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vendredi, 21 octobre 2016

Police nationale : le naufrage d’un commandement politisé

 

 
De droite comme de gauche, la technostructure policière a pris le contrôle de l’appareil d’État et en a fait sa chose.







Enfin, ça éclate ! la crise du commandement à la police nationale, évoquée dans ces colonnes de longue date, devient une affaire publique. En dehors de leurs organisations syndicales, les policiers manifestent spontanément le soir pour dénoncer l’abandon dans lequel ils se trouvent de la part de leur hiérarchie pour effectuer leurs missions de maintien de l’ordre. Et, une fois de plus, cette même hiérarchie policière manifeste toute son incompétence et son incapacité à gérer la situation…

Le ras-le-bol de Pinot simple flic

 

Pour tous les grands défenseurs de l’État comme solution universelle aux problèmes du pays, l’expression de ras-le-bol à laquelle nous assistons rappelle qu’il n’est pas pire employeur que ce fameux État prétendu défenseur de l’égalité et des droits sociaux. Aucune entreprise ne pourrait en effet survivre avec un management aussi éloigné des réalités et autant coupé de sa base.
La hiérarchie policière peut d’ailleurs se targuer de disposer de collaborateurs aussi patients. Ce ras-le-bol aurait pu, et même aurait dû, éclater de longue date.

L’évident abandon des policiers de terrain

 

Que la hiérarchie policière se désintéresse de sa fonction managériale, qu’elle soit beaucoup plus occupée à faire carrière qu’à garantir la sécurité des citoyens est une évidence qui déchire les yeux. Tous ceux qui vivent dans les quartiers difficiles savent que la police nationale y souffre de graves disparités dans l’affectation des effectifs, dont la hiérarchie policière porte directement la responsabilité, et d’une paralysie quotidienne due au manque d’engagement du management dans la prise de responsabilité.

C’est ainsi que, au jour le jour, l’ordre de la société se délite et qu’un sentiment d’impunité se développe parmi les racailles.

La faillite de la cogestion syndicale

 

Pour garder le contrôle de la situation sans se remettre au travail, la hiérarchie policière a pratiqué la cogestion syndicale. Le jeu était simple : il consistait à neutraliser le combat syndical en nourrissant une bureaucratie aux ordres. Ce système a retardé l’émergence de la contestation, pour un prix finalement limité.

Le sidérant mépris de la hiérarchie

 

Personne n’a échappé à cette image sidérante du directeur général de la police nationale, Jean-Marc Falcone, à l’abri des vitres fumées de sa voiture de fonction, refusant d’entrer en contact avec ses salariés en colère et filant à toute vitesse pour leur échapper. Imagine-t-on un patron de grande entreprise contesté par ses employés donner ce spectacle désolant ? On trouverait facilement une troupe de parlementaires pour demander des sanctions immédiates.

Pourquoi l’accepte-t-on d’un haut fonctionnaire ? Pouvait-on donner meilleure illustration du mépris aristocratique de la hiérarchie policière pour le flic de base ? Pouvait-on mieux démontrer le désintérêt de la hiérarchie pour le management ?

Jean-Marc Falcone, symbole de la politisation de la haute fonction publique

Et qui est Jean-Marc Falcone, le directeur général de la police nationale ?

Cet homme devenu commissaire de police en 1979, ancien collaborateur de Jean-Jack Queyranne et de Christian Paul (dont il fut directeur adjoint de cabinet au secrétariat d’État de l’Outre-Mer), est devenu préfet sous la droite. Mais son retour à Matignon en 2012 lui a permis de faire la « culbute » vers la direction générale de la police nationale en 2014, à l’occasion de l’arrivée de Bernard Cazeneuve.

Dans la pratique, Falcone n’est plus « flic » depuis 1990. Est-ce bien raisonnable ?

Psycho-rigidité et indifférence comme valeurs managériales

 

Jean-Marc Falcone porte et déploie manifestement les mêmes valeurs managériales que son ministre Bernard Cazeneuve. On voit bien la technique du « nous sommes infaillibles » et du « circulez, y a rien à voir ». Comme Cazeneuve, Falcone réagit à la contestation spontanée par la menace.

Son choix de ne pas recevoir les manifestants et d’ordonner une enquête administrative pour intimider ceux qui expriment leur ras-le-bol et font usage d’un droit d’expression courant dans le secteur privé donne une démonstration parfaite de ces traits de caractère. « Oignez malins, poignez vilains ! ».

La technostructure policière à la manœuvre

 

On pourrait se consoler en pensant que le phénomène est lié à une majorité parlementaire. Les débats qui ont suivi les événements de Viry-Châtillon ont malheureusement montré que le problème ne tient pas à une majorité politique de circonstance, mais aux manœuvres d’une technostructure en bonne et due forme. De droite comme de gauche, la technostructure policière a pris le contrôle de l’appareil d’État et en a fait sa chose.

Le contrôle citoyen n’y a manifestement plus sa place. Dans une période marquée par la menace terroriste, cette situation pose un vrai problème…

Éric Verhaeghe

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