La bombe avait explosé au moment où passait un groupe d’une douzaine de personnes originaires de pays d’ex-URSS. Dix personnes avaient été blessées, dont six de confession juive. L’une des victimes, une Ukrainienne enceinte de cinq mois, a perdu son bébé dans l’attentat. Son mari, présent aussi, avait lui failli mourir.
L’école de langue était située non loin d’un magasin de surplus militaire alors tenu par Ralf S.. L’accusé et l’école avaient par ailleurs eu des différends.
Une enquête longue et difficile
Entendu peu après l’attentat, le suspect avait été relâché, faute de preuves. L’enquête s’est ensuite enlisée pendant de longues années, les quelque 900 indices et le millier d’interrogatoires menés ne débouchant sur aucune piste solide.
Le mobile raciste n’avait pas non plus pu être immédiatement démontré. Néanmoins, l’attaque avait ébranlé l’opinion allemande, 55 ans après la chute du IIIe Reich. Et elle avait également déclenché un vif débat sur la violence d’extrême-droite, à laquelle le pays est régulièrement confronté, comme ce fut encore le cas en 2015 lorsque l’arrivée de centaines de milliers de demandeurs d’asiles a conduit à une explosion des attaques visant des foyers de réfugiés.
La piste d’un groupuscule nazi
La découverte en 2011 qu’une dizaine de meurtres remontant aux années 2000 étaient des crimes racistes, commis par trois militants néo-nazis du groupuscule « Clandestinité nationale-socialiste » (NSU), a également boulevers
é le pays et mis en évidence les défaillances de la police et du renseignement intérieur, incapables de neutraliser un trio qui a agi en toute impunité pendant des années. C’est cette affaire qui a conduit les policiers à relancer l’enquête sur l’attentat de Düsseldorf.
Ralf S. a lui finalement été interpellé en février 2017, notamment car la police a pu obtenir le témoignage d’un codétenu en 2014 à qui il aurait confié lors d’une brève incarcération avoir « fait sauter des "basanés" dans une gare ».
Son défenseur Olaf Heuvens a toutefois mis en doute l’authenticité de ce témoignage : « pourquoi dirait-il cela à un prisonnier qu’il connaît à peine ? », s’est-il interrogé auprès de l’agence de presse DPA. L’ex-petite amie de l’accusé a de son côté révélé aux enquêteurs avoir vu à l’époque une bombe posée sur la table de la cuisine.
Faire accuser les jihadistes en se faisant passer pour un réfugié
L’accusation soutient que Ralf S. avait appris à fabriquer des bombes à l’armée, et qu’il a donc pu réaliser l’engin en question. L’explosion a été déclenchée à distance. Selon la police, l’accusé est aussi tatoué d’une croix gammée et d’une forteresse nazie.
Le cas de Ralf S. fait écho à celui de Franco Albrecht, militaire allemand suspecté depuis l’an passé d’avoir fomenté un rocambolesque projet d’attentat en se faisant passer pour un réfugié syrien. L’idée était de copier le modus operandi jihadiste pour que l’Allemagne se retourne contre les musulmans.
L’affaire avait éclaboussé l’armée, accusée de ne pas suffisamment lutter contre les idées d’extrême droite en son sein et d’avoir conservé certaines références remontant à l’époque nazie.