Le 13e rassemblement de la PEGIDA, ces « patriotes européens contre l’islamisation de la société » prévu à Dresde lundi 19 janvier, a été annulé pour des raisons de sécurité. La cause: des menaces terroristes.
Qui participe au mouvement PEGIDA ?
Si la PEGIDA rassemble au départ des Allemands qui expriment leur mécontentement envers l’islamisation de la société, elle regroupe aussi des manifestants se disant insatisfaits envers les médias et la classe politique. Ainsi, chaque lundi depuis douze semaines, des milliers de personnes se réunissent dans les rues de Dresde ; lundi 12 janvier, 25 000 manifestants ont protesté dans cette ville est-allemande.
L’étude de l’Université de Dresde démontre que 54 % des manifestants réclament un changement politique. Seuls 15 % des interrogés citent l’islamisation de la société comme motivation de leur participation au mouvement PEGIDA. Le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung conclut : les manifestants de la PEGIDA expriment « leur mécontentement quotidien ».
Ce mouvement, très peu populaire au sein de la classe politique allemande, l’est aussi auprès d’une partie de l’opinion publique, qui a déjà organisé des marches anti-Pegida et anti-racisme, notamment à Cologne, Munich ou encore Leipzig.
Selon la police, le risque d’une attaque terroriste contre la PEGIDA est réel.
Pour des raisons de sécurité, la direction de la police a interdit pour lundi 19 janvier pendant 24 heures toute manifestation en plein air à Dresde. Au vu de la situation actuelle, le danger n’est plus abstrait, mais bien réel, selon un préfet de police de la ville est-allemande.
Les organisateurs de la PEGIDA vont dans le même sens que la police et ont donc annulé leur 13e marche. Ce qui a déclenché leurs craintes : la Sûreté de l’État a des preuves selon lesquelles un terroriste, dissimulé parmi la foule, pourrait commettre un attentat et s’en prendre à un membre organisateur du mouvement anti-islam lors de la manifestation, l’organisateur Lutz Bachmann. Par ailleurs, un tweet en arabe désignant la manifestation PEGIDA comme « ennemie de l’islam » a attisé l’hypothèse d’un réel danger de représailles.
Etant dans l’impossibilité de mettre un dispositif de sécurité en place rapidement, les co- organisateurs ont donc préféré annuler la marche plutôt que d’exposer au danger leurs sympathisants.
« Interdire de manifester à cause de la mise en garde de terroristes doit rester une exception », l’ancien président de la Cour constitutionnelle allemande
L’annulation de la manifestation suscite beaucoup de critiques de la part des hommes politiques, aussi bien de la part des sociaux-démocrates, que des Verts. Ils regrettent que la police n’ait pas été en mesure de garantir que la manifestation ait lieu et soulignent que cela représente une entrave à la liberté d’expression.
Sur la page Facebook de la PEGIDA, les organisateurs se montrent quant à eux toujours aussi déterminés à exprimer leur mécontentement. Ils ont ainsi publié l’ordre suivant : « Chaque Européen qui est pour la liberté d’expression et contre le fanatisme religieux est prié d’accrocher à sa fenêtre le drapeau de son pays et de mettre une bougie sur le rebord de sa fenêtre à 18 :30 ! Exprimez nos droits par un signe ! ». Le prochain rassemblement anti-islamisation de la société est prévu pour le lundi 26 janvier. Afin d’en garantir le bon déroulement, les autorités sont en train de réfléchir à un dispositif de sécurité.
La menace terroriste lance donc un débat sur la sécurité intérieure des citoyens en Allemagne. Même si le mouvement PEGIDA est très peu populaire au sein de la classe politique allemande, tous s’accordent sur un point : il faut garantir la liberté d’expression des manifestants, quels qu’ils soient. Source