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jeudi, 21 juillet 2016

Attentats : éviter les amalgames à cause du peuple

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Daech, ou l’État islamique, peut bien reculer sur le terrain syrien ou irakien. Il dispose, désormais, de relais efficaces en Occident lui permettant de frapper où il veut, quand il veut, sans que ses snipers n’aillent chercher aucunement leurs directives auprès de lui.

C’est ainsi qu’après Mohamed Lahouaiej Bouhlel, ce Tunisien de 31 ans ayant bénéficié d’un titre de séjour de 10 ans en 2009, qui a délibérément fendu la foule compacte massée sur la promenade des Anglais à Nice en poussant un retentissant « Allah Akhbar ! », ce 14 juillet, un adolescent de 17 ans, originaire d’Afghanistan, arrivé seul en Allemagne il y a deux ans et demandeur d’asile, a attaqué à la hache plusieurs voyageurs dans un train régional en Bavière, faisant quatre blessés graves.

Selon le ministre de l’Intérieur du Land de Bavière, Joachim Herrmann, « lors de la fouille de la chambre où il vivait, un drapeau de l’État islamique fabriqué artisanalement a été retrouvé ». Mais, à part cela, l’individu qui était certes musulman n’était « pas très pratiquant et se rendait à la mosquée pour les fêtes religieuses ». Toutefois, rajoute encore notre politicard, « en l’état actuel de l’enquête, aucun indice sur les lieux n’a été trouvé qui établirait une connexion entre ce jeune homme et des réseaux islamistes ».

Catholique romain jusqu’au bout des ongles, Joachim Herrmann, membre de l’Union chrétienne-sociale (CSU), témoigne, ab absurdo, d’une pusillanimité obséquieuse et exhibe une révérence prudentielle devant les gardiens du Temple du politiquement correct. À cette enseigne illustre-t-il à merveille cette célèbre formule de Chesterton, aux termes de laquelle « le monde moderne est plein d’anciennes vertus chrétiennes devenues folles » (Orthodoxie, 1908).

Il reste, néanmoins, que l’on s’abîme dans un scepticisme sans fond devant tant de contradictions au sein d’une même allocution. Orwell aurait, sans nul doute, érigé ce curieux personnage en archétype caricatural du pratiquant zélé de la « doublepensée » consistant, « en pleine conscience et avec une absolue bonne foi, émettre des mensonges soigneusement agencés. Retenir simultanément deux opinions qui s’annulent alors qu’on les sait contradictoires et croire à toutes deux. Employer la logique contre la logique » (1984).

Plus près de nous, avec l’ironie voltairienne qu’on lui connaît, Michel Onfray raillait cet aveuglement volontaire de nos élites biberonnant au gros « padamalgam » qui tache : « La main de ma sœur n’a rien à voir avec la culotte d’un zouave ; 1984 n’a rien à voir avec Orwell, ni Le Meilleur des mondes avec Huxley ; le réel n’a jamais rien à voir avec ce qui a lieu – pas d’amalgames, vous risqueriez de faire le jeu du réel » (Marianne, 19 janvier 2015).

Le réel, ce défi permanent à la raison, cette offense inexpiable aux dieux tutélaires de ses idéologies, cette invitation sans prévenir dans l’enclos confortable de ses préjugés, est écarté, sans autre forme de procès, par nos politiciens irresponsables, apeurés, plus que tout, de « faire le jeu du populisme et de l’extrême droite ». Ce faisant, ils prennent le peuple pour une armée d’imbéciles, comme l’observait avec subtilité Chantal Delsol dans un essai aussi remarqué que remarquable (Populisme – Les demeurés de l’Histoire, 2015).

Aristide Leucate

Source : Boulevard Voltaire

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