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samedi, 25 juin 2016

Fête de la Musique contre État islamique ?

Manuel Valls est décidément un garçon épatant. Le poil lustré, l’œil vif et la truffe fraîche ; mâchoires serrées sur un menton qu’on pourrait qualifier de presque mussolinien, il ne dédaigne pas non plus jouer aux oracles, que ce soit en matière de philosophie ou de politologie. D’où cette déclaration à l’AFP, à la fois digne du Banquet de Platon et du Manuel des Castors juniors : « La meilleure réponse, “LA” réponse au terrorisme, à la menace en matière de sécurité, c’est la vie. […] C’est la culture, la fête de la Musique, c’est l’Euro avec des stades de football qui sont remplis. »

Dans la dernière édition de Bistrot Libertés dont l’invitée n’était autre que notre camarade Gabrielle Cluzel, Charlotte d’Ornellas, elle aussi collaboratrice de Boulevard Voltaire, assurait, non sans quelque audace, que « la menace de l’État islamique nous renvoyait aussi à notre propre insignifiance ».

Il est un fait que, dans nos sociétés occidentales, on a souvent peur de devenir pauvres ou de mourir ; alors qu’en face, la seule peur qui vaille est celle consistant à voir son âme descendre en enfer. Devant cette transcendance, fût-elle dévoyée, notre « insignifiance » ne pèse guère plus qu’un pot de terre contre un pot de terre. Les idéaux chrétiens ne sont plus, tandis que même la vulgate républicaine donne de sérieux signes d’essoufflement. Le « Je » a depuis longtemps supplanté le « Nous ». Nous ne pensons plus qu’à court terme, dans une immédiateté hédoniste, consumériste, matérialiste. Tout, tout de suite. Parce que « Je » le veux, parce que « Je » le vaux bien, pour paraphraser un fameux slogan de réclame.

Cet univers ne peut générer que frustrations à tous les étages. C’est celui de la femme qu’on ne pourra jamais conquérir, de la voiture qu’on ne pourra jamais s’offrir, du sportif qu’il est impossible d’égaler, d’une vie rêvée qui, immanquablement, se heurte au mur de la réalité. D’un côté, des Français de vieille souche se lamentent sur un pays qu’ils voient partir en quenouille ; de l’autre, ceux de jeunes branches se demandent pourquoi ils n’ont pas accès à cet eldorado tant fantasmé.

Entre les deux, et pour tenter vaille que vaille de maintenir un semblant de cohérence à tout ça, le « Système » offre pain et jeux, fait croire qu’on peut devenir quelqu’un en faisant profession de footballeur, de mannequin ou de vedette de télé-réalité. Il faut être « festif ». Boire des coups en terrasse. Écouter du David Guetta. Ce que rappelle, par ailleurs, Audrey Azoulay, ministre de la Culture : « La musique réussit ce miracle permanent de résonner de façon personnelle tout en nous reliant aux autres. Au Pulse à Orlando, comme au Bataclan l’an passé, la culture, un mode de vie, une passion pour la musique, la liberté, celle de s’aimer autrement. »

Ce « Système », à l’évidence, nous trompe. Mais peut également berner d’autres zozos, ces fameux « terroristes islamistes », tel que tendrait à le laisser penser l’entretien accordé par un ex-amant de Omar Mateen à la chaîne télévisée Univision. Le tueur en masse d’Orlando y est ainsi décrit comme « un homosexuel perturbé, qui buvait beaucoup et qui avait un sentiment de rancune envers la communauté hispanique rencontrée au Pulse ». Et, cerise sur le tarbouche, cette confession : « Omar Mateen était en colère et énervé après qu’un homme avec qui il avait eu des rapports sexuels lui avait annoncé qu’il était infecté par le virus du SIDA. »

Alors oui, notre société est, elle aussi, malade, tout comme certaines autres sociétés musulmanes ; chacune à sa façon. Il est pourtant à craindre, au risque de contredire ce grand penseur qu’est Manuel Valls, que la célébration convulsive de la teuf, de la zicmu et d’un football devenu patriotisme de substitution ne soit pas forcément le remède le plus approprié.

Il aurait été des plus intéressants de savoir ce qu’un Philippe Murray en aurait pensé.

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Nicolas Gauthier

Source : Boulevard Voltaire

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