mardi, 09 août 2016
Et si les terroristes allaient en enfer ?
Pour se faire entendre des terroristes ou candidats au terrorisme, peut-être faudrait-il parler le même langage qu’eux ? Apparemment, ces gens croient à une vie après la mort. Jusqu’ici, ils n’ont entendu que les promesses de Daech, peut-être relayées par quelque imam salafiste : s’ils meurent en tuant un mécréant, ils iront tout droit au paradis.
Cela, quel que soit leur comportement sur cette terre : délinquance (le Coran condamne les voleurs à avoir la main coupée : c’est donc un péché !), alcool, tabac, fornication, consommation de porc sont effacés d’un coup par le sacrifice ultime.
Peut-être faudrait-il leur rappeler que la religion chrétienne, singulièrement la catholique, est d’un autre avis : qui meurt en commettant un meurtre, sans avoir donc eu le temps de se repentir, risque fort d’aller en enfer.
L’Église ne l’affirme certes pas comme une certitude (elle ne préjuge jamais de ce qui arrive dans l’au-delà), mais elle en signale très fort le risque.
À cela, les conciles n’ont rien changé : c’est toujours le dogme. Qui peut le leur dire ? Pourquoi pas les évêques, avec toute l’autorité qui est la leur ?
On dira qu’ils ne le croiront pas : ils sont musulmans et seul compte pour eux, pense-t-on, le Coran (qu’ils n’ont généralement pas lu).
Ce n’est pas certain.
D’abord, le Coran parle de l’enfer à presque chaque page. C’est une notion qu’ils connaissent bien. Une autorité religieuse qui leur en parlerait aussi gagnerait auprès d’eux en crédit. Plus, en tout cas, que par des paroles onctueuses sur le dialogue des religions. Ensuite, les vrais musulmans ont une déférence superstitieuse pour toute autorité religieuse, même et surtout chrétienne. Pas ceux qui ont tué le père Hamel, dira-t-on. Qu’en sait-on ? Ils ont probablement exécuté un ordre, peut-être en se forçant.
La menace de l’enfer contribuerait au moins à semer chez eux le doute : « Et si je me trompais ? Et si ce monsieur en habit chamarré portant mitre, si c’était lui qui avait raison ? » Alors, adieu les 72 vierges : en lieu et place, une éternité à griller. C’est tout de même un risque.
Surtout si une partie de leurs imams relayaient cette menace de l’enfer. Quand le leur dire ? L’invitation faite aux musulmans à leur initiative d’assister à la messe dimanche dernier aurait pu être une occasion. Mais ils n’étaient pas très nombreux : en cette saison, la plupart sont en vacances dans leur pays d’origine. Il y en aura sans doute d’autres.
En tous les cas, il n’y a aucun risque à dire que ceux qui meurent en tuant risquent l’enfer. Et, principe de précaution oblige, peut-être que certains candidats au djihad y regarderont à deux fois avant de commettre un nouvel attentat.
Roland Hureaux08:08 | Lien permanent | Commentaires (0)
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