de gens et ils avaient des réponses à mes questions."

Et cela semble fonctionner. L'association affirme qu'elle a pu empêcher près de 120 jeunes de se radicaliser.

Les nouveaux terrains des recruteurs

Les recruteurs ont déserté les mosquées et beaucoup de quartiers londoniens. Ils évoluent sur Internet depuis plusieurs années. Le gouvernement britannique ferme d’ailleurs des sites et forums incitant à la violence islamiste tous les jours.

Les autorités ont aussi lancé des mesures anti-terroristes dans les écoles, centres sportifs ou encore universités. Un récent rapport du tink tank Quilliam fait état de dizaines de discours extrémistes en milieu universitaire. Pour Paul Salahuddin Amstrong, co-directeur de l'Association Britannique des Musulmans, il faut régler le problème rapidement.

"Nous pensons que des prêcheurs radicaux sont sur les campus. Ils ne sont pas nécessairement invités dans des conférences officielles des universités, mais ils font des discours au sein de certains cercles étudiants", explique-t-il.

Les autorités obligent désormais les universités à surveiller les étudiants. Et cela fait polémique.

"La stratégie de prévention du gouvernement est disproportionnée, dénonce Martyn Rush, responsable des affaires politiques du cercle étudiant Oxford University Islamic Society. Il n'y a qu'un seul aspect qui concerne les conférenciers extérieurs. La plus grande partie des mesures visent à surveiller les comportements des étudiants, leur foi et leur engagement dans les débats. Donc c'est un grand système de surveillance."

Le Royaume-Uni va très loin dans la lutte antiterroriste. Le pays est régulièrement dans le viseur de la Cour européenne des droits de l'Homme. Mais, depuis 2005, il n'y a eu aucune attaque terroriste majeure sur le sol britannique.

Aurélie Didier

Source : Rtf.be

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