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vendredi, 21 octobre 2016

INFO LCI - Vénissieux : des policiers de la BAC attaqués par une quarantaine d'individus

 

 Dans la banlieue lyonnaise, des agents de la Brigade anti-criminalité en patrouille dans la cité des Minguettes ont été attaqués par une quarantaine d'individus. Une source évoque des jets de cocktails Molotov.

Un véritable guet-apens. Selon les informations de LCI, des effectifs de la Brigade anti-criminalité (BAC) départementale ont été pris à partie, ce mercredi soir vers 20 h 20 par une quarantaine d'individus à la cité des Minguettes, à Vénissieux (Rhône). Pris au piège dans ce quartier de la banlieue lyonnaise, les policiers ont répliqué en faisant usage de leurs flash-ball. 

Des poubelles ont été incendiées sur les voies du tramway, dont le trafic a été aussitôt interrompu. Une source syndicale évoque le jet de "cocktails Molotov".  Les forces de l'ordre ont finalement pu s'exfiltrer sans qu'il n'y ait de blessé dans leur rang. 

Par ailleurs, on apprend ce jeudi matin que la nuit a été "chaude" pour les forces de l'ordre dans le département limitrophe de l'Isère.  Entre 22h et 4h30, 9 véhicules ont été incendiés ainsi que 12 poubelles sur les communes de Villefontaine, Virieu, Saint-Just-Chaleyssin et Chanas. Il n'y a pas eu de blessé. Mais plusieurs enquêtes ont été ouvertes par les gendarmes.

Lci 

Malek Boutih veut "une vraie offensive anti-racaille" dans les banlieues

 

 Le député de l'Essonne estime que la République doit mieux "isoler les voyous" et promouvoir la jeunesse "qui fait des efforts".

 

Malek Boutih comprend le ras-le-bol des policiers. Le député de l'Essonne connaît bien la réalité du terrain dans son département où, à Viry-Châtillon, deux fonctionnaires de police ont été grièvement brûlés dans une attaque aux cocktails Molotov. "La vie est dure pour eux. Les voyous dont il est question, ce ne sont pas simplement des délinquants, ce sont des gens dont je rappelle qu'une partie d'entre eux aident des terroristes qui assassinent des Français et des policiers", estime-t-il au micro de RTL, en trouvant "normal" que les policiers "aient les boules".

À propos des propos de Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du Parti socialiste, estimant que cette révolte des policiers est menée par le Front national, Malek Boutih marque son désaccord avec cette "faute" politique : "Ce n'était pas délicat. C'est une manière de culpabiliser et de montrer du doigt des policiers. En ce moment, on a besoin de les aider (...) Il y a peut-être des gens d'extrême droite qui chauffent, il y en a toujours, mais je ne pense pas que ce soit le cœur du mécontentement". Si le vote frontiste semble avoir atteint 51% lors des régionales de 2015 dans les effectifs de police, l'élu socialiste préfère prendre du recul : "La police a beaucoup changé. Quand vous regardez le visage des policiers, ils n'ont franchement pas tous une tête à voter Front national. Il faut arrêter de les caricaturer".
 

Ne plus se focaliser sur les voyous

 

Face à cette flambée de violence qui resurgit dans les banlieues depuis quelque temps, l'élu socialiste veut de nouveaux et vrais moyens pour éteindre l'incendie. Mais il ne veut plus des "gadgets" tels que les "peines de plus en plus répressives" qui, selon lui, ne dissuadent en rien les fauteurs de trouble. "On a affaire à des sortes de kamikazes. Il faut donc réussir à isoler les voyous du reste de la population et de la jeunesse. Il y a une vraie offensive anti-racaille à avoir dans les banlieues".

Connu pour être l'un des premiers à dynamiter le discours classique de la gauche sur les problèmes de la banlieue, Malek Boutih réclame un "changement de méthode profond" dans la politique de la ville qui a tout misé sur les centres-villes et oublié les banlieues : "Ce qui se cache derrière, c'est la prise d'otages de millions de gens qui vivent dans ces banlieues par un nouveau gangstérisme né de la prohibition de la drogue, né de l'abandon des territoires, né d'une décentralisation qui fait qu'on a des élus locaux qui parlementent avec les voyous ou les laissent faire".
Les zones rurales et urbaines abandonnées, c'est là où la France est en train de craquer
Malek Boutih
Il milite aussi pour que les pouvoirs publics mettent plus l'accent sur ce qu'il y a de positif dans les banlieues, plutôt que sur les individus qui renvoient une image négative, afin de donner de l'espoir aux habitants : "L'urgence, elle est qu'on ait une politique qui s'arrête de s'occuper de ceux qui sont à la marge, et qu'on s'occupe de tous les jeunes de banlieue qui ne sont pas des voyous. (...) La République doit s'occuper de ceux qui font des efforts". L'ex-président de SOS Racisme estime qu'il y aurait du bon à mettre plus en lumière l'image du "petit gosse qui se lève à 6h30 du matin pour aller au collège et qui morfle pour réussir". De cette façon, il estime que la société sera plus encline à mettre sur la touche les délinquants. "Le contrôle des voyous viendra d'un travail de police et de justice, mais aussi du fait que la population les rejette. Or, aujourd'hui, ils sont parfois comme des poissons dans l'eau dans certains quartiers".

Pour Malek Boutih, l'échec est né il y a trente ans, avec une erreur d'analyse faite aussi bien par la gauche que par la droite. "On paie le prix d'avoir pensé que la République s'adressait à des individus, or il y a des logiques de territoire. Les zones rurales et urbaines abandonnées, c'est là où la France est en train de craquer. Il faut que l'État se réinvestisse dans les territoires. Qu'on arrête simplement de donner des chèques à des élus et des associations. La politique du chèque, c'est une politique d'échec".
 
 Elizabeth Martichoux , Julien Absalon
 
RTL 

Ces politiques qui font la manche auprès des émirs du Golfe

 

 

"Nos très chers émirs", le livre de Christian Chesnot et Georges Malbrunot, est un véritable brûlot. Qui va, là encore, mettre l'ensemble de la classe politique française - du parti socialiste au Front National -  en ébullition.

 

C’est un véritable brûlot, paru ce jour, jeudi 20 octobre. Qui va, là encore, mettre le Parti Socialiste en ébullition. Mais pas que lui: la droite et le Front national aussi. Rachida Dati, Ségolène Royal, Jean-Marie Le Guen, Marine Le Pen, le député Nicolas Bays, la sénatrice Nathalie Goulet, Dominique de Villepin, Jack Lang…. Tous sont mentionnés dans Nos très chers émirs, le dernier essai des deux journalistes spécialistes du monde arabe, Christian Chesnot et Georges Malbrunot. Un ouvrage fouillé, précis, qui raconte les liaisons dangereuses entre certains politiques français de premier plan et les monarchies du Golfe. Le tout sur fond d’attentats terroristes et de gros contrats difficiles à décrocher…
Parmi les déclencheurs de cette enquête explosive: le changement d’ambassadeur du Qatar en France. Le nouveau représentant de Doha, Meshaal al-Thani refuse d’être aussi généreux que son prédécesseur. Les auteurs racontent "trois ans après son arrivée à Paris, il semble las de toutes ces pratiques". Un de ses amis témoigne: "Meshaal, qui a été en poste en Belgique et aux Etats-Unis, me dit souvent: "Je n’ai jamais vu cela, auparavant! J’ai fréquenté des politiques partout ; mais aucun ne s’est comporté comme certains Français, aucun ne m’a demandé de l’argent aussi abruptement, comme si c’était naturel, comme si on leur devait quelque chose! On n’est pas une banque". Le livre fourmille de détails et d’anecdotes récentes souvent ravageuses. Challenges en publie quelques extraits.


 

Jean Marie Le Guen, sans vergogne

 

Comme l’explique un officiel à Doha, Jean-Marie Le Guen annonçait clairement la couleur. "Il disait à nos diplomates à Paris: "En tant que ministre en charge des Relations avec le Parlement, je tiens tous les députés et sénateurs de mon camp, via les questions au gouvernement. Je peux bloquer des questions hostiles au Qatar, ou au contraire les alimenter. Mais je n’ai pas à le faire gratuitement". Bref, "il nous faisait littéralement du chantage".

La duplicité de Rachida Dati

 

Ah, le luxueux 7ème arrondissement! Là où résident tant d’ambassadeurs en poste à Paris. Comme l’émir père, Rachida a le sens de l’opportunité, ne craignant pas d’user et d’abuser de son carnet d’adresses. Elle a donc eu l’idée de lancer un Club des ambassadeurs, qui se réunirait périodiquement dans son arrondissement. Belle idée! Mais il fallait un peu d’argent pour faire tourner la danseuse de Mme Dati. Qu’à cela ne tienne! Rachida est allée frapper à la porte de... l’ambassadeur du Qatar.

"Elle ne demandait pas moins de 400.000 euros pour son association", s’étonne encore un membre de l’ambassade. Une somme extravagante! Rachida Dati présente sa requête lors d’un dîner avec Meshaal al-Thani, un dimanche soir, le 22 novembre 2015 exactement. Mais le diplomate lui fait comprendre qu’il sera difficile d’y répondre positivement. Elle semble choquée par ce refus, qui lui sera notifié par une lettre officielle signée du représentant du Qatar en France.

Le lendemain matin, Rachida Dati est l’invitée du talk show de Jean-Jacques Bourdin sur RMC. Nous sommes dix jours après les attentats du Bataclan et du Stade de France. L’ancienne ministre change de pied et charge le Qatar: "L’Arabie Saoudite ou même le Qatar ont une volonté de développer leur idéologie, notamment pour contrer l’islam chiite, affirme-t-elle. On a des pays du Golfe qui financent des mosquées, des associations, des imams [...], des structures qu’on ne contrôle pas", regrette-t-elle. Quand il entend cela, l’ambassadeur n’en revient pas. "Elle dîne avec moi en me demandant de l’aider, et le lendemain elle nous traîne dans la boue".

Jack Lang, profiteur

 

À la tête de l’Institut du monde arabe (IMA), Jack Lang est cité non seulement par l’ambassade du Qatar, mais aussi par celles d’Arabie et des Emirats arabes unis comme un interlocuteur sans scrupules. "Il vient réclamer trois places en Business pour sa femme et son ami, lorsqu’on l’invite à Abou Dhabi, fulmine un membre de l’ambassade des Emirats. Et si jamais on refuse, on court le risque qu’il critique publiquement les Emirats".

Dominique de Villepin "la first", sinon rien

 

Villepin, lui, exige d’être en First class, sinon il boude les invitations à Doha, renchérit un autre diplomate de l’ambassade du Qatar. Une fois, Villepin a annulé sa participation à un colloque parce qu’il était en Business et pas en First class. L’ambassadeur en est resté abasourdi. Autre certitude: l’ancien Premier ministre, devenu avocat d’affaires, ne dit pas du bien du Qatar pour rien, comme tous ceux dont nous avons rapporté le comportement. "La France n’a aucune preuve de l’implication du Qatar dans le financement du terrorisme", affirmait Villepin le 4 novembre 2015 sur Europe 1".

La sénatrice Nathalie Goulet réclame son cadeau de Noël

 

La sénatrice de l’Orne, Nathalie Goulet, essuya elle aussi chaque fois un refus clair et net du représentant du Qatar à Paris. Elle a pourtant multiplié les demandes. Fin 2015, elle appela d’abord le bureau de l’ambassadeur pour se plaindre de n’avoir pas reçu son cadeau de Noël. "Comment se fait-il que je n’aie pas reçu mon cadeau de fin d’année, d’autres sénateurs en ont eu un et pas moi?", protesta-t-elle. "Qu’elle aille au diable!", maugréa Meshaal lorsque son collaborateur lui rendit compte de l’appel de Mme Goulet.
Quand le Qatar fut attaqué par des politiques ou dans la presse après les attentats, la sénatrice n’hésita pas à proposer à l’ambassade d’organiser un colloque, contre rétribution bien sûr. La représentation diplomatique dit niet. Depuis, Mme Goulet l’avoue sans ambages: "Je n’aime pas beaucoup le Qatar".

Le culot du député Nicolas Bays

 

S’il y a un député dont l’ambassadeur du Qatar se montre particulièrement lassé, c’est Nicolas Bays, élu socialiste du Nord – Pas-de-Calais. Membre du groupe d’amitié France- Qatar, il était proche de l’ancien ambassadeur Mohammed al-Kuwari. Avec son successeur, Bays ne fait pas dans la dentelle. Il a personnellement envoyé un SMS à Meshaal al-Thani, dont un témoin nous a rapporté le contenu: "J’ai des problèmes financiers actuellement. La mère de notre jeune enfant est fatiguée. Je voudrais l’emmener à l’étranger. Mais mon budget est un peu serré. Peux-tu me faire inviter dans un hôtel de Doha et nous payer un billet d’avion sur Qatar Airways? Cela m’aiderait, s’il te plaît".

Loin d’être découragé par un premier refus, le député Bays a sollicité à deux reprises encore, par SMS, l’ambassadeur du Qatar. Une première fois, pour lui demander de l’argent afin de payer des travaux dans sa maison. Le diplomate n’a pas répondu. Enfin, il n’a pas hésité à lui réclamer des chaussures de marque.

Le dépit de Jean Vincent Placé

Autre victime de la nouvelle donne, le ministre vert Jean-Vincent Placé, qui se plaint dans le carré VIP du PSG que l’ambassadeur actuel ne l’invite plus à des week-ends. "Placé ne recevait pas que des cadeaux de son prédécesseur", souligne un proche de l’ambassade qui refuse d’en dire plus.

Marine Le Pen 1ere étape, la rencontre avec le président al-Sissi en Egypte en mai 2015

 

Ce sont les Emirats arabes unis – alliés et bailleurs de fonds du régime égyptien – qui ont financé le déplacement de Mme Le Pen au Caire. "Ni l’hôtel ni les billets d’avions n’ont été payés par le Front national ou l’Egypte", assure un proche.

Marine Le Pen 2ème étape: la proposition

 

Nous sommes en mesure de révéler que lors de la rencontre de Montretout, le représentant émirien a proposé à Marine Le Pen un financement d'un million de dollars, voire de deux, pour sa campagne électorale. "Il m’a fait l’impression de quelqu’un qui avait l’habitude de parler argent avec les hommes politiques, relève le proche. D’ailleurs Marine a paru décontenancée, elle n’a pas su trop quoi répondre. On verra, a-t-elle dit, en évacuant la question".

Les ambigüités de la mairie de Cannes

 

La mosquée Al-Medina Al-Mounawara de Cannes est financée à 100% par Saleh Kamel, le PDG de la chaîne de télévision coranique Iqraa, qui habite la ville. Il voulait créer un lieu de culte près de sa villa pour aller prier. L’homme d’affaires saoudien a joué la transparence en associant Bernard Brochand, le maire de la ville de 2001 à 2014, à son projet, sans que celui-ci ne s’y oppose le moins du monde. À tel point, raconte Bernard Godart, qu’à l’époque "le cabinet du maire m’a appelé au ministère de l’Intérieur pour me demander si je connaissais un imam susceptible d’officier dans la mosquée! J’ai répondu que non, car évidemment ce n’était pas de mon ressort".
Un magnat saoudien de la presse, Hicham Hafez, s’est lui aussi fait construire une petite mosquée près de la Croisette, à Cannes où il passe ses vacances. Là encore, avec l’aval de la municipalité! Il l’a financée sur ses deniers personnels – 250.000 euros. La mairie de Cannes a donc accordé à deux riches Saoudiens le droit de bâtir chacun sa mosquée dans la ville, alors qu’aujourd’hui les autorités locales interdisent aux Françaises de porter le burkini à la plage. Certains ne manqueront pas de relever une certaine incohérence entre ces deux décisions..."

Bruno Le Maire n’a pas gardé la montre, mais d’autres ministres oui!

"Je vais vous raconter une anecdote, confie le candidat à la primaire à droite, depuis la terrasse de son QG de campagne dans le 6e arrondissement de Paris. En 2009, quand j’étais ministre de l’Agriculture, j’avais été chargé d’accompagner cheikh Hamad, l’émir du Qatar pendant quatre heures dans Paris. À la fin, il m’a fait cadeau d’une montre Patek Philip cerclée de diamants, d’une valeur de 85.000 euros. Vous imaginez, cela représente une année de mon traitement de député! Je l’ai mise dans le coffre du ministère. Je pense qu’elle doit y être encore!"

L’ancien diplomate et directeur de cabinet de Dominique de Villepin au ministère des Affaires étrangères connaît les arcanes de nos relations avec les monarchies du Golfe. "Leurs dirigeants fonctionnent avec de la flatterie. Ils sont d’une grande amabilité. Ils vous proposent des cadeaux. Regardez les poignets de bon nombre de ministres!", sourit Bruno Le Maire.

S’agissant de Ségolène Royal, les auteurs notent que "l’ambassade se montre aujourd’hui beaucoup moins généreuse avec la ministre socialiste de l’Environnement. La relation s’est nouée lorsqu’elle était candidate du parti socialiste à l’élection présidentielle, en 2007". Elliptique… Juste avant sa mort, Christophe de Margerie, le défunt patron de Total, confiait à Christian Chesnot et George Malbrunot: "Tout s’achète, y compris les hommes, ce n’est qu’une question de prix". Apparemment, dans la classe politique française, le shopping se fait parfois à grande échelle.

Sabine Syfuss-Arnaud

 Challenges

Le Monde : « les enfants de l’immigration sont surreprésentés en prison »

 

 





C’est un sujet tabou. Les personnes issues de l’immigration sont surreprésentées dans les prisons françaises. Mais en l’absence de statistiques ethniques, le sujet ne peut pas exister autrement qu’instrumentalisé par les uns ou tu par les autres.

 Personne ne conteste le phénomène, qui est ancien et n’est pas propre à la France. Mais l’aborder et l’étudier pour en comprendre les causes est mission impossible pour les chercheurs, alors qu’ils peuvent le faire, par exemple, au sujet des Noirs dans les prisons américaines.


Est-ce la simple conséquence de conditions sociales, le produit d’un système judiciaire qui serait discriminatoire ? Est-ce, pour reprendre les théories d’un Eric Zemmour, le résultat d’une plus grande propension à la délinquance chez les personnes d’origine étrangère ?

Ce sujet ultra sensible revient avec force dans le débat dans le contexte de la lutte antiterroriste. Le prosélytisme islamiste en prison est devenu une préoccupation majeure. [...] Le risque que le discours djihadiste trouve un écho dans le milieu carcéral apparaît d’autant plus fort que le nombre de détenus musulmans, issus de l’immigration maghrébine ou subsaharienne, est important.

Dans son ouvrage (Prisons de France. Violence, radicalisation, déshumanisation : quand surveillants et détenus parlent, Robert Laffont, 684 pages, 23,50 euros) paru le 20 octobre, le sociologue Farhad Khosrokhavar révèle en particulier la place prise par l’islam dans l’univers carcéral. Ses entretiens menés pendant trois ans dans quatre prisons, largement retranscrits, donnent une grande force à ce travail. [...]

Sans pouvoir entrer dans le débat du « combien », Le Monde a voulu explorer le « comment » et le « pourquoi ». [...]

Fdesouche 

À Montretout, ultime branle-bas de combat pour Jean-Marie Le Pen

 

 
Dans la demeure familiale, Jean-Marie Le Pen, épaulé par son directeur de campagne, Lorrain de Saint Affrique, prépare la bataille des prochaines législatives. Visite.


 
Dans le parc de Montretout à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), il règne le calme qui précède aux grandes batailles. La maison familiale des Le Pen, un temps l'épicentre de l'extrême droite française, abrite une poignée d'irréductibles. Des cartons empilés dans l'entrée contiennent les éléments d'un futur studio vidéo, les pièces du rez-de-chaussée sont aménagées en local de campagne. Sur un mur s'étale une relique: l'affiche de campagne de la présidentielle de 1988 barrée du slogan «Le Pen le Peuple». Les derniers grognards de Jean-Marie Le Pen préparent leur Waterloo, l'ultime combat politique que le patriarche a promis à sa fille. Il portera la bannière des comités Jeanne à l'occasion des élections législatives, un label politique qu'il réserve aux seuls représentants de «la vraie droite nationale». Une façon de s'insurger dans les urnes face à sa mise pied au sein du parti qu'il a fondé. 

Il n'y aura probablement ni pardon ni prisonnier dans l'affrontement qui s'annonce avec le FN. Lorrain de Saint-Affrique, directeur de campagne et ouvrier de l'ombre de cette aventure, s'en doute bien et ne s'en émeut pas. Âgé de 65 ans, ce vieux compagnon de route de Jean-Marie Le Pen fut son conseiller en communication de 1984 à 1994, avant de se voir frappé «d'exclusion perpétuelle». Le chroniqueur occasionnel des affres de la droite radicale aborde cet impossible défi avec délectation. On ne peut s'empêcher sentir autour de l'ancien conseiller régional, banni du FN pour s'être frontalement opposé à Bruno Mégret, comme un parfum de revanche. Aussi habile que retors, Saint Affrique s'en défend. «Le Pen m'a appelé à la sortie d'un plateau télé, après 20 ans de silence. Je suis venu retrouver une chaleur militante, revoir les vieux amis, les anciens combattants. Ce n'est pas désagréable», assure-t-il.

La «part de joie cocasse» de la droite nationale

 

Vice-président des comités Jeanne, Patrick Hays, est de ceux-là. Vétéran du 1er Régiment Étranger Parachutiste (REP), comme Jean-Marie Le Pen. «Il a quitté l'armée en 1962, ça dit quelque chose du personnage», relève Lorrain de Saint Affrique. Ancien secrétaire national frontiste aux Français de l'étranger, il a accompagné «le président d'honneur» dans son exil politique. Roger Holeindre, 87 ans, a lui aussi repris du service. Membre fondateur du FN en 1972, ancien député, il est passé au Parti de la France (PDF) de Carl Lang, et soutient la démarche de son vieil ami. «Si ce n'est pas drôle au sein la droite nationale, c'est que le chemin n'est pas le bon, qu'on est à côté de la plaque. Il faut que l'on rie, c'est dans notre philosophie. Il y a une part de joie cocasse inattendue dans notre courant, dont Jean-Marie Le Pen n'est pas exempt. Il a souvent le mot pour rire», sourit Lorrain de Saint Affrique. On s'offre donc à Montretout un dernier tour de piste entre vieux baroudeurs qui n'ont plus grand-chose à perdre.

Car il y a surtout des coups à prendre dans cette équipée crépusculaire. «Ce n'est pas de tout repos depuis mon arrivée: j'ai été traité de “charognard obsédé par le fric” par Marine Le Pen. Ce n'est pas très aimable de la part de quelqu'un dont on a si longtemps partagé la table. Mais le plus désagréable reste tout de même les perquisitions de l'Office européen de lutte contre la fraude (Olaf). Ils ont tout fouillé et tout vidé: nos dossiers, nos boîtes mail, nos ordinateurs», déplore-t-il. Officiellement employé comme assistant parlementaire de Jean-Marie Le Pen à Bruxelles, il est visé par l'enquête du parlement Européen portant sur les soupçons de détournement financier au bénéfice du parti.

Saint Affrique candidat aux législatives

 

Peu importent les épreuves pour Lorrain de Saint Affrique, pourfendeur de la «dé-lepénisation» du parti. «Je n'ai surtout pas supporté ce que Marine Le Pen a fait à son père, j'ai eu une réaction physique. Il a été trahi. Je suis un peu inquiet pour elle. Elle était gaie, agréable. J'espère que son père ne nous quittera pas avant un moment sans quoi elle portera ce parricide toute sa vie». Le directeur de campagne sait viser la corde sensible de celle qu'il a connue adolescente: c'est l'une des raisons probables de son recrutement par Jean-Marie Le Pen. Mais pour la forme, il ne revendique aucun esprit de revanche dans la démarche des comités Jeanne. «Notre objectif est de constituer une réserve de voix au sein de la droite nationaliste, celle qui manque encore au FN pour gagner le second tour des élections. Nous voulons dissuader cette partie de la base qui se sent en rupture avec la ligne de Marine Le Pen de sombrer dans l'abstention», soutient-il, avec un brin de malice. 

Fragilisé par son grand âge - malgré sa volonté d'en découdre -, Jean-Marie Le Pen soutiendra ses champions sur le terrain «une à deux fois par mois». Et peut-être même à l'international, puisqu'une rencontre avec Donald Trump est envisagée, «si possible». Sans savoir encore où, Lorrain de Saint Affrique sera quant à lui bien candidat en juin 2017. À Montretout, on espère qu'il pourra compter sur 200 à 300 acolytes. «Je ne peux pas seulement envoyer les autres au feu, chez nous il est d'usage de montrer l'exemple. Et puis qu'ai-je à craindre? J'ai déjà candidaté à presque toutes les élections, et perdu presque à chaque fois», s'amuse-t-il, en ourdissant le coup d'envoi.

 Marc de Boni

Le Figaro 

Zineb : "Nous sommes tous menacés par le fascisme islamique"

EXCLUSIF. L'ancienne journaliste de "Charlie Hebdo" publie un livre rageur contre le "fascisme islamique" et les "collaborationnistes français". Entretien.

Propos recueillis par Thomas Mahler


 Peut-on comparer fascisme et islamisme ? C'est l'avis d'Hamed Abdel-Samad, libre-penseur germano-égyptien vivant sous protection policière et dont l'essai polémique Le Fascisme islamique, après des péripéties éditoriales, sortira finalement en 2017 chez Grasset. C'est aussi l'avis de Zineb El Rhazoui, journaliste franco-marocaine et militante féministe menacée de plusieurs fatwas, qui a échappé à la mort en étant en vacances le 7 janvier 2015, jour où ses collègues tombaient sous les balles des frères Kouachi. Après avoir quitté Charlie Hebdo le 9 septembre, la trentenaire publie aujourd'hui Détruire le fascisme islamique, court mais brûlant texte qui s'en prend aux islamistes comme aux « collaborationnistes » français qui, selon elle, ont oublié que les musulmans ne sont pas une communauté, mais des individus. Entretien.


Vous dédiez votre livre aux « athées musulmans ». Est-ce parce qu'ils ne sont guère représentés dans les médias aujourd'hui?
 
Zineb El Rhazoui : Pour moi, le seul mécanisme de représentation valable et légitime dans une démocratie, c'est le vote. Il n'y a donc pas plus de gens qui représentent réellement les athées musulmans que de gens qui représentent les musulmans croyants en France. Je pense à tous ces représentants communautaires autoproclamés qui ne représentent qu'eux-mêmes et qui n'aurait jamais dû être des interlocuteurs de la République. Pour en revenir aux athées musulmans, ils existent, ils sont nombreux, et je leur dédie ce livre parce qu'en France, on est en train d'adouber l'idée que les musulmans seraient une race. Quand on critique l'idéologie islamique, on est forcément raciste. Eh bien non ! Le fait est que les sociétés musulmanes sont aussi diverses que toutes les sociétés dans le monde et elles ont aussi énormément de libres-penseurs et d'athées qui sont hélas réprimés. Ces personnes font preuve de beaucoup de courage. Mais ils ne sont pas aussi minoritaires qu'on pourrait le penser. On a tendance à oublier que la première impulsion du Printemps arabe a été faite par une jeunesse libertaire qui voulait une société laïque. Évidemment, on sait comment les islamistes ont récupéré le mouvement. C'est ce qui se passe aujourd'hui en Europe. Les islamistes volent des luttes auxquelles ils n'ont jamais contribué, ils volent des concepts qui ne sont pas les leurs, voire qu'ils ont combattus. Aujourd'hui, ces islamistes se prévalent de démocratie, d'antiracisme, alors qu'on sait bien qu'ils sont très éloignés de la démocratie et qu'ils sont les tenants d'une idéologie extrêmement raciste.

Vous revenez sur le fameux terme « islamophobie ». Pour vous, ce serait une « ruse sémantique »...
 
Déjà, il faut rappeler que l'islamophobie n'existe pas en terre d'islam. Parce que là où l'islam a la force de coercition, il n'a pas besoin d'un concept comme ça. Il y a le délit de blasphème, d'apostasie, d'atteinte à la religion... Ceux qui tiennent des propos qualifiés d' « islamophobes » en Europe, dans le monde musulman, ils seraient mis en prison, fouettés, agressés ou assassinés. Le dernier assassinat date de moins d'un mois, avec l'écrivain jordanien Nahed Hattar qui a été tué alors qu'il se rendait à son procès pour « insulte » à l'islam. Là-bas, les islamistes disposent de moyens légaux pour faire taire tous ceux qui critiquent leur idéologie. En Europe, ils n'ont pas ces moyens-là et ils ne peuvent pas nous mettre en prison. Ils peuvent soit nous assassiner, comme ce qu'ils ont fait avec la rédaction de Charlie Hebdo. Ou alors s'ils ne veulent pas emprunter la voie terroriste, le seul moyen qui leur reste est de recourir à cette ruse sémantique qu'est l'islamophobie. Critiquer leur idéologie, c'est être raciste, puisqu'elle serait inhérente à leur race...

Pour vous, les islamistes partagent avec l'extrême droite le fait de ne pas considérer le musulman comme un individu, mais comme le membre d'une communauté...
 
Les deux ne défendent évidemment pas le même projet de société, sauf quand il y a la Manif pour tous, où on les a vus défiler main dans la main sans aucun problème. Mais islamistes comme extrême droite ont les mêmes outils sémantiques. L'extrême droite refuse de voir les musulmans comme des individus et des citoyens comme les autres, mais les considère comme une communauté qui doit être régie par des lois à part. Les islamistes eux aussi refusent que le musulman soit un individu intégré dans sa société ou qu'il soit soumis aux mêmes devoirs que l'ensemble de la société. Ils insistent pour que les musulmans soient une communauté avec des passe-droits, qui grignote le socle commun de la laïcité pour se créer ses propres lois, tout cela en prétextant de la différence culturelle.
Une idéologie qui a recours à la violence, à la pensée unique, au sexisme répressif, à l’alliance de la religion et de la politique 
 
Comme Hamed Abdel-Samad, vous établissez de nombreux parallèles entre les fascismes et l'islamisme. Mais peut-on comparer une idéologie occidentale et nationaliste du XXe siècle avec une religion née dans la péninsule arabique au VIIe siècle ?
 
L'argumentaire d'Hamed Abdel-Samad, dans son livre, rejoint le mien sur plusieurs points, mais il diffère dans les emprunts historiques qu'il fait. Par exemple, il fait référence au grand mufti de Jérusalem allié à Hitler. Pour moi, ce sont des choses qui relèvent de la conjoncture historique. Ce qui m'intéresse, ce sont les éléments constitutifs du fascisme, c'est-à-dire un totalitarisme absolu, une idéologie qui part du postulat d'appartenance à une communauté persécutée qui doit se défendre et adopter la pensée unique pour faire régner une hégémonie sur les autres communautés. On retrouve ça dans l'islam. On y retrouve aussi l'adoption d'un uniforme, d'un visuel, d'un drapeau unique, d'un prêt-à-parler. Les adeptes du fascisme islamique en France, peu importe qu'ils parlent à la maison le français, l'arabe dialectal marocain, le berbère, le kabyle ou autre, utilisent tous les mêmes formules et le même jargon.
Dans le fascisme, il y a également une haine viscérale des intellectuels, des arts et des lettres. C'est-à-dire la négation absolue de la création et de la différence de pensée. Au Maroc, l'une des premières choses que le Parti de la justice et du développement (PJD), pourtant présenté comme modéré, a faites en arrivant au pouvoir, c'est de commencer à parler d'« art propre », de s'en prendre aux chanteuses trop maquillées, aux arts visuels, à la danse et évidemment aux intellectuels.
Une autre caractéristique commune, c'est l'aversion profonde pour le corps des femmes et des homosexuels. Dans le nazisme, c'est la mère aryenne qui doit enfanter. Mais dans le fascisme islamique, c'est carrément une volonté de faire disparaître le corps de la femme de l'espace public en le couvrant d'une espèce de sac-poubelle noir. Et dans la plupart des pays où l'islam est au pouvoir, on retrouve la peine de mort pour les homosexuels, comme en Arabie saoudite, en Iran ou en Mauritanie. Dans les pays qui se disent plus modérés comme le Maroc, l'homosexualité est condamnée de trois ans de prison. On pourrait ainsi énumérer pendant des heures les parallèles. On est dans une idéologie qui a recours à la violence, à la pensée unique, au sexisme répressif, à l'alliance de la religion et de la politique... Toutes ces caractéristiques techniques et méthodologiques font de l'islamisme un fascisme.

 Le fascisme prône la pureté raciale. Dans l'islamisme, il n'y a pas de races, mais une religion qui dépasse les frontières...
 
L'idée de race en islam est effectivement différente de la race comme on l'envisage dans le fascisme. Ce n'est pas pureté du point de vue génétique, mais une pureté de l'oumma. Mais comme dans le fascisme, on retrouve l'intolérance absolue, le rejet, par le crime et l'extermination s'il le faut, de tout ce qui est différent. Il faut rappeler que certains versets coraniques disent qu'il n'y a pas de différences entre un Arabe et un non-Arabe que par la foi. Plutôt que de faire de ce précepte un principe d'antiracisme, on en a fait une définition de la frontière entre ceux que les islamistes appellent « la maison de l'islam » et les autres qui sont « la maison de la guerre ». On peut faire couler le sang de tous ceux qui se situent en dehors de l'islam.
On nous dit qu’on n’a pas le droit de critiquer le Coran, car il serait un livre merveilleux, d’amour et de paix. C'est un mensonge 
 
Vous faites de l'islam un bloc totalitaire. Mais n'y a-t-il pas une multitude d'écoles et de courants ?
 
Je distingue l'islam et les musulmans. Qu'est-ce qu'un musulman ? Un musulman, ça peut être quelqu'un, comme moi, qui est né dans cette foi, c'est-à-dire un musulman de culture. Ça peut être quelqu'un qui a choisi cette foi. Ça peut être un vrai laïc ou au contraire quelqu'un qui respecte la religion au pied de la lettre. Il y a autant de musulmans différents que d'êtres humains, et les musulmans ne sont bien sûr pas un bloc. En revanche, je me pose la question du « vrai islam ». On nous oppose souvent cet argument : « le vrai islam, ce n'est pas ça »... Allons donc le chercher dans les textes ! On nous dit que c'est une religion merveilleuse, de paix et d'amour. Mais regardons ! Les islamistes, à chaque fois qu'un acte terroriste est commis, nous disent : « Ah non, ce n'est pas ça l'islam ! » Mais en même temps, quand on veut critiquer l'idéologie qui mène au terrorisme, on nous dit « non, non, là vous êtes islamophobe, et vous portez atteinte à l'ensemble des musulmans ». Cette équation ne tient pas la route.

Parlons donc des textes. Vous soulignez que dans le Coran, il y a des passages sur la violence, l'esclavage et la polygamie. Mais dans l'Ancien Testament, on peut retrouver la même chose !
 
Bien sûr. Ces livres sont écrits par des hommes et ils sont donc le reflet de leur époque. Mais la différence du Coran, aujourd'hui, par rapport à d'autres religions, c'est qu'il existe une idéologie qui est en train de s'imposer même en Europe, sous des cieux où on attache pourtant beaucoup d'importance à la raison : c'est l'idée que le Coran est une constitution. Le jour où le Coran sera un livre dont l'usage sert uniquement à la spiritualité, un livre à histoires et mythes qu'il faut rattacher au contexte de l'époque, il pourra siéger parmi les autres livres des monothéismes. Le problème, c'est que cette contextualisation est refusée non seulement par les plus radicaux, mais par une vaste majorité. Vous ne trouverez aucun imam qui vous dira qu'il y a une partie du Coran qui est obsolète et qu'il faut la mettre de côté. Le Coran est considéré comme un corpus législatif. Quelle que soit la question qui se pose, on va fouiller dedans. Dans les Épîtres de Saint-Paul aux Corinthiens, vous trouvez une injonction à porter le voile. Mais aujourd'hui, y a-t-il un État chrétien dans le monde qui impose aux femmes de porter le voile ? Est-ce qu'on a un terroriste chrétien qui tue parce que les femmes ne portent pas le voile ? C'est cette approche au texte qui est problématique à deux niveaux. Parce que les islamistes considèrent que le Coran doit régir notre quotidien. Mais aussi parce que nous, on nous dit qu'on n'a pas le droit de critiquer le Coran, car il serait un livre merveilleux, d'amour et de paix. C'est un mensonge qui entoure le contenu réel de ce livre.

Pour le spécialiste de l'islam Olivier Roy, les djihadistes actuels relèvent plus du nihilisme et d'une quête de la mort que d'une radicalité religieuse. Salafistes et djihadistes se dissocieraient ainsi de plus en plus. D'un côté, il y aurait des amish intégristes, mais non violents, qui se retirent de la société ; de l'autre des petits délinquants qui fument du haschisch, fréquentent les boîtes de nuit, avant d'entrer dans une quête de la mort. Qu'en pensez-vous ?
 
C'est une analyse qui encore une fois dédouane l'islam de cette idéologie fasciste qui a grandi en son sein. Les terroristes disent bien qu'ils sont des musulmans et qu'ils font cela au nom de l'islam. Et il ne faudrait pas qualifier ces gens par les désignations qu'eux-mêmes se sont choisies ? Évidemment, cela ne veut pas dire que tous les musulmans sont des terroristes. Mais le fait de chercher à dédouaner l'islam ne lui rend pas service. Pourquoi ne traite-t-on pas l'islam avec les mêmes outils rationnels que le reste des idées ? C'est un paternalisme insupportable, un vrai racisme inversé. Je cite au début du livre un extrait éloquent de Sartre, dans lequel il explique avoir essayé de s'éloigner du racisme au maximum qu'il a pu. Mais il se souvient que lorsqu'un écrivain issu des colonies lui apportait un manuscrit, il n'osait pas lui dire que c'était mauvais et il utilisait des « circonlocutions », alors qu'à un Occidental, il aurait franchement exprimé la vérité. Sartre explique que ça, c'est du racisme.
Lorsque Olivier Roy dit que ce n'est pas une radicalisation de l'islam, mais une islamisation de la radicalité, j'ai envie de lui répondre que personne ne se réveille du jour au lendemain en se décidant à rejoindre Daech. Le terroriste est la main qui frappe, mais il y a un cerveau qui pense et ordonne de passer à l'action ! Il y a une chaîne de production du terrorisme. Ce n'est pas le résultat logique de la délinquance ou des problèmes sociaux. On a énormément de délinquants ou de défavorisés sur cette planète qui ne se transforment pas en terroristes. Le terrorisme est le fruit d'une idéologie. Nier le caractère criminel de cette idéologie, c'est se priver de moyen de lutter efficacement contre elle. Ce que dit Olivier Roy, c'est l'équivalent de ceux qui, après la Seconde Guerre mondiale, assuraient que « non, non, tous les nazis n'ont pas du sang sur la main ». Oui, tous les nazis n'ont pas tué. Il ne s'agit pas de juger des gens pour des crimes qu'ils n'ont pas commis, mais il faut juger une idéologie qui a promu des crimes. Et pour combattre l'idéologie nazie, on ne s'est pas contenté de combattre ces crimes comme des crimes de droit commun, sur un simple plan judiciaire, mais on a interdit sa littérature et ses manifestations – même pacifiques.
Qu’est-ce qu’un modéré ? Quelqu’un qui n’appelle pas au terrorisme ? Certes, mais ça ne suffit pas 
 
Vous qualifiez une partie de l'extrême gauche de « collaborationniste ». N'est-ce pas exagéré ?
 
Je parle à la fois d'une partie de l'extrême gauche, mais aussi d'une partie des féministes et de certains hommes politiques. C'est une catégorie de l'extrême gauche qui, d'une façon illusoire, perçoit les musulmans comme une communauté qui serait un nouveau prolétariat. Cette approche est, encore une fois, extrêmement condescendante et paternaliste, voyant les musulmans comme une communauté inférieure, faible qu'il faut aider et épauler. Cette partie de l'extrême gauche ne s'intéresse qu'à une catégorie de musulmans, ceux des quartiers pauvres issus de l'immigration. Alors que l'idéologie islamiste, on le sait, est financée par les gens les plus riches au monde, l'Arabie saoudite ou le Qatar. Par ailleurs, elle ne prend pas en compte le fait que dans les pays musulmans, la gauche radicale et libertaire s'est toujours fait laminer par les islamistes. Dieu que c'est dur que d'être athée dans ces pays ! Notre extrême gauche en France a par exemple oublié que Khomeiny a emprisonné et exécuté les communistes en Iran. L'islamisme avance masqué. Au début, quand ces gens n'ont pas le pouvoir, ils se présentent avec un programme attrape-tout, des velléités de revendications sociales et de projets ouvriers. Mais une fois arrivés au pouvoir, ils se retournent complètement contre ça. Aujourd'hui, est-ce qu'il y a une seule théocratie islamique qui respecte le droit des ouvriers ou les revendications de la gauche radicale ? C'est une erreur grossière de notre extrême gauche française.

Vous vous en prenez même « imams modérés », auxquels font souvent appel les médias. Pourquoi ?
 
Tout d'abord, un imam reste un imam. On ne peut bien sûr pas lui demander de défiler sur un char de la gay pride. J'ai bien conscience que sont des hommes de religion, et dans une société plurielle telle que je la souhaite, ils ont bien sûr le droit d'exister. Toutefois, j'ai des sérieux doutes sur la modération de ces gens. Qu'est-ce qu'un modéré ? Quelqu'un qui n'appelle pas au terrorisme ? Certes, mais ça ne suffit pas. Quelqu'un qui, après chaque attentat, condamne le geste ? Merci, mais ces imams condamnent quelque chose qui est déjà condamné par la loi. Là où on aurait vraiment besoin d'eux, c'est pour condamner les textes qui produisent ce type d'attentat au lieu de continuer à nous chanter les louanges de l'islam. Cette modération, je ne la vois pas non plus lors d'un débat comme celui sur le burkini. Il n'y a pas eu un seul, je dis bien un seul imam qui a levé le petit doigt pour dire qu'on peut tout à fait être musulmane et mettre un bikini. Non, ils préfèrent crier à l'islamophobie et condamner le fait qu'on ne laisse pas des femmes en burkini déployer leur stratégie militante.

Le voile est pour vous « l'une des formes les plus rétrogrades de discrimination et de réification des femmes ». Mais les études et les sociologues nous disent que les femmes salafistes qui portent le jilbab en France le font volontairement. Certains vont même jusqu'à parler d'un féminisme musulman...
 
Je peux concevoir que celles qui portent aujourd'hui le voile, intégral ou non, n'ont pas été forcées manu militari à le faire. Si cela avait été le cas, il y aurait des plaintes, car en France, des lois permettent de se défendre. En revanche, de là à dire que c'est un choix libre, il y a quand même tout un monde... La féministe algérienne Wassyla Tamzali a vu, au cours de la décennie noire en Algérie, des centaines de milliers de femmes faire ce « choix libre » d'un seul coup. C'est quand même curieux. Wassyla Tamzali explique ainsi que le voile n'est pas un choix, mais un consentement. Peut-on réellement parler de « choix libre » lorsqu'on sait que dans plusieurs pays dans le monde, si vous ne portez pas le voile, vous êtes fouettée sur la place publique ? Pour moi, il deviendra un habit comme les autres le jour où les Saoudiennes pourront porter le voile le lundi, un jean le mardi et se mettre en bikini le mercredi. Ce jour-là, je dirai « OK ». Mais tant qu'il y a des endroits où les femmes sont couvertes de la tête au pied et qu'elles sont fouettées par la police religieuse si elles ne le font pas, qu'on ne vienne pas me parler de choix.
Celles qui parlent de choix en France sont en réalité soit des femmes qui ont consenti à porter le voile, soit des militantes de l'idéologie islamique qui empruntent les outils dialectiques des droits de l'homme et des libertés individuelles pour justement imposer la négation des droits de l'homme et de la liberté. Cet habit est un uniforme en Arabie saoudite et dans d'autres pays. En tant que féministe, je ne peux que farouchement être opposée au voile, intégral ou foulard simple, car sa fonction reste la même : couvrir la femme, l'enlaidir pour diminuer les érections inopinées. C'est une insulte à la fois pour la femme, perçue comme un objet sexuel à recouvrir, et l'homme, vu comme un primate en rut qui ne peut pas s'empêcher de violer dès qu'il voit une touffe de cheveux. Mais attention, cette aversion pour le voile ne veut pas dire que je dénie la dignité humaine à toutes les femmes qui le portent. Parce que derrière le voile, il y a un être humain, qui a des droits. Mais ces femmes ont des droits en tant qu'individus et citoyennes, et non pas en tant que ninjas couverts de la tête au pied. Je fais référence au discours du Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), qui a recours à une ruse sémantique en parlant systématiquement de « femmes musulmanes », alors qu'en réalité, si elles ont été rejetées, c'est à cause de l'idéologie qu'elles représentent et non pas parce qu'elles sont nées dans une culture musulmane.

Ceux que vous nommez « collaborationnistes » sont, selon vous, les idiots utiles des islamistes. Mais n'avez-vous pas peur d'être l'idiote utile de l'extrême droite ? Le site Riposte laïque s'émerveille ainsi de voir une « femme de gauche qui parle comme Riposte laïque »...
 
J'ai bien vu qu'un site comme Riposte laïque m'adore, parce que je suis issue d'une culture islamique, je viens du bled, j'ai étudié en arabe, et je dis des choses qui leur font plaisir. Suis-je une idiote utile de l'extrême droite ? En réalité, lorsque j'exprime ce qui me semble être un discours de bon sens, je me préoccupe peu de la récupération qui peut être faite. J'en ai marre qu'en France, ce sont toujours les extrêmes qui posent les jalons du débat. Quand on émet une opinion, il faut surtout faire attention à se distinguer de l'extrême droite, tout ça pour finir dans un ventre mou silencieux qui a abandonné des questions importantes aux extrêmes. Si l'extrême droite a envie de récupérer mon discours, je les prie aussi de récupérer les passages les concernant, quand j'explique qu'eux et les islamistes ont la même vision d'une société en déniant aux musulmans leur individualité. Et puis, je n'oublie pas non plus que Charlie Hebdo a été accusé d'être un journal d'extrême droite alors que c'est un journal issu de la gauche libertaire et bouffeuse de curés. Lorsqu'on est un bouffeur d'islamistes, lorsqu'on déteste cette idéologie, on n'est pas raciste. Allez voir dans le monde musulman les critiques virulentes tenues par des gens qui ne connaissent même pas l'existence du Front national en France et qui ont risqué leur vie, et parfois l'ont donnée, pour tenir un discours de vérité vis-à-vis de l'islam. C'est le piège que nous tendent les islamistes. Il est grand temps de retrouver la raison et de dire que la critique de l'islam n'est pas l'apanage des racistes. Nous devons récupérer le débat !
Il faut faire attention à se distinguer de l’extrême droite, tout ça pour finir dans un ventre mou qui a abandonné des questions importantes aux extrêmes !
 
Vous vivez toujours sous protection policière. Comment allez-vous à titre personnel ?
 
(Rires). Je pense que dans ma tête, je vais beaucoup mieux que ceux qui veulent me tuer. Je suis en paix avec moi-même et le reste de l'humanité. Je ne veux tuer personne et je suis farouchement opposée à la peine de mort. J'espère que ces criminels, qui nous pourrissent notre vie à tous, seront arrêtés et jugés dans des procès qui prendront aussi en compte leur idéologie. Je trouve absurde que quelqu'un comme moi, qui n'ai jamais commis aucun crime, vive dans une prison ambulante, tandis que cette idéologie continue à vouloir se présenter comme fréquentable dans notre société. Quel fond faudra-t-il qu'on touche pour que nous prenions enfin collectivement conscience que nous sommes face à un fascisme dangereux qu'il faut combattre comme tel. Lorsque que je vois que je vis sous protection policière, je pense à toux ceux qui étaient assis à une terrasse le soir du 13 novembre ou à tous les gamins qui étaient allés regarder le feu d'artifice le 14 juillet à Nice. Ils n'étaient pas plus menacés que moi et pourtant ils sont morts. C'est pour ça que nous sommes tous menacés, vous, moi, nos enfants, nos parents, par le fascisme islamique ! C'est notre modèle de société qui est visé, et nous vivons tous avec cette anxiété permanente liée au terrorisme. C'est en disant ensemble que ne nous ne sommes plus dupes de l'islamisme, que nous le refusons en bloc que nous montrerons aux extrêmes que nous faisons très bien la différence entre un individu et une idéologie, et que ce que nous condamnons, c'est une idéologie et non pas une soi-disant communauté ou une culture.

Votre éditeur, Ring, a été présenté comme une « sulfureuse maison d'édition proche de l'extrême droite » par Arrêt sur images, les Inrocks ou le Petit Journal...
 
J'ai connu Ring à travers Raphaël Sorin, son conseiller littéraire. J'approuve la démarche de Ring qui est celle d'être ouverte à des auteurs diversifiés. Il y a une vraie liberté, on a carte blanche pour s'exprimer. Ring va aussi éditer le blogueur palestinien Waleed Al-Husseini qui a fait de la prison pour blasphème et qui fait partie de ces athées musulmans auxquels je dédie mon livre. Moi, je suis une fille qui vient du bled et a connu les luttes réelles pour la démocratie, la liberté de picoler comme de faire l'amour. J'ai été journaliste au Maroc où, de facto, on est en liberté conditionnelle. Les petites querelles de chapelle du marigot parisien m'échappent donc complètement.


Vous avez quitté Charlie Hebdo le 9 septembre en expliquant que « le journal n'est plus le même »...

 
Ce journal n'est évidemment plus le même parce que les meilleurs d'entre nous sont morts. Parmi ceux qui ont survécu, beaucoup sont partis. Aujourd'hui, je me sens étrangère dans ce journal et je tourne la page. Mais ça reste une expérience qui m'a formée. On a vécu quelque chose qui est capital dans l'histoire du journalisme et de notre pays. Je reviendrai certainement un jour sur cette expérience. Mais aujourd'hui, je suis d'abord très heureuse d'être en vie. Avec ce rappel permanent de la mort qui rôde, j'ai tout simplement envie de vivre. Je quitte Charlie en paix.


Détruire le fascisme islamique, de Zineb (Ring, 70 p., 6,90 €).

Le Point 

La mosquée flambant neuve doit fermer ses portes

 

 

Après un avis défavorable de la commission de sécurité, qui a constaté plusieurs anomalies, Jean-Didier Berger, le maire (LR) a pris un arrêté de fermeture.

Les ennuis commencent à la mosquée de Clamart. Sous le coup d'une interdiction d'ouverture, le lieu de culte flambant neuf — mais inachevé — ne peut plus accueillir les centaines de fidèles qui le fréquentent depuis trois ans. Vendredi, Jean-Didier Berger, le maire de la ville (LR), a pris un arrêté de fermeture fondé sur l'avis défavorable rendu par la commission communale de sécurité, qui a visité les lieux mercredi dernier.

Entre le système de désenfumage, les portes de sécurité incendie, le balisage et les accès de sécurité, les câbles électriques non protégés dans le parking, où s'alignent des tapis de prière et pas des voitures, « de nombreuses anomalies ont été constatées » et l'ensemble est « de nature à compromettre gravement la sécurité du public », indique l'arrêté municipal. Si l'Association des musulmans de Clamart (AMC), qui gère la mosquée, procède aux indispensables transformations, la commission pourra revisiter l'édifice et, le cas échéant, délivrer un avis favorable.

Mais en attendant, l'association va devoir batailler sur un autre volet. Judiciaire cette fois. D'ici la fin de semaine, le maire devrait signaler au parquet de Nanterre les libertés que l'AMC a prises dans la construction même du bâtiment. Concrètement, le permis de construire autorise l'édification de trois étages, mais la mosquée en compte quatre. Quatre étages, c'était bien le projet initial de l'association, qui avait donc déposé un permis modificatif pour ajouter ce niveau. Permis modificatif refusé début 2014. Mais l'étage a tout de même été construit...
 

Le maire de Clamart, qui n'ignorait pas les problèmes que pose la mosquée lorsqu'il s'est installé en mairie en 2014, aura quelque peu traîné avant de prendre les choses en mains. Mais le sujet est sensible, et l'élu s'est attaché à border le dossier avant d'agir. C'est pourquoi la préfecture est dans la boucle. « Dans la période actuelle, je n'ai pas du tout envie de jeter de l'huile sur le feu, réagit Jean-Didier Berger. Mais j'ai été clair avec l'association : si tout le monde est dans la règle, tout le monde est sur un pied d'égalité. »


Un gymnase devrait être ouvert le vendredi


Pour que les fidèles de cette mosquée, qui viennent de tout le sud du 92, ne se retrouvent pas tout à fait à la rue, le maire devrait proposer l'ouverture d'un gymnase le temps de la prière du vendredi, fréquentée par 800 à 1 000 personnes. De son côté, l'AMC a publié un communiqué sur son site pour annoncer que « l'ouverture de la mosquée est reportée ». Son président, Kamal Chemini est resté injoignable mardi. Interrogé voici plusieurs semaines au sujet des travaux inachevés de la mosquée, il avait alors indiqué « ne pas parler aux journalistes ».

Dans la lignée de son prédécesseur, le nouveau préfet des Hauts-de-Seine, Pierre Soubelet, suit l'affaire de près. Et pas seulement pour des questions d'urbanisme. Car la mosquée fait l'objet d'une attention particulière des services de renseignement. Elle compte parmi les quelques lieux de culte du département surveillés à cause de la présence de salafistes parmi ceux qui la fréquentent.

 Valérie Mahaut

Le Parisien 

Police nationale : le naufrage d’un commandement politisé

 

 
De droite comme de gauche, la technostructure policière a pris le contrôle de l’appareil d’État et en a fait sa chose.







Enfin, ça éclate ! la crise du commandement à la police nationale, évoquée dans ces colonnes de longue date, devient une affaire publique. En dehors de leurs organisations syndicales, les policiers manifestent spontanément le soir pour dénoncer l’abandon dans lequel ils se trouvent de la part de leur hiérarchie pour effectuer leurs missions de maintien de l’ordre. Et, une fois de plus, cette même hiérarchie policière manifeste toute son incompétence et son incapacité à gérer la situation…

Le ras-le-bol de Pinot simple flic

 

Pour tous les grands défenseurs de l’État comme solution universelle aux problèmes du pays, l’expression de ras-le-bol à laquelle nous assistons rappelle qu’il n’est pas pire employeur que ce fameux État prétendu défenseur de l’égalité et des droits sociaux. Aucune entreprise ne pourrait en effet survivre avec un management aussi éloigné des réalités et autant coupé de sa base.
La hiérarchie policière peut d’ailleurs se targuer de disposer de collaborateurs aussi patients. Ce ras-le-bol aurait pu, et même aurait dû, éclater de longue date.

L’évident abandon des policiers de terrain

 

Que la hiérarchie policière se désintéresse de sa fonction managériale, qu’elle soit beaucoup plus occupée à faire carrière qu’à garantir la sécurité des citoyens est une évidence qui déchire les yeux. Tous ceux qui vivent dans les quartiers difficiles savent que la police nationale y souffre de graves disparités dans l’affectation des effectifs, dont la hiérarchie policière porte directement la responsabilité, et d’une paralysie quotidienne due au manque d’engagement du management dans la prise de responsabilité.

C’est ainsi que, au jour le jour, l’ordre de la société se délite et qu’un sentiment d’impunité se développe parmi les racailles.

La faillite de la cogestion syndicale

 

Pour garder le contrôle de la situation sans se remettre au travail, la hiérarchie policière a pratiqué la cogestion syndicale. Le jeu était simple : il consistait à neutraliser le combat syndical en nourrissant une bureaucratie aux ordres. Ce système a retardé l’émergence de la contestation, pour un prix finalement limité.

Le sidérant mépris de la hiérarchie

 

Personne n’a échappé à cette image sidérante du directeur général de la police nationale, Jean-Marc Falcone, à l’abri des vitres fumées de sa voiture de fonction, refusant d’entrer en contact avec ses salariés en colère et filant à toute vitesse pour leur échapper. Imagine-t-on un patron de grande entreprise contesté par ses employés donner ce spectacle désolant ? On trouverait facilement une troupe de parlementaires pour demander des sanctions immédiates.

Pourquoi l’accepte-t-on d’un haut fonctionnaire ? Pouvait-on donner meilleure illustration du mépris aristocratique de la hiérarchie policière pour le flic de base ? Pouvait-on mieux démontrer le désintérêt de la hiérarchie pour le management ?

Jean-Marc Falcone, symbole de la politisation de la haute fonction publique

Et qui est Jean-Marc Falcone, le directeur général de la police nationale ?

Cet homme devenu commissaire de police en 1979, ancien collaborateur de Jean-Jack Queyranne et de Christian Paul (dont il fut directeur adjoint de cabinet au secrétariat d’État de l’Outre-Mer), est devenu préfet sous la droite. Mais son retour à Matignon en 2012 lui a permis de faire la « culbute » vers la direction générale de la police nationale en 2014, à l’occasion de l’arrivée de Bernard Cazeneuve.

Dans la pratique, Falcone n’est plus « flic » depuis 1990. Est-ce bien raisonnable ?

Psycho-rigidité et indifférence comme valeurs managériales

 

Jean-Marc Falcone porte et déploie manifestement les mêmes valeurs managériales que son ministre Bernard Cazeneuve. On voit bien la technique du « nous sommes infaillibles » et du « circulez, y a rien à voir ». Comme Cazeneuve, Falcone réagit à la contestation spontanée par la menace.

Son choix de ne pas recevoir les manifestants et d’ordonner une enquête administrative pour intimider ceux qui expriment leur ras-le-bol et font usage d’un droit d’expression courant dans le secteur privé donne une démonstration parfaite de ces traits de caractère. « Oignez malins, poignez vilains ! ».

La technostructure policière à la manœuvre

 

On pourrait se consoler en pensant que le phénomène est lié à une majorité parlementaire. Les débats qui ont suivi les événements de Viry-Châtillon ont malheureusement montré que le problème ne tient pas à une majorité politique de circonstance, mais aux manœuvres d’une technostructure en bonne et due forme. De droite comme de gauche, la technostructure policière a pris le contrôle de l’appareil d’État et en a fait sa chose.

Le contrôle citoyen n’y a manifestement plus sa place. Dans une période marquée par la menace terroriste, cette situation pose un vrai problème…

Éric Verhaeghe

 Contrepoints

Ras-le-bol des policiers : le mouvement s'étend partout en France

 

 

L e gouvernement français s'est mobilisé ce mercredi 19 octobre pour répondre au ras-le-bol des policiers qui réclament davantage de moyens alors que la fronde vire à la polémique politique et essaime dans l'Hexagone. 

Quelque deux cents policiers se sont encore rassemblés ce mercredi soir sur la place de la République à Paris mais aussi en région à Montpellier (voir vidéo) et à Béziers, signe de l'exaspération des policiers qui s'exprime depuis 48 heures. Face à un mouvement qui essaime également à Marseille, Nice, ou encore Rennes, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve a reçu "en urgence" les syndicats de police, qui tentent de canaliser la colère des fonctionnaires sur le terrain.

 
Il leur a annoncé le lancement ce lundi d'une concertation sur tout le territoire sur les revendications des policiers, avec mise en oeuvre rapide des mesures retenues. Le garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas devait ensuite rencontrer les syndicats dans la soirée. De son côté, le président François Hollande a fait savoir mercredi qu'il partageait l'indignation des policiers après l'attaque contre leurs collègues. Il a aussi rappelé "le soutien qui a été toujours le sien et celui du gouvernement auprès des forces de sécurité".


Les policiers demandent renforts et sanctions

 

Le mouvement qui a gagné plusieurs villes en France après une manifestation improvisée sur les Champs Elysées fait suite à une attaque au cocktail Molotov d'un véhicule de police à Viry-Châtillon (sud de Paris) le 8 octobre, lors de laquelle un fonctionnaire de 28 ans a été très grièvement brûlé. Sa collègue, âgée de 39 ans, également grièvement brûlée, a quitté l'hôpital mardi soir, selon le directeur général de la police nationale (DGPN), Jean-Marc Falcone. Le patron de la police a dit comprendre "l'exaspération, les craintes et les angoisses" des agents, tout en déplorant que certains aient "utilisé des véhicules" et des "moyens" de la police pour manifester "pendant leurs heures de service".


Parti en banlieue mardi pour rappeler ses troupes à l'ordre, il est reparti sous les huées de quelque 400 fonctionnaires venus soutenir leurs collègues menacés de sanctions. Les policiers sur le terrain exigent des renforts, des moyens, se plaignent d'un surplus de gardes dites "statiques" ou de "mission indues" et réclament que la justice sanctionne sans faille les auteurs de violences. Ils "veulent une réponse pénale aux agressions et à la violence dont ils sont victimes", a expliqué le secrétaire général d'Alliance, Jean-Claude Delage.

En pleine campagne électorale

 

Un autre syndicat, Unité-Police SGP-FO, a pour sa part appelé à une manifestation silencieuse, "une marche de la colère policière et citoyenne", le mercredi 26 octobre, encourageant la population à y participer. En pleine campagne électorale à quelques mois de l'élection présidentielle, la grogne des policiers suscite une empoignade politique : la droite et l'extrême droite critiquent durement le gouvernement qui dénonce en retour l'instrumentalisation des policiers. Le patron des socialistes Jean-Christophe Cambadélis a dénoncé la "patte" du parti d'extrême droite Front national dans les manifestations de policiers.

 Les policiers français ont déjà manifesté par le passé pour s'élever contre le laxisme supposé de la justice ou contre leurs conditions de travail: en mai 2016, ils étaient dans la rue pour dénoncer la haine "anti-flic" lors de manifestations sociales, et en avril 2016, ils avaient défilé pour réclamer l'augmentation de leur prime de risque.

Midilibre 

Solférino : « Juppé, le meilleur d’entre nous ? »

 

 


Les presque présidentielles que sont les primaires deviennent un jeu plus complexe que les échecs ou le jeu de Go pour le citoyen moyen engagé. En effet, le premier degré d’une stratégie spontanée est à bannir, qui peut avoir le résultat inverse de celui espéré. C’est particulièrement le cas pour la désignation du candidat de la droite et du centre. Et c’est justement ce « centre » qui brouille les pistes et embrouille le choix.

Jusqu’à récemment, le candidat Sarkozy présentait quelque espoir de succès pour le prétendant Hollande, grâce à un sac d’impopularité soigneusement rechargé par le rempart médiatico-judiciaire. Solférino comptait sournoisement sur ce scénario quand le sortant n’en espérait pas moins. 

Le partisan de droite averti et scrupuleux pouvait, à juste titre, douter du résultat final contraire à son désir profond et se gratter le crâne jusqu’à l’irritation capillaire, voire l’indécision. Las, avec les jours qui avancent et les avanies éditoriales du confident de l’Élysée, les caciques du PS voient désormais le futur autrement, même s’il n’est pas clairement dessiné aux troupes déboussolées et émiettées de ce qui demeure de militants. Quitte à perdre dans les urnes, autant favoriser alors le « moins-disant » des Républicains. Le favori des sondages, Alain Juppé, apporte chaque jour quelque caution bienveillante aux indécis campés ou repliés dans le marigot du milieu, au nom du rassemblement qui ressemble à un glissement à peine subtil. La preuve en est donnée par le perspicace et rallié inconditionnel Bayrou, dont on ne peut douter de la prescience politique…

À ceux toujours déterminés à faire poids lors de la primaire, sans se compromettre ou douter de leur choix parmi les sept candidats, je propose en ultime soutien de tenter le recours au Doushou Qi. Le principe de cet ancestral jeu chinois, encore appelé jeu de la jungle, est la stratégie par affrontement. Exactement ce qui convient en l’occurrence. J’en donne la règle à toutes fins utiles : chaque joueur dispose de huit pièces hiérarchisées (animaux), le vainqueur est celui qui occupe le sanctuaire adverse, les prises sont réalisées par substitution, une pièce ne peut prendre qu’une pièce ennemie de hiérarchie égale ou inférieure ; règles simples mais possibilités stratégiques importantes.

Il paraît que Cambadélis s’y adonne déjà…

 Henri Gizardin

Boulevard Voltaire 

Plus que le devoir de réserve, celui d’émettre de graves réserves !

 

 



Les policiers ont manifesté hier à Paris. Ce n’est pas la première fois, mais il s’agissait là d’un mouvement spontané en dehors des organisations syndicales pour exprimer non des revendications mais une exaspération suscitée par le mépris du pouvoir. Une inversion des valeurs amène un policier à avoir infiniment plus peur d’utiliser son arme qu’un délinquant ne craint de le faire.

Un général de la gendarmerie, le troisième dans la hiérarchie, a été « éloigné » à la direction de l’outre-mer en 2013 pour avoir osé dire la vérité. Le général Bertrand Soubelet fait le récit de cette forfaiture de la République dans un livre : Tout ce qu’il ne faut pas dire. À la suite de cette parution, il a été, cette fois, démis de ses fonctions. La réaction d’Alain Juppé fut inconvenante. Il justifia l’éviction du général en disant que celui-ci devait fermer sa gueule ou démissionner, comme un ministre. Autrement dit, un politicien refusait le droit à un militaire d’informer les Français sur la réalité que la caste politique s’évertue à cacher. Cette stupéfiante inversion des valeurs entre la vérité et le mensonge, entre l’oligarchie politicienne et ceux qui ont le devoir de défendre le pays a entraîné une réponse musclée du général Pinard Legry, président de l’Association de soutien à l’armée française : « Un officier général n’est pas un ministre qui passe d’un ministère à un autre souvent sans connaître grand-chose aux matières qu’il est amené à y traiter. » Sa compétence lui dicte le devoir d’informer le pays lorsque des politiques mettent celui-ci en danger.
Ce cas n’est pas un accident isolé. Certes, l’armée doit servir la République, mais elle défend d’abord la nation. Ils peuvent et doivent s’exprimer lorsque le Parlement procède à une réflexion qui appelle leurs informations et leurs conseils. Le fait que l’exécutif punisse un militaire pour avoir été sincère dans cette situation est évidemment un empiétement totalement illégitime sur le pouvoir législatif. Par ailleurs, un général en retraite est un citoyen.
Le fait d’avoir commandé des opérations militaires périlleuses au service d’un pays auquel il a plus qu’un autre consacré sa vie devrait imposer à son égard le plus grand respect. Il n’est pas moins citoyen qu’un autre Français. On serait tenté de dire qu’il l’est davantage que certains. Cela n’a pas été l’avis du sénateur Gilbert Roger, qui s’est permis d’écrire au général de Villiers, chef d’état-major des armées, pour lui demander de « rappeler à l’ordre les militaires retraités qui critiquent la politique menée ». L’ASAF a condamné cette démarche scandaleuse.
 Le général Piquemal, qui manifestait à Calais le 6 février, a été interpellé sans ménagement et mis en garde à vue durant 48 heures. Il sera relaxé à Boulogne le 26 mai, mais les rats de cabinet vont s’acharner : il est mis à la retraite et exclu de la 2e section puis, au mois d’août, lorsque l’opinion publique est sur les plages, il est radié des cadres. La carte d’identité militaire lui est retirée et il n’a plus le droit de porter l’uniforme. Ces décisions humiliantes et disproportionnées à l’encontre de l’ancien patron de la Légion prises par de minables politiciens ne peuvent que soulever la réprobation et le mépris. Lorsqu’une société inverse à ce point les valeurs, c’est évidemment elle qui doit être renversée. Le général exerce son droit de recours. Un comité de soutien est lancé par le général Martinez, coprésident de Volontaires pour la France, qui ne mâche pas ses mots à propos de la politique menée à l’égard de l’islam notamment. Le général Tauzin, qui souhaite se présenter à l’élection présidentielle, a également soutenu Christian Piquemal.
La compétence et le patriotisme appellent les militaires à se dégager d’un prétendu devoir de réserve. On ne peut être complice de la trahison par sa passivité sans trahir soi-même. La grande muette se met à parler !

 Christian Vanneste

Boulevard Voltaire 

Juppé n’aime pas la France « recroquevillée », « craintive »… Mais elle existe !

 

 

Alain Juppé, ancien ministre du Budget (1986-1988), puis ministre des Affaires étrangères (1993-1995), puis Premier ministre (1995-1997), puis ministre d’État en 2007 (Écologie), 2010 (Défense) et 2012 (Affaires étrangères), condamné en 2004 à 14 mois avec sursis et à un an d’inéligibilité pour prise illégale d’intérêt dans une affaire d’emplois fictifs, serait un potentiel futur Président, et censé incarner (ne pas rire, ne pas pleurer non plus) un renouveau politique, celui ayant entendu – promis juré mordicus et rubis sur l’ongle – l’avertissement populiste des dernières régionales. 

Les années d’extrême modération et d’extrême centrisme qui semblent se profiler sauront-elles venir à bout d’un chômage dont Juppé, ainsi que les diverses équipes dirigeantes qu’il fréquenta, prouvèrent leur impuissance à endiguer l’inexorable montée ? Comme d’habitude, nous allons voir ce que nous allons voir, promet celui qui ne se résoudra « jamais à une France recroquevillée, craintive, à la traîne » […] et qui se propose de « redonner à nos compatriotes le goût du monde » […] en réponse « aux prophètes du déclin, aux chantres du repli, aux Cassandre de la pseudo-guerre des civilisations » en leur opposant « la capacité du lien et du dialogue » […] et en promouvant « la règle du droit dans les relations internationales au lieu du rapport de force » (Le Figaro, 18 octobre). 

Et s’il commençait par imposer la règle de droit dans les rapports entre nationaux ? Est-il sûr que tant de Français seraient accablés par un manque de « goût du monde » ? Et si c’était, au contraire, un trop-plein de « dégoût du monde… politique », dont il incarne l’aveuglement avec brio ? 

« Guerre des civilisations, quelle guerre des civilisations ? » dit-il entre deux postes ministériels, un job de maire et un crochet par Bilderberg ou Davos. « Capacité du lien et du dialogue », poursuit-il. Quelle « capacité » ? Celle de cet instituteur d’Argenteuil qui, venant tout juste de recadrer une élève turbulente sur le chemin de retour d’un cours d’éducation physique, fut tabassé par deux racailles de passage, devant les élèves tétanisés ? « Tu lui parles pas comme ça, raciste ! » lui intima la paire, avant de le balancer au sol et de lui décocher une droite. 

« Mais je suis leur maître ! » tenta bien l’enseignant. « Et moi je suis une racaille », lâcha l’un d’eux, avant d’ajouter : « Il n’y a qu’un seul maître, c’est Allah » (Le Parisien, 18 octobre). Monsieur Juppé, vous l’avez là, sous votre nez bouché de suffisance, la France « recroquevillée » et « craintive », au sens propre et (dé)figuré du terme. Elle gît sur un trottoir, du côté d’Argenteuil, là où l’ont envoyée deux purs fruits de ce multiculturalisme au « goût de monde » qui vous semble cher. Nous ignorons si vous êtes un véritable homme de terrain, mais gageons que vous ne vous fîtes jamais tabasser par une paire de racailles : vous comprendriez qu’en la circonstance, il est normal – noble, même – d’être « craintif » et « recroquevillé ». Vous comprendriez également que le logiciel à mettre à jour est celui du tabasseur, non du tabassé.

Silvio Molenaar

Boulevard Voltaire 

Visionnaire, Laurent Obertone ? Tout simplement réaliste. Et ce n’est pas joli… À lire absolument.

 

 






Comment vous dire ? On a du mal à entrer dans le livre, on se dit « c’est un peu caricatural, quand même » et, petit à petit, on se laisse prendre, happer, manger et on ne peut plus le lâcher. C’est l’effet Guérilla. Laurent Obertone a voulu écrire un roman. Ce n’en est pas un. Un soir, vous lisez quelques pages avant de vous endormir et, le lendemain, vous apprenez Viry-Châtillon, ses policiers attaqués, blessés, brûlés. Vous vous dites : « On y est… »
Parce que dans Guérilla, ça commence comme ça : une descente de police dans une cité « sensible ». Qui tourne au drame. Les policiers encerclés sont attaqués. Devant la furie des agresseurs, un agent perd son sang-froid et tire à plusieurs reprises. La cité s’embrase et le pays suit…

Dans la vie « réelle », les policiers perdent rarement leur sang-froid. Jusqu’à présent, du moins. Parce qu’on voit, ces jours-ci, des manifestations nocturnes de quelques-uns d’entre eux qui crient leur ras-le-bol. Et qui revendiquent. Oh, pas seulement des hommes, du matériel supplémentaires, mais de la considération.
Parce que le fond du problème est là. Comment être respecté par des petits caïds qu’on arrête et qui sont relâchés le lendemain, parfois le jour-même. Et ça commence très jeune, puisque les mineurs sont certains de leur impunité…
 Viry-Châtillon, donc, puis, quelques jours après, Mantes-la-Jolie, où des policiers ont été pris dans un guet-apens. Avant de nouvelles échauffourées dans le quartier du Val-Fourré avec une centaine de jeunes. Oui, une centaine… Déjà, en mai dernier, on assistait, médusés, à l’escalade de la violence envers les forces de l’ordre à l’occasion des manifestations contre la loi Travail. Rappelez-vous ces deux policiers agressés dans leur voiture, déjà à l’aide d’un cocktail Molotov et qui, heureusement, s’en étaient sortis indemnes. Là encore, on avait salué le sang-froid d’un des deux agents qui avait su rester calme, avant de tourner les talons, face à un jeune excité qui l’attaquait à coups de barre de fer. Il avait même été décoré. Pour n’avoir pas utilisé son arme, pour son sang-froid et, si j’étais mauvaise langue, pour sa peur des ennuis si, par malheur, il avait riposté un peu trop fort…

Et puis ça continue, les violences contre la police, les médecins du CHU de Tourcoing agressés, le professeur molesté devant ses élèves, cet autre qui se fait casser la mâchoire par un lycéen pour avoir osé lui faire une remarque. Et puis l’interprète du journaliste, dans la jungle de Calais, qui se fait violer par un migrant tandis que deux autres empêchent l’homme qui l’accompagne d’intervenir. Du roman, me direz-vous ? Ah non, là, on est dans le réel. Ce sont les « faits divers » de ces derniers jours. L’ennui, quand on lit Guérilla, c’est qu’on passe du livre à la vraie vie sans plus savoir ce qui relève de la fiction et de la réalité. Parce que les deux se confondent.

Visionnaire, Laurent Obertone ? Tout simplement réaliste. Et ce n’est pas joli… À lire absolument.

 Emmanuelle Duverger

Boulevard Voltaire 

Un expatrié témoigne sur l’immigration : « à ce rythme-là, dans 20 ans, vous aurez la Seine St Denis en Bretagne » [témoignage]

 

 



L’accueil de migrants en Bretagne se poursuit. Par ailleurs, la proportion d’immigrés ou d’enfants d’immigrés extra-européens au sein de la population bretonne (B5) augmente, plus fortement d’ailleurs en Loire-Atlantique. La Bretagne reste toutefois très loin des proportions particulièrement élevées d’extra-européens que l’on peut retrouver, notamment en Ile de France où dans les grandes métropoles françaises.
Une proportion élevée qui conduit, mois après mois, de nombreux « gaulois » ou « français de souche » à quitter le quartier dans lequel ils ont grandi, la maison de famille, les racines, pour aller vers cette « France périphérique » , moins « diverse », plus rurale, plus rassurante pour eux et leur famille également.
Le phénomène est exactement le même en Angleterre, comme l’évoquait la démographe Michèle Tribalat qui évoquait un « white flight ».
Parmi ces nouveaux déplacés de force à l’intérieur même de leur propre pays, nous avons rencontré Laurent, 47 ans, qui vit avec sa famille dans un petit village du côté de Pontivy, depuis maintenant 6 ans. Ayant toujours vécu en région parisienne, et majoritairement en Seine St-Denis (où il a été animateur socio-culturel), il tenait à nous parler de son expérience de son vécu, et surtout, de ses craintes qu’un jour la Bretagne ne soit plus la Bretagne mais bien comme la Seine St Denis aujourd’hui.
Rencontre.
Laurent se définit comme un « expatrié » en Bretagne ; « je suis un fils, un petit-fils, un arrière petit-fils de parisiens, avec des origines familiales qui permettent toutefois de faire le tour de France, mais nous sommes installés en Seine St Denis depuis des décennies. Nous avions une maison familiale à Pantin » nous dit-il.
Après avoir travaillé à La Poste un an, il passe un DUT Carrières sociales afin de devenir animateur socio-culturel. « Je ne suis pas fait pour les bureaux, ma place est sur le terrain, dans la rue, pour encadrer, pour animer, pour écouter ». Ce travail, il l’a mené durant 18 ans, dans plusieurs établissements (maison de retraite, puis maison de quartier et foyer de jeunes travailleurs). « J’ai adoré faire ce métier, mais il y a des endroits – et notamment là où j’habitais, où les différences culturelles sont telles qu’il est impossible de le faire correctement et d’être écouté ».
Laurent fait toutefois une grosse différence entre « la génération NTM et celles qui suivent ». « La génération NTM, les gars du quartier étaient ce qu’on appellerait « des racailles », mais il n’y avait pas toutes ces dérives communautaires, ethniques, religieuses. Ou pas encore de façon si marquée si l’on compare au début des années 2000 où là , on a pu le voir au grand jour . Attention, bien entendu, il y avait déjà, et cela depuis des années, des départements entiers de région parisienne à forte proportion immigrée, mais les « gaulois » n’étaient pas encore partis. Aujourd’hui, il n’y en a vraiment plus beaucoup ».
Quand on lui demande ce qui l’a poussé à partir s’installer dans un hameau à coté de Pontivy, lui qui aimait et qui aime toujours son métier d’ailleurs, qu’il ne pratique toutefois plus en Bretagne ce dernier n’y va pas par quatre chemins : « j’ai travaillé 17 ans avec des populations africaines notamment, dont je voyais chaque jour qu’elles devenaient majoritaires et qu’elles me mettait de facto en minorité. N’ayant jamais souhaité mettre mes enfants dans le privé, ou tenter d’avoir des pass-droits pour les préserver de certaines écoles en Seine Saint-Denis, j’ai pris la décision, avec ma femme, de vendre et de partir. Nous n’étions plus chez nous, tout simplement. ».
Lorsqu’on lui évoque alors une forme de « repli sur soi » Laurent éclate de rire : « il me semble qu’après avoir travaillé 17 ans avec des Sénégalais, des Algériens, des Kabyles, des Laosiens, et avec une grande partie des peuples de la planète venus se perdre en Seine St Denis, c’est un peu culotté de me dire cela non ? »« J’ai toujours beaucoup de contacts là-bas. Des gens que j’apprécient, des gens de différentes origines. Mais cela n’enlève rien au fait que j’ai l’impression d’être un expatrié dans son propre pays. A Paris intra-muros, ils ont beau nous vanter le mélange, la mixité sociale, ils ne la vivent pas. Et surtout, ils n’ont pas compris qu’à force de faire venir des gens du monde entier, le mélange aura perdu sa couleur originelle ». 
Laurent ne ressent pas d’amertume : « je vais pas me plaindre d’être en Bretagne quand même !». Mais il a perdu beaucoup d’illusions : « pour moi, le rôle d’un animateur, d’un éducateur même, c’était un rôle social fondamental dans notre société. Essayez de proposer des projets qui élèvent, qui transcendent, à des jeunes dont bien souvent les familles ne savent pas quoi faire – on tourne vite en rond dans une barre HLM. Essayez d’éviter au maximum les mauvaises influences, le basculement dans la drogue, la délinquance. On est pas bien payé, mais par contre, niveau enrichissement humain, c’est un métier formidable.».
Mais Laurent n’en demeure pas moins ferme sur l’impossibilité à exercer ce métier « dans des villes qui sont devenues des carrefours du monde entier où les gens n’ont absolument rien en commun, ni culture, ni religion, ni coutumes, ni moeurs. Ou plutôt si, ils commencent à avoir en commun car petit à petit, ceux qui sont différents de la nouvelle majorité s’en vont ». 
En Bretagne, après avoir enchainé quelques remplacements, notamment à Rennes, et après une période passée à retaper une partie de la maison familiale, il a décidé finalement de changer totalement, et s’est lancé dans des études agricoles : « une façon de remercier la terre qui m’accueille, c’est d’apprendre les moyens de l’utiliser et de nourrir sainement mes voisins » nous dit-il. Pas question pour lui de retourner à son métier d’origine : « je ne retrouverai jamais la passion que j’ai eu pendant les dix premières années où j’ai travaillé auprès des jeunes, là-bas. Et puis les dernières années m’ont vraiment marqué. On m’a menacé, on a menacé ma famille, il fallait se taire, pas faire de vagues, surtout pas faire de vagues …». Il n’a pas envie de s’étendre plus sur le sujet.
Lorsqu’on lui demande le regard qu’il portait et qu’il porte sur la Bretagne, il nous dit : « bon, il y’a le regard d’un prolo parisien plein de cliché sur la région, forcément, je l’avais un peu en arrivant. Mais il y’a surtout la vision de la Bretagne où il faut bon vivre, où les gens se disent bonjour quand ils se croisent, ils se sourient – ou pas d’ailleurs. A la campagne, on peut laisser sa porte de maison ouverte sans risquer – pour le moment encore – à tout instant le cambriolage. On peut faire confiance à ses voisins, on respire, on découvre chaque jour des paysages et des chemins somptueux, bref, nous revivons, loin du béton et de la jungle ! ».
Laurent n’est pas naif, et a toutefois pu constater qu’il y’avait une différence entre les grandes villes bretonnes et la campagne : « c’est sûr que Rennes, et même Nantes où j’ai fait un remplacement, il y’a certains quartiers ou je me suis senti comme chez moi en Seine Saint Denis, dans les années 90. Je ne pensais pas d’ailleurs qu’il y’avait « autant » (façon de parler nous dit-il) de mixité que cela dans les quartiers ouvriers. En même temps, j’ai bien vu des femmes voilées à Locminé et des Africains à Pontivy, alors plus rien ne m’étonne ! ».
Lorsqu’on lui fait remarquer que la Bretagne n’est pas la Seine St Denis, la réponse fuse immédiatement : « pas encore. Vous avez de la chance, malgré une région qui connait ou a connu des difficultés économiques, d’avoir préservé une forme de vivre ensemble, le vrai, qui existe de moins en moins dans d’autres régions. Il faut le garder . Mais vous ne le garderez pas en faisant venir des migrants, en construisant un aéroport qui vous amènera une main d’oeuvre immigrée pas chère dans les banlieues, en vous rapprochant sans arrêt de Paris, et surtout, en votant PS !».
Laurent rigole : « non mais c’est vrai , pour moi ce sont des ordures. Ma famille était PCF, merde ! Ils nous ont trahi dans les banlieues. Ils ont acheté des jeunes. Ils ont laissé faire certaines saloperies. Et surtout, ils ont implanté en masse les familles d’immigrées que Giscard et Bouygues avaient commencé à faire venir ; partout, partout ! Ils ont tout détruit , ils feront la même chose ici si vous laissez faire, c’est dans leur ADN. Quand je vois vos quartiers à Rennes ou à Nantes, on peut deviner les yeux fermés que ce sont des municipalités PS. C’est constitutionnel chez eux de laisser se développer puis pourrir des quartiers entiers. Ils ont la folie des grandeurs, et sont persuadés que le mélange est infini ».
Il a d’ailleurs remarqué que les choses évoluent vite : « on va pas me la faire à moi. Quand je suis arrivé ici et qu’on me parlait d’immigration dans les campagnes, je rigolais, vu d’où je venais et je rigole toujours d’ailleurs, mais un peu moins. Par contre ce que je peux dire, c’est que la population immigrée, en provenance d’Afrique ou de Turquie notamment, est de plus en plus nombreuse, que ce soit à Rennes ou à Nantes pour ce que je connais, et même dans certaines campagnes. Je ne sais pas d’où ils arrivent, mais ils sont là, c’est un fait. Et à ce rythme-là, progressivement, dans 20 ans, vous aurez la Seine St Denis en Bretagne. Et vous finirez pas devenir minoritaires, dans plus longtemps encore. Et là, il n’y aura plus d’autres régions pour vous en aller si vous ne supportez plus la nouvelle façon de vivre qu’on vous imposera, puisqu’à l’ouest, y’a la flotte ! ». Rires.
Mais n’est-ce pas encore plus frustrant pour un « expatrié » de faire ce constat ? « Ce qui est frustrant, c’est de voir une naïveté qui parfois ressemble fortement à de la bêtise chez certaines personnes. Une famille d’Algériens va s’installer dans un village, et tu vas forcément trouver ici la Mère Théresa du village, un peu colonialiste tout de même, qui va vouloir organiser et mobiliser le comité des fêtes locales autour d’une soirée d’intégration à base de Couscous et de musique bretonne. La famille d’Algériens elle, s’en tamponne de ta soirée d’accueil, et peut être même qu’elle n’aime pas le couscous. Elle veut juste qu’on lui fiche la paix. Je suis à peine dans le cliché non ?».
« Oui, il m’arrive parfois de m’accrocher avec quelques uns qui semblent vraiment croire à la société où tout le monde est beau, gentil, différent et vit ensemble. Et à contrario bien souvent, ce sont ces mêmes personnes qui vont avoir une réflexion raciste stupide, une blague douteuse, un comportement d’ostracisme vis à vis de celui qui vient du village d’à côté ou pire encore, de la ville ! Ou alors qui vont être totalement intolérants avec toi si tu ne partages pas leurs opinions. C’est paradoxal. Mais encore une fois, je ne vais pas jouer le vétéran qui a fait le Vietnam. Mais j’invite tous ceux qui rêvent d’un monde de mélange à venir voir en Seine Saint Denis ce que mon département est devenu . Et à en tirer les conséquences pour chez eux, pour leurs enfants . ».
Après une bonne heure de conversation, à refaire le monde et à en apprendre plus sur une forte personnalité, éducateur chevillé au corps, blessé par la vie et surtout par ce qu’il a vu, nous le laissons reprendre la route, destination la ferme biologique où il effectue actuellement un stage d’observation…en compagnie de son fils..lui aussi en stage, mais pas au même niveau !