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mardi, 27 septembre 2016

Calais: Marine Le Pen veut renvoyer "les clandestins dans leur pays"

La présidente du FN réclame un changement de la politique d'immigration française, et dénonce "la dérive absolue" du droit d'asile.

Initiative «Contre l’immigration de masse»: un pari impossible à tenir

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La solution adoptée par le Conseil national peut se justifier politiquement, mais une mise en œuvre stricte de l’art. 121a, qui soit en même temps conforme à l’accord sur la libre circulation des personnes est tout simplement irréalisable, est convaincue Véronique Boillet

Le dernier acte de la pièce de politique migratoire la plus populaire de notre pays – celle dont les trois coups avaient été frappés par l’acceptation au rasoir de l’initiative «Contre l’immigration de masse» – est-il en passe de trouver son dénouement?

Oui, si l’on en croit la récente décision du Conseil national, qui a suivi pour l’essentiel les propositions de sa commission des institutions politiques (CIP) pour la mise en œuvre de l’art. 121a de la Constitution fédérale. Le Conseil des Etats doit encore se prononcer.

Ce projet contient deux mesures principales: une clause de sauvegarde et un système de préférence nationale light. Instantanément désapprouvé par l’UDC qui considère qu’il ne met pas suffisamment en œuvre l’art. 121a, le projet bénéficie en revanche du soutien de la majorité des partis, au motif qu’il serait conforme à l’Accord sur la libre circulation des personnes (ALCP).

Pour rappel, les autorités avaient d’emblée considéré que les objectifs définis par l’art. 121a n’étaient pas conciliables avec l’ALCP et qu’à défaut de solution négociée avec l’UE, la mise en œuvre de cette disposition constitutionnelle exigerait la dénonciation de l’Accord. La commission – suivie par le plénum – a tenté de démontrer le contraire.

Clause de sauvegarde

Tout d’abord, la CIP propose d’impliquer le Comité mixte (composé de représentants de la Suisse et de l’UE) pour tout actionnement de la clause de sauvegarde – rendant ainsi ce système conforme à l’ALCP. Ce faisant, la CIP a fait le choix de se distancier du texte de l’art. 121a pour privilégier le respect du droit international et concilier ainsi les objectifs de limitation de l’immigration (prévus par cet article) avec le maintien de la libre circulation.

Si un tel choix peut se justifier – à nos yeux – d’un point de vue politique, il n’en demeure pas moins que cette clause de sauvegarde ne respecterait pas l’art. 121a, principalement en raison du fait que la Suisse ne pourra pas gérer l’immigration «de manière autonome».

Quelles pourraient en être les conséquences juridiques? Notre Constitution excluant tout contrôle de la constitutionnalité des lois fédérales, il ne sera pas possible de faire valoir la non-conformité de cette clause. En somme, les partisans d’une application stricte du texte de l’art. 121a n’auront qu’une solution: celle de s’opposer à l’entrée en vigueur de la loi fédérale en déposant une demande de référendum. Et si une telle demande devait aboutir, puis l’emporter, le législateur se retrouverait – retour à la case départ – dans la même impasse qu’au lendemain du 9 février 2014.

Préférence nationale incompatible avec l’accord

Deuxième épine (dorsale) du projet de la CIP, la préférence nationale light: selon les informations rendues publiques à ce sujet, il s’agirait pour le Conseil fédéral de définir des seuils d’immigration à partir desquels les employeurs seraient tenus de communiquer la liste des postes de travail vacants aux Offices régionaux de placement – privilégiant ainsi les résidents.

Un tel principe, puisqu’il implique une différence de traitement en fonction de la résidence, est discriminatoire et donc incompatible avec l’ALCP.

Reste à déterminer les conséquences d’une telle incompatibilité. A cet égard, rappelons que le Tribunal fédéral a récemment précisé qu’en cas de conflit, l’ALCP prime les lois fédérales. Face à une telle mesure discriminatoire, l’ALCP l’emportera donc sur la loi fédérale instituant une préférence nationale.

Réaction possible de l’UE

Il n’en demeure pas moins que les Européens risquent de devoir faire face à des difficultés lorsqu’il s’agira de contester l’application de ce principe de préférence nationale. En effet, non seulement l’identification des voies de recours est très complexe, mais en plus la preuve d’une discrimination en raison de la nationalité est difficile à apporter – si tant est qu’elle puisse même être découverte.

Signalons aussi que le principe de la préférence nationale est susceptible d’entraîner une réaction de la part de l’UE. Cette dernière est en effet en droit d’engager une procédure de règlement des différends devant le comité mixte, voire même de dénoncer l’accord – ce qui aurait pour conséquence d’actionner la «clause guillotine» et de mettre ainsi un terme au premier paquet des bilatérales. Reste que la réaction de l’UE, guidée par des considérations politiques, est hautement imprévisible.

Pari impossible à tenir

Au final, le projet de la CIP avalisé par le Conseil national ne nous apparaît pas comme la solution miracle. La commission n’est pourtant pas à blâmer: une mise en œuvre stricte de l’art. 121a, et en conformité avec l’ALCP (soutenu par le peuple et les cantons de manière bien plus nette que l’initiative en question), est à notre sens tout simplement irréalisable.

Si ce n’est son abrogation, une modification de ce dernier article, nous permettant de respecter nos engagements internationaux, paraît donc nécessaire. Reste à déterminer si une telle proposition aurait les faveurs, in fine, du citoyen.

Véronique Boillet est professeur assistante à l’Université de Lausanne

Letemps.ch

IMMIGRATION / LA RIPOSTE CONTRE LES CAMPS DE MIGRANTS

Nos responsables politiques face à l’islam

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A droite, la stratégie des candidats sur le sujet de l’islam est relativement claire.

Le rapport que j’ai publié avec l’Institut Montaigne a suscité un certain nombre de réactions politiques, notamment à droite mais finalement assez peu à gauche. Pourquoi ? Parce que ses résultats peuvent mettre certains mal à l’aise. Du côté de la gauche de la gauche, où les musulmans sont volontiers présentés comme les nouvelles victimes de l’ordre libéral et de la répression policière, constater qu’un certain nombre d’entre eux, notamment des jeunes, utilisent la religion – et pas une adhésion à des idéologies politiques plus classiques – pour manifester leur rébellion n’est pas très agréable. Surtout quand il s’agit de la version la plus rétrograde possible de la religion qui se confond avec l’ordre patriarcal le plus brutal.

Au sein de la gauche de gouvernement, les résultats vont diffuser peu à peu mais elle a été jusqu’alors très discrète. A droite, où le sujet de l’islam est l’occasion d’une surenchère continue, Alain Juppé a sagement constaté la divergence idéologique à l’œuvre parmi les musulmans de France et en tire les conclusions : il faut mobiliser la majorité silencieuse pour aider à ramener dans le droit chemin ceux qui sont tentés par la sécession idéologique. Pendant ce temps, d’autres voudraient y voir au contraire la preuve de l’impossible assimilation des musulmans qui seraient décidément incapables de devenir français. A l’extrême droite enfin, sans surprise, Marion Maréchal-Le Pen et Robert Ménard se sont saisis d’un chiffre (les 28 % adeptes d’un islam de rupture) sans comprendre ce qu’il signifiait. Mais peu importe pour eux, il fallait agiter un chiffon rouge et faire peur, encore et toujours.

Vision catastrophiste. La stratégie des candidats sur le sujet de l’islam est relativement claire. Marine Le Pen a choisi de recentrer son discours sur le sujet qui tient en une phrase : « On vous l’avait bien dit ». Alain Juppé se tient aussi à sa ligne générale : il faut pacifier le pays et surtout ne pas agiter les peurs et les démagogues, au risque sinon « de finir dans la guerre civile ». Nicolas Sarkozy fait le pari inverse : pour attirer les électeurs du Front national, il fait du sujet islam/identité le cœur de sa campagne et n’hésite pas à jouer sur le sentiment de déclassement national et une vision catastrophiste de la situation de la France.

Son émission de télévision sur France 2 le 15 septembre était très éclairante. Il a parlé longuement et sur à peu près tous les sujets, y compris économiques, de « défendre la civilisation européenne ». Il s’est retrouvé ainsi en porte à faux face à un petit patron militant du Front national qui lui disait qu’il fallait rompre avec la directive sur les travailleurs détachés. Espérant séduire cet électeur d’extrême droite, Nicolas Sarkozy lui a dit : il faut plus d’Europe pour défendre notre civilisation. A quoi le militant FN lui a répondu que son sujet, c’était la concurrence déloyale des salariés roumains à 218 euros par mois, pas la civilisation européenne. Autre exemple, la polémique sur les Gaulois : « Quand on devient français, on a des racines gauloises », a-t-il déclaré en début de semaine dans le Val-d’Oise. En fin de semaine, à Perpignan, devant les harkis, « nos ancêtres étaient les Gaulois » mais aussi « les tirailleurs musulmans ». Il est vrai que le public avait changé…

 

L’islam de France a besoin d’une politique. Parce qu’il faut bâtir une nouvelle organisation. Sur ce sujet comme sur d’autres, l’urgence, c’est l’action. Pas l’invective ou la démagogie.

 

Quelques vérités chiffrées sur l’immigration

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Pour accéder au document, cliquez ici

L'imâm pro califat décoré par Alain Juppé - Mosquée de Bordeaux

Valence (26) : mutinerie au centre pénitencier, 2 surveillants blessés

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Selon des informations obtenues par LCI auprès d’une source pénitentiaire, une mutinerie a eu lieu dans la maison centrale du centre pénitentiaire de Valence ce dimanche soir.

Selon un communiqué de presse du ministère de la justice, «des détenus ont agressé des personnels de l’administration pénitentiaire et leur ont dérobé leurs clés. Deux surveillants ont été blessés et conduits à l’hôpital. Aucun agent n’a été pris en otage». Les détenus ont ensuite ouvert des portes de cellules dans ce quartier et provoqué des départs d’incendie, qui ne se sont pas propagés […]

Islamisme.fr

Livre Jaroslav et Djamila de Sarah Vajda

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Le premier semestre de cette année a été marqué par le retour du féminisme. Des essais comme celui de Gabrielle Cluzel, Adieu Simone ! Les dernières heures du féminisme, ont fait le constat de l’échec des idéologies ayant fait le lit d’une société libérale et multiculturelle bien plus violente envers les femmes.

Le cinquième roman de Sarah Vajda s’intitule Jaroslav et Djamila. Il aurait pu s’appeler Djamila tout simplement, comme figure éternelle d’une femme arrachée à son destin. Djamila fut d’abord Mila jusqu’à ses 15 ans. Petite-fille de harki du côté de sa mère, de dynastie islamique marocaine du côté de son père et, surtout, petite-fille de France. Sauf que sa mère meurt. Sauf que son père la « ramène » au bled. À partir de là, mariage de raison pour un retour au bras de Mehdi – le bon mari, dans le neuf-trois. Ne pas avoir vécu d’aventure amoureuse la rend folle. Elle croise Jaroslav en exil depuis l’Ukraine. L’histoire d’amour réside dans cette « brève rencontre ».

Cette histoire est tissée par le narrateur, à travers le dialogue qu’il a avec le jeune Nico. Ces deux hommes sont comme les archétypes honnêtes de l’ancien et du moderne. Le narrateur est un médecin qui a tout connu, surtout la souffrance, et qui est sorti de sa propre histoire.

Nico est un jeune homme, étudiant en sociologie, assoiffé de justice. Il se penche sur Djamila pour étudier l’acculturation…

 Pour rendre justice à Djamila, ces deux-là vont s’amuser à faire le procès de l’oncle Hafez qui œuvra au mariage dit de raison de sa nièce. Le narrateur, en sage, prend la défense de l’oncle en plaidant pour la tradition… Sa sagesse flirte avec le cynisme.

« Ajoutons ici que l’affaire eut lieu en territoire marocain et non en République française. Quel crime vraiment de tenir pour la nécessaire protection de la femme, de vanter le mariage… »

Nico, lui, plaide la raison et l’amour, accessibles à tous pour reconnaître qu’un homme égale une femme. Il convoque toute la pensée et la littérature dans un discours romantique et, parfois, pathétique.

« On saurait vous répondre qu’un crime commis au nom du ciel mérite plus grand châtiment qu’un crime né de la faiblesse humaine et je sais, dans l’éther, des milliers d’amants séparés, de filles sacrifiées et d’enfants empêchés de naître, qui au secours de ma démonstration aisément se lèveraient. »

Mais après cette joute verbale, Djamila oppose sa personne, sa vérité. Que sont tous ces discours face à sa vie ?

« On se tait. Il s’agit de presque rien, de ma vie, vous parlez de ma vie. À quel titre ? En quel nom ? Que savez-vous de moi, vous qui parlez pour moi. Juste un stéréotype. Sept milliards de voix saturent le silence. Je n’existe pas et ne suis pas une autre. Personne. Un nom dans le dossier « acculturation » de Nico, lettre D. Djamila. »

Amoureux de la modernité, amoureux de la tradition, peu importe : la réalité est le multiculturalisme, ultime phase du libéralisme qui arrache l’être à son destin, la femme à ses possibles.

Kateri Andami

Boulevard Voltaire

À quand la révolution schismatique de l’islam ?

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Le pape François a reçu, samedi 24 septembre, les rescapés et les proches des victimes de l’attentat de Nice. Ce faisant, le pape était dans son rôle. Quoi de plus normal ? Un rabbin, un évêque et un imam furent aussi du voyage. Témoignage sans équivoque d’un idéal œcuménique. Cette invitation des trois religions du Livre est un message fort adressé à toutes les communautés religieuses sur ce que doit être l’universalité de la compassion.

 Les messages de cet ordre adressés par les plus hautes autorités d’un culte n’ont rien d’anodin. Ils sont un symbole hyperbolique et véhiculent une image forte qui va au-delà de la simple pensée des dogmes monothéistes. Si nous sommes conscients et convaincus du bien-fondé de tels messages, il faut être vigilant sur tout ce qui pourrait être exploité, voire surexploité par des porteurs de convictions moins humanistes.

En effet, quelle est la perception de l’islam extrémiste et ultra-orthodoxe lorsqu’un pape embrasse le Coran ? Quel message reçoit-il ? On est en droit de s’interroger ! Certes, les savants du Livre les plus ouverts y verront le témoignage d’une foi universelle. Mais il est à craindre que tous n’en tireront pas cette conclusion. L’image d’un pape embrassant le « saint Coran » ou les pieds d’un migrant pourrait être contre-productive et assimilée à une soumission par une partie de l’islam la moins évoluée.

Faut-il rajouter qu’en terme d’évolution, nombreux sont ceux qui condamnent à juste titre la religion musulmane dans ce qu’elle a de plus violent, rétrograde et anachronique.

Il est vrai que la chrétienté en Occident a eu aussi ses lentes évolutions.

Ainsi, il faut rappeler que le concile de Trente, qui se déroula entre 1545 et 1563, décréta parmi d’autres choses que l’interprétation des résultats scientifiques incombait à l’Église. Et il aura fallu 300 ans après son procès pour que l’Église catholique réhabilite Galilée, lors du discours de Jean-Paul II aux participants à la session plénière de l’Académie pontificale des sciences le 31 octobre 1992.

Depuis le XVIe siècle, l’Église fait progressivement son mea culpa sur ses « hétérodoxies ». Malheureusement, tel n’est pas encore le cas de toutes les religions ! N’est-il pas temps que l’islam fasse sa révolution schismatique ?

Richard Pascal

Boulevard Voltaire

La guerre doit être totale, sinon elle sera perdue

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Dans l’attente de l’offensive qui se prépare pour reconquérir Mossoul, dès que le massacre qui frappe Alep, où la population sert de bouclier humain aux djihadistes, sera accompli, c’est la débandade au sein des groupes combattants de Daech.

Mais il s’agit d’une désertion bien organisée : les Maghrébins qui quittent la Syrie et l’Irak le font avec des ordres bien précis :
1) Provoquer la panique dans tous les pays du nord de l’Afrique : Égypte, Tunisie, Algérie, Tchad, Niger et même au Maroc, en conflit ouvert, et de plus en plus brûlant, avec les « Sahraouis ».
2) S’infiltrer parmi les migrants afin de pénétrer en Europe et perpétrer des attentats multiples de toutes sortes.

En Libye, dans un premier temps, nombreux rejoignent les villes de Syrte, Ajdabiya, Sabratha, Derna et même Tripoli, afin de prêter main-forte aux groupuscules qui poursuivent désespérément le combat. Ils rentrent dans la clandestinité et s’infiltrent dans les cellules dormantes, notamment en Europe et plus particulièrement en France et en Belgique.

Le politologue libyen Ezzedine Aguil met en garde : « La lutte contre le terrorisme fait désormais partie du quotidien des citoyens de tous les pays concernés. On sait qu’il y a des milliers de cellules dormantes dans le monde. Il faut donc s’adapter et se protéger avec de nouvelles procédures d’alerte. La lutte contre le terrorisme ne peut réussir qu’avec l’appui des citoyens. » Il ajoute : « Face à ces bombes à retardement, il ne faut pas baisser les bras car c’est un danger continu auquel il faudra prêter une très grande attention. Le risque terroriste fait également partie du quotidien de chaque pays. »

Le ministre de la Défense de Tunisie, Farhat Horchani, a déclaré, lors de la conférence sécuritaire de Paris, le 6 septembre dernier : « Le nombre de Tunisiens dans les rangs de Daech, en Libye, est de l’ordre d’un millier environ et ils constituent une menace sérieuse pour la Tunisie.

Certains rentreront au pays mais d’autres se dirigeront vers le sud et l’ouest, notamment les binationaux franco-tunisiens. » Il termine en précisant que « les pays gèrent la question du terrorisme au jour le jour, alors que la guerre doit être totale. Si le terrorisme n’est traité que sur le plan sécuritaire et militaire, la guerre sera perdue. Le terrorisme, c’est une pensée, une culture, qui se forge dans l’esprit des jeunes. Il faut créer un autre type de discours religieux car il est impératif d’inculquer à ces jeunes que l’islam, ce n’est pas ça, sinon nous aurons, dans quelques années, un monstre encore plus dangereux que Daech. »

 Tous les pays sont donc appelés à établir une stratégie de guerre totale contre ce fléau. Les pays du Maghreb n’hésitent pas à abattre les terroristes qui tentent de pénétrer chez eux sans se poser des questions sur les valeurs ou les droits de l’homme.

Ces questions, nos gouvernants doivent se les poser. Elles s’imposent à nous. Alors, ne nous faisons pas d’illusions : sans mesures plus radicales, cette guerre, nous la perdrons !

Manuel Gomez

Boulevard Voltaire

Migrants de Calais, l’impossible équation

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Le plan de Bernard Cazeneuve pour démanteler la « jungle » en répartissant les demandeurs d’asile sur l’ensemble du territoire provoque une levée de bouclier à droite.

 

Une visite très symbolique pour déminer une polémique à haut risque. François Hollande est aujourd’hui à Calais pour rencontrer les forces de l’ordre, ainsi que les acteurs socio-économiques et associatifs. Son déplacement - initialement programmé le 14 juillet puis reporté - intervient en pleine crispation autour du plan de Bernard Cazeneuve pour démanteler la « jungle » où vivent de 7 000 à 10 000 migrants rêvant de passer vers l’Angleterre.

Répartir les réfugiés

Le ministre de l’Intérieur a annoncé que le camp de la Lande (son nom officiel) fermerait avant l’hiver. Les migrants pouvant déposer une demande d’asile seront répartis dans des Centres d’accueil et d’orientation (CAO), conçus comme des sas vers l’obtention du statut officiel de réfugiés. Les autres seront expulsés. Le ministère de l’Intérieur a rappelé lundi dernier dans un communiqué que, depuis le début de l’année, 1 384 étrangers en situation irrégulière avaient été reconduits à la frontière. Mais pour Calais, le ministère de l’Intérieur affirme que 80 % des migrants sont de vrais réfugiés « inexpulsables ».

Pour parvenir à démanteler la jungle, Bernard Cazeneuve cherche à mobiliser 9 000 places supplémentaires sur l’ensemble de la France. Ces places viendront essentiellement de centres gérés par des grandes entreprises publiques ou des groupes de tourisme social. Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve et sa collègue du Logement Emmanuelle Cosse ont écrit aux élus pour leur promettre que l’ouverture des CAO se ferait en concertation et n’aboutirait pas à la dispersion de « mini-campements ».

Laurent Wauquiez chef de file de l’opposition

Une réponse à la levée de boucliers qu’a provoquée à droite l’annonce du plan. Laurent Wauquiez, président LR de la région Auvergne-Rhône Alpes, en tête de la fronde, a lancé une pétition pour dire « non à la création de « jungles » sur l’ensemble du territoire national ».

En visite à Calais mercredi dernier, Nicolas Sarkozy a, lui, mis en cause, la gestion du dossier par le gouvernement.

L’ex-chef de l’État, qui avait fermé le camp de Sangatte en 2002, a affirmé qu’en cas de retour au pouvoir, il réclamerait la renégociation des accords du Touquet, qui répartissent les responsabilités entre la France et l’Angleterre dans l’accueil des migrants. Traité signé le 4 février 2003, après le démantèlement de Sangatte… par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, et son homologue britannique, David Blunkett.

Ali, 34 ans, sa femme Tahriir, 35 ans, et leurs deux enfants, Nabaa, 14 ans, et Abdullah, 6 ans, viennent de Bagdad, en Irak. Ils font partie des réfugiés pris en charge par la France à l’automne 2015 pour soulager l’Allemagne, après l’importante vague d’immigration de l’été.

En septembre 2015, la petite famille est arrivée à Cergy, dans le Val-d’Oise, où elle a d’abord été placée dans un camp. L’arrivée de leur convoi, parmi les premiers en France, s’est faite sous les projecteurs et a eu le droit à la visite des officiels : « Cazeneuve, Hollande, Bartolone sont venus voir le camp… Les conditions d’accueil étaient idéales. D’où leur surnom de “réfugiés cinq étoiles”, parce que, par rapport à d’autres, ils ont eu un traitement très particulier, qui s’est complètement essoufflé par la suite », commente Patrick Paskewiez, le responsable du Secours populaire du Val-d’Oise, qui gérait le camp.

Un mois plus tard, tous les réfugiés ont été répartis dans différentes villes du département. C’est comme ça que la famille Merkath a atterri à Courdimanche, une commune d’un peu plus de 6 000 habitants située dans la banlieue ouest de Cergy. Ici, la ville a mis à leur disposition un des logements de fonction d’une école élémentaire, un joli quatre pièces avec vue sur la cour de récréation où s’amuse tous les jours Abdullah, scolarisé en CP.

Photos de famille, télévision, théière orientale et plat en céramique : la municipalité leur a fourni tout le mobilier, si bien qu’on pourrait penser que la famille a toujours vécu ici. « On n’imaginait pas que ça se passerait si bien en France. Qu’on aurait un appartement, les enfants à l’école… Avec nos voisins, des Français, ça se passe très bien. Ils nous aident pour faire les démarches administratives », s’enthousiasme Ali, qui dispose maintenant d’un titre de séjour de dix ans.

« Un pays social »

Ali était journaliste pour la ville de Bagdad quand une bombe a explosé devant leur maison. Tahriir en a encore des morceaux dans le corps. C’est à ce moment-là qu’ils ont décidé de partir. C’était en 2014.

Au bout de plusieurs mois passés en Turquie, la famille a payé un passeur (environ 8 000 €) pour aller « peu importe où, tant que c’était en Europe », se souvient Ali, cheveux gominés et cigarette électronique à la bouche.

Après un long voyage, essentiellement à pied, une carte à la main, jusqu’en Hongrie, ils sont arrivés en Allemagne. C’est là que la France leur a proposé, ainsi qu’à quelques centaines d’autres personnes, de trouver refuge dans l’Hexagone. Ce qu’ils ont accepté : « On s’est dit que ce serait mieux pour les enfants ici, que c’est un pays social », se réjouit Ali, entre deux gorgées de thé à la cardamome.

Aujourd’hui, lui cherche un travail de mécanicien, elle, une formation dans la coiffure, « mais si on accepte que je travaille en arabe, je suis prête à tout ! », sourit Tahriir, chemise bleue et cheveux au carré.

Leur manque de maîtrise du français reste en effet le principal frein à leur accès au travail alors, quand ils ne sont pas à un de leurs nombreux rendez-vous administratifs, Ali et Tahriir passent une grande partie de leur temps à essayer de progresser dans la langue de Molière en regardant des vidéos, par exemple.

Pour leurs enfants, le français n’est pas vraiment un problème. Le petit Abdullah parle déjà très bien, en témoignent des vidéos qu’Ali garde sur son téléphone portable. Quant à Nabaa, son français est encore un peu timide, mais elle parvient à suivre sa classe de 4e sans problème.

Ne retourner en Irak qu’en « touriste »

L’arrivée en France a avant tout été synonyme de liberté pour la jolie brune : « Ici, c’est mieux qu’en Irak ! En tant qu’adolescente, là-bas, je n’aurais pas le droit de faire grand-chose, et je devrais toujours porter un foulard. Ici, je peux même m’inscrire à des activités comme le hip-hop ! », se réjouit Nabaa. « Peut-être que dans vingt ou trente ans, l’Irak les acceptera habillées comme elles le sont ici ? », rigole Ali, en désignant sa femme et sa fille, pantalons et ongles vernis.

C’est d’ailleurs pour pouvoir garder cette liberté que les Merkath ne veulent pas retourner dans leur pays, « sauf en touristes ».

C’est donc en France qu’Ali et Tahriir vont construire leur nouvelle vie. En espérant « aider [leurs] enfants pour qu’ils s’épanouissent pleinement, et pouvoir rendre à la France tout ce qu’elle [leur] a donné. Inch’Allah ! ».

Florence Tricoire

Bien public