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jeudi, 02 juin 2016

Affaire des prénoms, statistiques ethniques… La France, pays d’autruches ?

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L’affaire des prénoms – je parle ici de la prétendue proposition de Robert Ménard de réformer l’état civil « pour obliger à la francisation des prénoms » – agite les médias depuis trois jours. Les nouveaux curés crient évidemment au racisme et décrivent déjà un enfer fait de pogroms et de ratonnades sous la conduite de l’extrême droite.

Nicolas Domenach partait ainsi en guerre lundi matin sur RTL, dénonçant cette droite à qui « seuls les prénoms arabes [leur] sont insupportables » : « Ils ne veulent voir que des Florence ou des François, encore que ce dernier sonne trop le glas socialiste, alors qu’il faut quelque chose qui sonne plus chrétien. » Ah ! Ah !

Mardi matin, Éric Zemmour lui répondait. « Le monde est bien fait. Il y a les gentils et les méchants. Les tolérants et les xénophobes. […] Et si on allait au-delà des postures, au-delà des faciles incantations ? » demande-t-il avant de développer son point de vue : « Appeler ses enfants Sue Ellen ou Mohamed, c’est un signe manifeste d’auto-ségrégation qui permettra ensuite de se plaindre de la ségrégation que l’on subit. »

Il est vrai qu’on trouve fort peu de Chanel, Truman ou Thewinner (sic) à l’École alsacienne.

Pas touche aux prénoms, donc, sauf pour faire des « testings » à Pôle emploi. Parce que le racisme est à sens unique, c’est connu.

Pauvre Ménard ! Il n’a que des soucis avec les prénoms. Déjà, ils lui ont valu l’an passé une sale polémique, éteinte parce que le procureur appelé à se pencher sur l’odieux crime du maire de Béziers n’avait rien trouvé à se mettre sous la dent malgré les perquisitions à la mairie. C’est que l’affreux Robert avait osé affirmer que près de 65 % des élèves de Béziers étaient de confession musulmane, tirant des prénoms des petits enfants une conclusion d’autant plus indicible qu’elle était évidente : « Si vous vous appelez Marie, vous n’êtes pas musulman. » Quoi ? On nous l’aurait caché ?

Si on lui a alors lancé la police, la justice, la gendarmerie et bientôt le GIGN aux fesses, c’est parce que les vigilants supputaient l’existence d’abominables statistiques ethniques de sinistre mémoire. Mais voilà : les spécialistes informatiques du SRPJ dépêchés pour l’occasion n’ont rien trouvé d’illégal. Il n’empêche, toute la classe politique a hurlé au scandale : « Les comptages ethniques, chez nous, c’est streng verboten ! » Alors…

Alors, quelle n’est pas notre surprise de découvrir mardi, sur le site Atlantico, une enquête sur « ce qu’ont voté les électeurs issus de l’immigration » aux élections régionales en Île-de-France. Et, au milieu de cette enquête, « les résultats du second tour en fonction de la proportion de prénoms arabo-musulmans par bureau de vote » dans les belles villes d’Argenteuil, Aulnay-sous-Bois, Sarcelles, Bobigny, etc. On a même droit à une carte établie sur la proportion des prénoms en question et de jolis graphiques en prime.

Vous avez entendu quelqu’un protester ? Moi non plus.

C’est qu’on ne saurait confondre avec les menées subversives du maire de Béziers. Il y a une raison à cela : traquer les prénoms arabo-musulmans sur les listes électorales, c’est pour la bonne cause. Il ressort, en effet, de ce comptage – ô surprise ! – que « le Front national obtient ses moins bons scores dans les quartiers à très forte population d’origine immigrée ». Toutefois, « ces bureaux de vote se caractérisent de surcroît soit par un recul du score du Front national par rapport aux européennes, soit par une progression extrêmement limitée alors que le parti frontiste améliore ses performances dans les bureaux de vote où la population issue de l’immigration est la moins présente ».

Ça, c’est un scoop, Coco !

Marie Delarue

Source : Boulevard Voltaire

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