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jeudi, 20 octobre 2016

Les hôpitaux, nouvelles zones de non-droit ?

 

 
Il y a un temps où, même pour les plus compatissants de nos compatriotes vis-à-vis du bordel ambiant, il faut savoir dire non. Mais un véritable « non ». Pas le « non » d’un « antifascisme de carnaval », pour reprendre l’heureuse expression du Lionel Jospin relative au Front national. Car dans toute société, la nôtre, en évidente voie d’atomisation, culturelle, religieuse et identitaire, devraient être au moins respectés ces sanctuaires communs à tous, fussent-ils « laïques », que sont les hôpitaux et les écoles ; et ne parlons même pas des églises…

Il est à craindre que cela soit encore trop demander à notre régime finissant.

Ainsi, dans la nuit du 15 au 16 octobre, à l’immense bazar des urgences nocturnes de l’hôpital de Tourcoing, une dizaine d’individus accompagnant un patient ont-ils roué de coups le personnel médical, semant une assez belle panique, surtout chez les malades qui, entre la vie et la mort, n’avaient pas besoin de ça. Pourquoi ? Parce que le « patient » en question, « responsable d’association », accompagné d’une quinzaine de ses amis, n’aurait pas été examiné assez vite. À en croire le témoignage de sa compagne, recueilli par France 3 : « Ils nous ont très mal parlé, en nous disant de dégager, qu’ils ne soigneraient pas mon mari tant que tout le monde resterait là ! »

Témoignage de l’un des infirmiers de nuit, rapporté par cette même chaîne : « J’ai été tabassé par cinq ou six personnes. J’ai essayé de parer les coups comme je le pouvais. Ma seule crainte, c’était de chuter sur le patient âgé, par peur de lui faire mal. »

Voilà où nous en sommes. 

Marchandisation de la société oblige, dans l’hôpital, le patient devient simple client, client agressif par nature. Tout, tout de suite ! Sans même imaginer que ce système de santé, même mal en point, le monde entier nous l’envie encore. Sans même chercher à comprendre que, pour bringuebalant qu’il soit, il tient encore à peu près debout parce que d’essence mutualiste : tout le monde paye pour tout le monde ; et qu’il a surtout des « saints laïques » sous-payés pour persister à le faire tourner. 
 Par nos soins interrogé, Olivier Toma, fondateur de l’agence Primum non nocere, consacrée à la santé et au développement durable, par ailleurs interlocuteur régulier de Boulevard Voltaire, affirme : « Le système hospitalier est à bout de souffle. Pour lutter contre cette violence, il faudrait des moyens humains et financiers. Mais là n’est pas forcément le cœur du problème. »
 
D’où ces deux questions.

La première relève d’une perte générale de la dignité la plus élémentaire. Elle ne relève pas de l’oubli, tant on ne saurait pratiquer une vertu n’ayant jamais été inculquée ; mais de la simple ignorance de la plus élémentaire des politesses qui, elle, n’a jamais été enseignée : soit le respect d’autrui, surtout lorsque s’agissant d’un médecin susceptible de sauver la vie de vos proches.
La seconde est d’ordre culturel. Quand une maternité se trouve au bord de l’émeute parce que le personnel hospitalier refuse l’entrée d’une famille au sens large – entre trente et quarante personnes – au chevet de la femme qui vient d’enfanter ; il n’est pas toujours aisé de faire comprendre que les coutumes des villages d’Afrique, du Nord comme subsaharienne, ne sont pas exactement les mêmes de ce côté de la Méditerranée.

Olivier Toma, donc : « Nous n’avons pas vocation à rééduquer le peuple, que ce soit en matière de bonne éducation ou d’us et coutumes. Ce qu’il nous faut en urgence, c’est une protection policière, mais l’argent manque ! » Triste présage… Quand une société s’en remet aux flics ou au manque de fric plutôt qu’à la bonne entente consentie entre citoyens participant de la même société, il y a véritablement un gros souci civilisationnel.
Pas de doute, c’est une joyeuse société qu’on nous prépare.

Nicolas Gauthier 

Boulevard Voltaire 

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