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mercredi, 11 mai 2016

Chute des actes antisémites et antimusulmans. Pour les chrétiens, on repassera

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C’est une dépêche AFP. Comme toutes ses consœurs, elle a sauté de site en site, par ricochet, dupliquée à la virgule près parce qu’il ne faudrait quand même pas trop se fouler : « Le ministre français de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a annoncé, lundi soir, que les actes antisémites et antimusulmans ont baissé de 80 % au premier trimestre 2016, par rapport à la même période, l’an dernier. »

« La vigilance […] commence à porter ses fruits », a précisé Bernard Cazeneuve. Voilà une bonne nouvelle. On applaudit des deux mains. Mais comme le lycéen anxieux qui ne se trouve pas sur la liste le jour des résultats du bac, on reste là, bras ballants, vaguement interdit : Bah… oukonest ? et les actes antichrétiens, alors ?

On a dû perdre la feuille. Ou bien on l’a laissée dans la photocopieuse. Maryse, tu vas voir ?

Pourtant, Bernard Cazeneuve semblait avoir prévu la colonne, à côté de celle des autres, sur son grand tableau Excel : « À chaque fois qu’il y a un acte antisémite, raciste, antimusulman, antichrétien, les préfets déposent plainte auprès des procureurs de la République. Il y a donc une fermeté absolue. »

Mais in fine… rien. Nada. Peau de balle. Pffft, tellement négligeables qu’il ne les a même pas évoqués ?

On serait tenté, évidemment, de parler des 130 « croisés » du 13 novembre, comme les ont appelés, dans leur revendication, les islamistes. Si les malheureux ne se sentaient pas tous franchement « chrétiens », leurs bourreaux eux, les ont ciblés comme tels.

Alors là, soyons très clairs, inutile de bassiner Cazeneuve : le 13 novembre ne fait pas partie du premier trimestre 2016. Quand on fait des stat’, il faut être précis.

On pourrait, naturellement, lui glisser que le préfet et le procureur sont superflus pour se faire une idée. Qu’il suffit de lire la presse locale. Lorsque l’on rentre le mot « vandalisée », « incendiée » ou « profanée » à côté de celui d’« église », Google ne sait plus où donner de la tête : Saint-Martin à Aubière, Saint-Didier à Bruyères-le-Châtel, Notre-Dame à Quézac, Saint-Louis à Fontainebleau, Saint-Jacques à Montauban, Sainte-Croix à Saint-Lô, Sainte-Marie-Magdeleine à Plan-de-Cuques, Notre-Dame à Goupillières… la liste, en ce début d’année, est loin d’être exhaustive. Départs de feu, jets de pierre, portes fracturées, tabernacles forcés, hosties jetées à terre, vitraux brisés, murs tagués, statues renversées, les « actes » sont d’inégale intensité, et leurs auteurs divers. Mais on aimerait, eux aussi, les comparer à ceux de l’an passé. Alors quoi ? Pourquoi Bernard Cazeneuve reste-t-il coi ? Parce qu’il fait la méthode Coué – celle de Pierre Moscovici, autrement appelée « prophétie autoréalisatrice » – « Toute idée qui se grave dans notre esprit tend à devenir une réalité dans l’ordre du possible », dixit Wikipédia – et qu’il y croit.

Si les racines chrétiennes sont niées, ces églises anciennes n’ont donc pas droit de cité, hé hé, puisqu’elles n’ont jamais existé. Encore fallait-il y penser.

À moins que Bernard Cazeneuve n’en ait tout simplement rien à cirer. Attendu qu’électoralement, cela n’a pour lui aucun intérêt.

Gabrielle Cluzel

Source : Boulevard Voltaire

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