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mardi, 20 septembre 2016

Musulmans de France : l’étude qui fait polémique

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Une enquête réalisée par l’Ifop sert de base à une étude de l'Institut Montaigne, qui esquisse un portrait des musulmans de France. Cette dernière a suscité de vives réactions.

Qui sont les musulmans de France ? Comment vivent-ils ? Quels sont leurs rapports à l'islam, à la société ? Alors que la vague d'attentats djihadistes et l'approche de la présidentielle enflamment les débats sur la place de l'islam, l'Ifop a tenté de répondre à cette question à travers un sondage conduit auprès de 1.029 personnes de confession ou de culture musulmane, extraites d'un échantillon de 15.459 métropolitains âgés de 15 ans et plus.

Cette enquête "inédite" de l'Ifop sert de base à l'Institut Montaigne, "think tank" d'obédience libérale, qui publie un rapport intitulé "Un islam français est possible".

28 % de rigoristes ?

L'Ifop a distingué trois grands groupes de musulmans en France, en fonction des pratiques des personnes sondées, de leur attachement à la laïcité, au port du voile ou à la viande halal.

Le premier groupe, largement majoritaire (46%), compte des musulmans "soit totalement sécularisés, soit en train d'achever leur intégration" sans renier leur religion. Un deuxième groupe, représentant 25%, est plus pieux et plus identitaire tout en rejetant le voile intégral.

Le dernier groupe, que l'Ifop évalue à 28%, réunit des croyants qui ont "adopté un système de valeurs clairement opposé aux valeurs de la République", s'affirmant "en marge de la société". Les jeunes, les moins insérés dans l'emploi et les convertis sont les plus disposés à adhérer à ce modèle, jusqu'à 50%.

5,6 % des habitants de métropole

En outre, le rapport publié par l'Institut Montaigne est parfois à rebours de certaines idées reçues. Il avance par exemple qu'en France, pays qui compte la plus importante communauté musulmane d'Europe, les musulmans comptent pour 5,6% des habitants de métropole (entre 3 et 4 millions), soit un pourcentage "moins important que ne l'avancent bon nombre de chiffres fantaisistes", souligne en avant-propos Hakim El Karoui, ancien conseiller de Jean-Pierre Raffarin à Matignon et ex-président de l'Institut des cultures d'islam.

Mais ils sont 10% des moins de 25 ans, "signe de la prégnance croissante de la deuxième religion du pays auprès des jeunes générations". L'âge moyen s'établit à 35,8 ans (il est de 53 ans chez ceux qui se déclarent chrétiens et de 43 ans pour les "sans religion").

Pas de "communautarisme musulman unique et organisé"

Une écrasante majorité des musulmans interrogés - aux trois quarts de nationalité française - ne refusent pas la mixité, acceptant de se faire soigner par un médecin (92,5%) du sexe opposé.

Côté pratiques, deux traits saillants très largement partagés : 70% des personnes interrogées déclarent "toujours" acheter de la viande halal et 65% sont favorables au port du foulard.

La question du voile est toutefois plus clivante : 65% des femmes musulmanes ne le portent pas. Quelque 37% des personnes de culture musulmane considèrent que les jeunes filles devraient pouvoir porter le voile au collège et au lycée et 24% sont favorables au port du niqab.

La fréquentation des 2.500 mosquées est plus faible qu'on ne le pense souvent : 30% des musulmans interrogés ne s'y rendent jamais, et autant ne le font au mieux que lors des grandes célébrations du ramadan.

En résumé, "la question sociale est la priorité des musulmans interrogés, bien avant les questions religieuses ou identitaires". Il n'y a pas de "communautarisme musulman unique et organisé".

Vives réactions

Réagissant sur le Forum Radio J, Bruno Le Roux, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale et proche de François Hollande, a souhaité "que les musulmans de France puissent vivre tranquillement leur foi en rupture avec toute intervention extérieure", jugeant "inquiétant" ce chiffre de 28% de musulmans présentés comme en marge de la société.

"28% des musulmans de France contre nos valeurs. Et on veut encore nous faire croire au #VivreEnsemble?", a tweeté Robert Ménard , maire de Béziers proche du Front national. Pour Anouar Kbibech , président du Conseil français du culte musulman, ce chiffre est "totalement déconnecté de la réalité".

Sur son blog, le candidat à la primaire de la droite Alain Juppé a estimé que, face à ce "durcissement de la religion musulmane", il fallait bâtir "un Etat fort", combattre "les amalgames" et inciter "la majorité silencieuse des musulmans" à s'impliquer dans la construction d'un islam de France.

Autre candidat à la primaire, François Fillon a relevé au "Grand rendez-vous" Europe1/iTELE/Les Echos "une sorte de dynamique en faveur de la radicalisation", militant en faveur de "statistiques pour pouvoir avoir les moyens de traiter un sujet qui est celui de l'islam radical".

De son côté, Cécile Duflot a souligné dimanche sur BFMTV qu'"une immense majorité des musulmans de ce pays vivent normalement". La candidate à la primaire écologiste a appelé à ne pas "agiter les peurs" avec ce type d'études statistiques, en l'absence d'un travail sociologique approfondi.

Les Echos

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