jeudi, 02 juin 2016
Le prédicateur saoudien interdit de territoire revient à Roubaix… par téléphone
Le prédicateur saoudien Mohammed Ramzan Al-Hajiri avait bravé l’an dernier une interdiction d’entrée sur le territoire pour venir prêcher à la mosquée Abou Bakr de Roubaix. Cette année, il a donné une conférence pour le début du ramadan... par téléphone !
La dernière visite à Roubaix de ce prédicateur saoudien controversé, en mai 2015, n’était pas passée inaperçue. En venant pour la troisième fois consécutive prêcher à la mosquée Abou Bakr, après 2013 et 2014, Mohammed Ramzan Al-Hajiri avait violé une interdiction de pénétrer en France. Il fait en effet l’objet jusqu’en 2050 d’une fiche « TE » d’opposition à son entrée sur le territoire, délivrée par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Motif : il serait un « individu susceptible de troubler l’ordre public en raison de ses prêches islamistes radicaux ».
Malgré la polémique de l’an dernier, la mosquée du quartier du Pile, qui se revendique du courant salafiste, vient de récidiver, . Il faut dire que le prédicateur a beaucoup de succès : l’an dernier, pas moins de 1 500 personnes étaient venues l’écouter.
Le précédent de 2010
Dans le contexte de l’état d’urgence, qui rend les contrôles aux frontières plus stricts, Mohammed Ramzan Al-Hajiri a, cette fois-ci, été invité à s’exprimer… par téléphone ! Le thème, dont on peut penser qu’il n’était pas en mesure de faire polémique : « un cours en arabe uniquement sur les règles du jeûne du ramadan ».
Contacté pour savoir pour quelle raison l’association cultuelle Abou Bakr souhaite absolument inviter chaque année ce prédicateur qui tient des discours incitant au repli identitaire et stigmatisant l’occident (lire-ci-dessous), le responsable de la mosquée, Farid Gacem, n’a pas souhaité s’exprimer, estimant que nous n’aurions « ni le recul nécessaire, ni la science pour débattre sur les questions de l’islam ». « Je ne me permettrais pas d’écrire un article qui traite de l’astrophysique car je n’y connais strictement rien ou si peu », martèle-t-il.
Le président de cette mosquée est bien placé pour se méfier des journalistes : son propre frère, Rachid Gacem, avait dû s’excuser publiquement et démissionner de son poste de trésorier de la mosquée roubaisienne, en 2010, après avoir dérapé devant les caméras de John-Paul Lepers : il s’était déclaré favorable à la lapidation et à l’application de la charia en France pour le cas où les musulmans deviendraient majoritaires.
Mohammed Ramzan Al-Hajiri, un prédicateur fondamentaliste
Même ceux qui n’ont pas une « science de l’islam » suffisante peuvent se faire une idée sur la pensée de Mohammed Ramzan Al-Hajiri… en allant visionner ses conférences sur Youtube.
Il y en a beaucoup. Dont une, qui date d’avril 2014, et qui s’intitule « conseil aux enfants des musulmans de l’Occident ». En cinquante minutes, le Saoudien, qui prône une application littérale du coran appelle le plus tranquillement du monde les musulmans au repli identitaire et à la méfiance envers l’occident. « N’oublie pas tes croyances, ta langue, ton identité, ta personnalité », insiste le prédicateur, qui fustige les musulmans « qui sont devenus chrétiens », ou les musulmanes qui ont « épousé un chrétien ». Ceux qui s’habillent à l’occidentale le font tout simplement « pleurer ».
« Si tu perds ta religion, tu ne seras pas mieux qu’un animal ! », avertit-il. Plus tard, il lance même que « tuer un musulman est moins grave que de le rendre mécréant ». Ambiance.
L’Occident, qu’il conviendrait de « fuir » pour être sûr de ne pas perdre son âme, est qualifié de « pays de mécréance ». Il faut tenir les bons croyants à l’abri des « pensées déviantes » des Occidentaux, et de « l’innovation ». Et bien sûr protéger les femmes, dans ces pays où « les gens sont habillés sans l’être ». Ce qui veut bien sûr dire qu’elle doit se voiler, si possible intégralement : « L a femme est comme un bonbon qui doit rester caché pour garder de la valeur ». C’est dire si l’omniprésence de ce prédicateur à Roubaix est de nature à renforcer le « vivre ensemble ».
18:06 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.