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mardi, 20 septembre 2016

L’islamophobie en Europe préoccupe l’ONU

Les amalgames entre terroristes islamistes et musulmans inquiètent les défenseurs des droits de l’homme.

La montée de l’islamophobie en Europe préoccupe les ONG. Après la récente charge du haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Zeid Ra’ad Al Hussein, contre les discours de haine des leaders populistes à l’encontre des musulmans et des réfugiés, le débat sur la place de l’islam dans les démocraties européennes prend de l’ampleur dans les enceintes onusiennes. A l’initiative du Geneva Centre for Human Rights Advancement and Global Dialogue, dirigé par Idriss Jazairy, ex-ambassadeur d’Algérie auprès de l’ONU, plusieurs personnalités issues du monde musulman ont tenté de mener, en marge de la session du Conseil des droits de l’homme, une réflexion de fond sur la question.

Les attentats commis au nom de l’islam ont causé de terribles dégâts dans les opinions publiques. «Pour les musulmans, c’est la double peine», déplore Idriss Jazairy. «Ils sont à la fois victimes du terrorisme dans le monde arabe et aussi, avec d’autres innocents, en Europe, où ils sont confrontés en outre à la montée d’un populisme qui suscite la peur de l’autre.»

«Il faut que les médias arrêtent d’employer le terme de combattants musulmans à propos des terroristes», exhorte Hanif Hassan Ali Al Qassim, qui préside le conseil d’administration de l’ONG. «Nous devons privilégier le dialogue entre les cultures et les religions. Nous voyons bien que cette peur de l’autre conduit à des décisions absurdes sur le voile et le burkini», explique-t-il.

Pour Zidane Meriboute, auteur de l’étude Les musulmans en Europe. La voie vers l’harmonie sociale, les discriminations dont les musulmans ont été et sont la cible aujourd’hui sont anciennes. Pire, explique-t-il, le moteur de la doctrine des mouvements populistes européens serait l’humiliation des communautés musulmanes fondée sur le racialisme. Tous les intervenants sont d’accord pour dire qu’il faut déconstruire le discours de haine et de peur pour trouver le chemin du vivre-ensemble. Mais pour cela, disent-ils, les pays européens doivent accepter qu’une partie de leur population puisse pratiquer la religion musulmane en toute sérénité.

Idriss Jazairy préconise pour l’Europe «une laïcité inclusive soucieuse des droits de l’homme et non un laïcisme marginalisateur». Malheureusement, si elle s’est fait l’écho de la préoccupation des musulmans, cette conférence n’a pas donné lieu à un vrai débat avec des représentants de pays européens.

Alain Jourdan

Tdg.ch

Europe: la crise migratoire nourrit le populisme

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La crise migratoire qui secoue l'Europe nourrit la rhétorique des formations populistes, principalement d'extrême droite et anti-Bruxelles, et dope leur audience, à l'image de l'AfD en Allemagne. Voici les principaux exemples:


- Le vent en poupe -


- Allemagne: à un an des législatives, l'Union chrétienne-démocrate (CDU) de la chancelière Angela Merkel a subi dimanche un nouveau revers à Berlin face au mouvement anti-migrants et anti-islam Alternative pour l'Allemagne (AfD, lancé en 2013), qui entre au parlement local avec 14,2% des voix (17,6% pour la CDU).


L'AfD, déjà devant la CDU dans le nord-est deux semaines auparavant, sera ainsi présente dans dix parlements régionaux sur seize. Capitalisant sur l'inquiétude après l'arrivée de 1,1 million de réfugiés en 2015, elle pourrait entrer dans un an au Parlement fédéral, ce qui serait une première pour un parti de droite populiste depuis l'après-guerre en Allemagne.


- Autriche: le Parti de la liberté (FPÖ), l'un des partis d'extrême droite les mieux implantés en Europe, a échoué de peu à gagner la présidentielle le 22 mai, ce qui aurait été une première européenne. Les deux grands partis au pouvoir depuis 1945 avaient été éliminés d'entrée. Le FPÖ a obtenu l'annulation du scrutin, et une nouvelle élection devrait se tenir le 4 décembre.

- Slovaquie: l'extrême droite est entrée au Parlement en mars avec 14 sièges sur 150 pour le parti Notre Slovaquie (LSNS), lancé en 2012 et hostile aux Roms, à l'Otan comme à l'Union européenne (UE). Son président Marian Kotleba est considéré par ses opposants comme un néonazi. Le chef du gouvernement de centre-gauche Robert Fico a été réélu grâce notamment à un discours anti-immigration.


- Au gouvernement -


- Hongrie: au pouvoir depuis 2010, le Premier ministre Viktor Orban, président du Fidesz (populiste), organise le 2 octobre un référendum sur la répartition des réfugiés dans l'UE, après avoir érigé depuis l'automne 2015 des clôtures aux frontières avec la Serbie et la Croatie. Sa rhétorique profite au Jobbik (extrême droite) de Gabor Vona qui infléchit actuellement son discours antisémite, xénophobe et eurosceptique et ambitionne de détrôner le Fidesz aux législatives de 2018.


- Pologne: le parti conservateur et eurosceptique Droit et Justice (PiS) est revenu au pouvoir fin 2015. Son chef Jaroslaw Kaczynski a mis en garde contre les "parasites" des réfugiés. Le gouvernement s'oppose depuis juillet à la Commission européenne sur l'indépendance du pouvoir judiciaire.


- Finlande: après ses 17,65% aux législatives d'avril 2015 (38 députés sur 200), le parti anti-immigration et eurosceptique des Vrais Finlandais participe au gouvernement de coalition. Son président Timo Soini, ministre des Affaires étrangères, a admis fin 2015 que son parti pâtissait de la crise des migrants en étant aux affaires.


- Norvège: pour la première fois en 40 ans d'existence, le parti du Progrès (FrP) a accédé au gouvernement en octobre 2013 dans une coalition dominée par les conservateurs, malgré un recul électoral (16,3% contre 22,9% quatre ans auparavant). En décembre 2015, l'une de ses responsables, Sylvi Listhaug, s'est vu confier le nouveau ministère de l'Immigration et de l'Intégration.


- Danemark: le Parti Populaire Danois (DF) est un partenaire incontournable pour les gouvernements libéraux. Il a raflé 21,1% des voix aux législatives de 2015 et revendique la mesure de confiscation des biens de valeur aux migrants pour financer leur accueil entrée en vigueur début février.


- Le Brexit et ses émules -


- Grande-Bretagne: le choix historique des Britanniques le 23 juin pour le Brexit marque la concrétisation la plus spectaculaire du succès des populismes. Diane James, nouvelle présidente du parti anti-immigration et europhobe Ukip ambitionne d'en faire le premier parti d'opposition à la place du Parti travailliste.


- France: le Front National (FN, extrême droite) surfe sur les succès électoraux depuis 2012. Sa présidente, Marine Le Pen, compare le flux de migrants à une "invasion". Tous les sondages annoncent la présence au second tour de la présidentielle de 2017 de Mme Le Pen qui veut un référendum sur la sortie de l'UE.


- Pays-Bas: le Parti pour la Liberté (PVV, extrême droite, 12 députés), créé en 2006, est en tête des sondages pour les législatives de mars 2017. Il a lancé notamment sa campagne en affirmant vouloir "fermer toutes les mosquées" et "interdire le Coran". Son chef Geert Wilders veut aussi un référendum sur la sortie de l'UE.

Le Parisien

Migrants: Cazeneuve dénonce l'"irresponsabilité" de la "droite extrême"

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Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a dénoncé lundi l'"irresponsabilité" de certains responsables politiques sur l'accueil des migrants, dans une charge virulente contre le Front national et la "droite extrême" accusée d'être "dans l'abandon de ce qu'est notre pays".


"Que veut le Front national? Des affrontements à l'intérieur du pays entre nos concitoyens et ceux que la France peut accueillir parce qu'ils relèvent du statut de réfugié en France?", s'est interrogé M. Cazeneuve, en marge d'un déplacement à l'Office français de l'immigration et de l'intégration à Bobigny (Seine Saint-Denis).
Le ministre était interrogé sur le lancement d'une association de maires, "Ma commune sans migrants", par Steve Briois, l'un des vice-présidents du FN.


"Que veut le Front national? Que la France cesse d'être la France, de défendre les valeurs qu'elle défend depuis la Révolution française?", a poursuivi M. Cazeneuve, ou bien "que la France cesse, en réalité, d'être elle-même". "Nous, ce que nous voulons c'est que la France continue à être la France" avec "ses principes et ses valeurs", a-t-il dit.


"La République, ce n'est pas la haine. Ce n'est pas le refus de l'autre, et la République ce n'est pas non plus le mensonge, parce que le Front national est, comme une partie de la droite extrême, dans le mensonge", a-t-il ajouté, en dénonçant la "manipulation permanente, comme l'a toujours fait l'extrême-droite en France".
M. Cazeneuve s'exprimait alors que le ton est monté ces derniers jours autour du démantèlement programmé de la "Jungle" de Calais, qui doit se traduire par la répartition des migrants dans des Centres d'accueil et d'orientation (CAO) en région, pour lesquels l'Etat cherche 9.000 places supplémentaires.
Laurent Wauquiez, le président par interim du parti Les Républicains (LR), a notamment lancé une pétition contre ce projet qui aboutira selon lui à la création de "jungles" sur l'ensemble du territoire.
Une initiative vivement dénoncée par le ministre de l'Intérieur, qui y a vu un glissement vers l'extrême-droite: "Quant à la droite extrême qui tangente son discours" et qui est "incarnée par M. Wauquiez et par d'autres qui le suivent", a-t-il dit, elle est "dans la fuite en avant" et "en train de créer, par son irresponsabilité, des tensions dans le pays dont le pays n'a nul besoin".


Il s'est toutefois félicité de l'existence d'"hommes de toutes sensibilités, de droite de gauche, qui sont de vrais républicains qui sont dans la sagesse, et pas dans cette fuite en avant et dans cet abandon de ce qu'est notre pays".


A propos de l'initiative de M. Wauquiez, le président LR de la région Haut-de-France, Xavier Bertrand, a estimé lundi que "ce n'était pas une pétition" qui allait "régler les problèmes" à Calais.

Le Parisien

Immigration de masse: Johann Schneider-Ammann et Jean-Claude Juncker en débattent à Zurich

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La Suisse doit mettre en oeuvre l'initiative sur l'immigration de masse acceptée par le peuple le 9 février 2014. Mais l'Union européenne ne l'entend pas de cette oreille. Johann Schneider-Ammann et Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, se sont entretenus sur la question ce lundi à Zurich.

Le président de la Confédération Johann Schneider-Ammann s’est entretenu lundi à Zurich avec le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker de l'état actuel des relations entre la Suisse et l'Union européenne (UE). La mise en oeuvre de l'initiative contre l'immigration de masse était au centre des débats.

M. Schneider-Amman a saisi l'occasion pour expliquer le projet qui est en cours de traitement au Parlement, a indiqué le Département fédéral de l'économie, de la formation et de la recherche (DEFR). Parmi les sujets abordés figuraient également la ratification du protocole avec la Croatie et la garantie de l'association pleine et entière de la Suisse aux programmes-cadres de recherche Horizon 2020.

 La Suisse et l'UE seront ainsi régulièrement en contact ces prochains temps, a noté le DEFR. Et d'ajouter que chaque partie a intérêt à préserver et faire évoluer la voie bilatérale, qui est un succès tant pour la Suisse que pour l'UE.

C'est dans cet esprit que la Suisse reste disposée à poursuivre les pourparlers sur un accord institutionnel tel qu'il a été défini dans le mandat de négociation. Le président de la Confédération a souligné à cet égard que la Suisse ne peut accepter qu'un lien juridique soit établi entre les dossiers de l'immigration et de l'accord institutionnel.

Dans la soirée, les deux présidents participeront à la cérémonie de commémoration du discours historique sur l'Europe prononcé par Winston Churchill il y a septante ans à Zurich.

Le nouvelliste

Une enquête utile

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Il vaut mieux savoir que de ne pas savoir. C'est cette conviction qui a conduit l'Institut Montaigne à réaliser une enquête sur l'Islam et sur ce que pensent les musulmans de France. Ses résultats, publiés dimanche dans le « JDD », sont à la fois passionnants, rassurants sur certains points et franchement inquiétants sur d'autres. Passionnants : ils livrent une photographie détaillée, la première depuis longtemps, sur ces 3 ou 4 millions de personnes qui revendiqueraient leur confession. Rassurants : la majorité des musulmans adhèrent à la laïcité et aux lois de la République. Inquiétants aussi : 28 % sont qualifiés par les chercheurs d'« ultras » en rupture et ils sont surreprésentés chez les jeunes dans une proportion stupéfiante puisque 50 % des moins de 25 ans se rangent dans cette catégorie. Ce travail rouvre la discussion sur la propension étrange de la France à ne pas vouloir mesurer pour ne pas savoir. Dans ce cas précis, il ne s'agit pas de statistiques ethniques - ce que pensent les catholiques est souvent sondé. Mais l'utilité de cette enquête est évidente. Il est ainsi utile de lire que les deux tiers des musulmans sont favorables au port du voile. Il est utile de voir que la situation économique et sociale constitue une clef de radicalisation. Plus que des affirmations religieuses. La première génération immigrée a été soumise ; la deuxième en colère ; la troisième se révolte. D'autres questions se posent. Une parmi 100 : quelle est l'influence des chaînes de télévision de la péninsule arabique ? Les résistants à ce type d'enquêtes affirment qu'elles créent de la revendication davantage qu'elles ne favorisent l'intégration. Que ranger des individus dans des groupes crée des identités et des minorités qui n'existaient pas. C'est l'inverse qui est vrai. Pour combattre les comportements minoritaires, comme pour éviter les amalgames et les discriminations, il faut savoir. Pour agir.

Dominique Seux

Les Echos



Allemagne: L’AfD est-il la version allemande du FN?

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L’AfD et le FN, même combat ? « 20 Minutes » joue les traducteurs…

C’est une nouvelle victoire pour le mouvement anti-migrants et anti-islam Alternative pour l’Allemagne (AfD). Il a fait dimanche une véritable percée aux élections régionales à Berlin. Le mouvement est même crédité de 14 % des intentions de vote outre-Rhin et peut espérer devenir la troisième force politique du pays, derrière la CDU, qui s’effrite, et le parti social-démocrate (SPD). Est-il pour autant la version allemande du FN ? 20 Minutes fait le point.

Idées : Similaires, mais avec une réalité différente

Face à un monde ouvert et globalisé, l’AfD et le FN invitent leurs peuples respectifs au repli sur soi : « Ces deux mouvements demandent aux citoyens de penser "national" », résume Isabelle Bourgeois, chargée de recherche au Centre d’information et de recherche sur l’Allemagne contemporaine (Cirac). Logiquement, ces partis sont donc eurosceptiques. Ils pointent également du doigt « l’étranger », que celui-ci soit un immigré, un réfugié de guerre ou un plombier polonais.

Leurs positions semblent toutefois diverger sur la religion : alors que Marine Le Pen, la présidente du FN, estime que l’islam est compatible avec la République française, Frauke Petry, qui préside l’AfD, pense que cette religion n’a pas sa place en Europe. Enfin, si l’AfD et le FN surfent tous deux sur le thème des migrants, ils s’appuient sur une réalité très différente : « Un million de réfugiés ont été accueillis en Allemagne, contre moins de 20.000 en France. Outre-Rhin, l’accueil des migrants est une difficulté concrète, ce qui n’est pas le cas en France », insiste Isabelle Bourgeois.

Positionnement : Le poids de l’histoire

Le FN et l’AfD partagent (globalement) les mêmes idées, mais ces deux partis ne sont pourtant pas relégués à la même place sur l’échiquier politique. Quand la presse française classe le premier à l’extrême droite, les médias allemands qualifient le second de parti de la droite dure. Pour quelle raison ? « Le poids de l’histoire », répond Isabelle Bourgeois. Si le FN est né au début des années 1970 en se définissant lui-même comme un parti d’extrême droite, l’AfD est un mouvement beaucoup plus jeune : il a seulement trois ans d’existence et a toujours refusé d’être associé à l’extrême droite.

Il faut dire qu’outre-Rhin, la résonance n’est pas la même : « En Allemagne, l’extrême droite, c’est le nazisme », précise la chercheuse. Or, l’AfD n’est objectivement pas un parti nazi – il n’aurait d’ailleurs pas pu voir le jour si cela avait été le cas, le nazisme étant interdit par la Constitution allemande. Toutefois, certaines personnalités de la gauche allemande comparent régulièrement les dirigeants de l’AfD aux nazis, à l’instar du vice-chancelier Sigmar Gabriel, qui a notamment déclaré : « Tout ce qu’ils disent, je l’ai déjà entendu notamment de mon propre père, qui a été un nazi jusqu’à son dernier souffle ».

Leaders : Deux femmes, deux visions

Le FN et l’AfD ont d’abord été présidés par des hommes – Jean-Marie Le Pen et Bernd Lucke – avant d’être dirigés par des femmes – Marine Le Pen et Frauke Petry. Les similitudes ne s’arrêtent pas là. Au-delà de la guerre de succession qu’elles ont toutes deux livrée, Marine Le Pen et Frauke Petry partagent d’autres points communs, à commencer par le fait d’être des femmes actives – la première est avocate, la seconde, chef d’entreprise.

Mais c’est justement dans le domaine économique que leurs différences sont les plus flagrantes, comme le souligne le magazine participatif Cafebabel. Alors que Marine Le Pen préconise « la retraite à 60 ans, le protectionnisme, la nationalisation des banques ainsi que l’introduction de droits de douane afin de protéger la production française », Frauke Petry prône au contraire « davantage de liberté et de responsabilité individuelle au lieu de favoriser l’interventionnisme et la redistribution des richesses ».

Electorat : Mécontents vs Désespérés

Si elle gagne du terrain dans des régions plus prospères, comme dans le Bade-Wurtemberg, l’AfD enregistre ses plus gros scores – supérieurs à 20 % – dans l’ex-RDA communiste. Elle y séduit « les exclus du système, ceux qui n’ont pas ou peu de qualifications, ceux qui sont au chômage. Elle convainc plus particulièrement les jeunes et les hommes », détaille Isabelle Bourgeois. « L’AfD séduit également ceux qui pensent que leurs idées ne sont pas défendues par les partis traditionnels », ajoute l’experte.

Comme en France ? « Le FN a effectivement un fort écho auprès des laissés-pour-compte, mais pas seulement. Le parti séduit de nombreuses personnes de la classe moyenne qui sont objectivement de plus en plus déclassées », analyse Isabelle Bourgeois. La chercheuse résume ainsi la situation : « L’AfD est un vote de mécontentement en Allemagne, alors que le FN est un vote de désespoir en France. »

Céline Boff

20 minutes

Les recommandations de l'Institut Montaigne pour un « islam français »

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Création d'un « grand imam de France », taxe halal, enseignement de l'arabe… Le think-tank propose une série de solutions pour réformer l'islam de France. Nous avons soumis ces idées à l'imam de Bordeaux Tareq Oubrou et au recteur de la mosquée de Paris Dalil Boubakeur.

Le rapport «Un islam français est possible», publié par l'Institut Montaigne, think-tank libéral créé par Claude Bébéar, a déjà fait couler beaucoup d'encre, notamment par les chiffres avancés sur la pratique de l'islam en France. Mais les 120 pages de cette enquête ne se contentent pas de dresser le portrait des musulmans français, elles esquissent des pistes de recommandations. Pour l'auteur du rapport, l'entrepreneur Hakim El Karoui, ex-banquier chez Rothschild, membre du cabinet de Jean-Pierre Raffarin et soutien de Ségolène Royal en 2007, le système mis en place en 2003 avec la création du CFCM a montré ses limites et est incapable de répondre aux nouveaux enjeux de la radicalisation.

La philosophie générale du rapport est d'essayer de couper l'islam de France des pays étrangers, notamment du Maghreb, en créant les conditions de possibilité d'un financement et de formations françaises. Une idée «ridicule» pour l'imam de Bordeaux Tareq Oubrou, qui estime que le financement par des fonds étrangers ne pose pas de problème, tant que la traçabilité et la légalité des financements est prouvée. «On accepte bien l'argent du Qatar pour financer des équipes de football», déclare-t-il au Figaro. «Ce qui compte, c'est de contrôler les activités et les discours». Le recteur de la grande mosquée de Paris Dalil Boubakeur a le même avis: ««Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de couper tout lien entre l'islam de France et les pays étrangers. Dans la mondialisation dans laquelle nous vivons, il y a eu une entraide qui est légitime, pourvu qu'elle soit contrôlée et transparente.»

• Une taxe halal pour financer les mosquées

Pour faire sortir l'islam de France de la tutelle des États étrangers, le rapport préconise de mettre en œuvre un financement des mosquées par une redevance sur la consommation halal, qui serait perçue et centralisée par une «Association musulmane pour un islam français». Celle-ci serait la seule à pouvoir délivrer un certificat d'agrément de l'abattage halal, au lieu de trois mosquées aujourd'hui, liées à des états étrangers. L'association centraliserait également les dons des fidèles, pour les redistribuer dans le salariat des imams et le financement des lieux de culte.

L'idée d'une «taxe halal» pour financer l'islam français n'est pas nouvelle, et a été reprise récemment à droite, notamment par Nathalie Kosciusko-Morizet. Elle est loin de plaire aux responsables religieux musulmans. Pour Tareq Oubrou, cette mesure serait «une infraction à l'égard du droit français qui garantit que la fiscalité ne soit pas confessionnelle» et «contraire à la loi de 1905». Dalil Boubakeur, dont la grande mosquée certifie une partie de la viande halal, se dit lui aussi opposé à une centralisation des taxes, craignant un «détournement des fonds, qui coûtera de l'argent à une religion qui reste la plus pauvre de France et souffre d'un déficit de moyens.»

• La création d'un «grand imam de France»

L'Institut propose également l'élection d'un «grand imam de France», qui, à l'instar du «grand rabbin de France» ou du président de la conférence des évêques de France, serait chargé d'«exprimer une doctrine musulmane compatible avec les valeurs républicaines». Cette proposition a déjà été faite par l'islamologue Malek Chebel, mais aussi par l'imam de Drancy Hassen Chalghoumi. Pour Tareq Oubrou ce serait «idéalement» une bonne idée, mais l'imam de Bordeaux doute des moyens d'y parvenir. Dalil Boubakeur y est opposé: «J'estime que l'islam sunnite a supprimé le califat en 1922. La beauté de l'islam réside justement en son absence d'autorité religieuse unique qui puisse s'ingérer dans la liberté religieuse», affirme-t-il. «Le CFCM avait été créé pour assurer le dialogue entre les musulmans et l'Etat, sans être une instance décisionnaire».

• L'élargissement du concordat d'Alsace-Moselle à l'islam

L'exception concordataire permet à l'Alsace-Moselle de reconnaitre et de financer quatre cultes: catholique, luthérien, réformé et israélite. L'Institut Montaigne propose d'y rajouter l'islam. La proposition d'inclure l'islam revient souvent dans l'actualité: en 2006, une proposition de loi avait été déposée en ce sens à l'Assemblée par François Grosdidier, sénateur UMP de la Moselle, sans succès. Le recteur de la grande mosquée de Paris Dalil Boubakeur s'y dit très favorable. L'institut chiffre à 6 millions d'euros cet élargissement, qui permettrait la rémunération d'une soixantaine d'imams et la prise en charge d'édifices publics musulmans par les pouvoirs publics.

• Le développement de l'enseignement de l'arabe

Pour intégrer davantage les musulmans français, l'Institut recommande «d'enseigner l'arabe classique à l'école publique pour réduire l'attractivité des cours d'arabe dans les écoles coraniques». S'appuyant sur un sondage IFOP montrant que 67 % des musulmans désirent voir leurs enfants étudier l'arabe classique et 56 % qu'il soit enseigné à l'école publique, l'Institut Montaigne prône la valorisation des ELCO (enseignements de langues et cultures d'origine) et leur intégration aux sections internationales. «Je suis pour un islam de France pratiqué par des musulmans de culture française», rappelle Dalil Boubakeur. «Si certains veulent apprendre l'arabe, pourquoi pas. Mais ce n'est franchement pas la priorité.»

L'Institut préconise également de développer les statistiques religieuses, afin de mieux lutter contre les préjugés et les discriminations, mais aussi de «rédiger un ouvrage scolaire d'histoire commun avec l'Italie, l'Espagne, le Maroc, l'Algérie et la Tunisie, afin de mettre en perspective historique les apports mutuels et les convergences religieuses et culturelles entre les deux rives de la Méditerranée».

Le rapport est reçu avec frilosité par les instances officielles, qui préféraient que la réforme provienne des musulmans eux-mêmes. A noter cependant que selon l'enquête de l'Institut Montaigne, les institutions officielles sont de moins en moins représentatives des musulmans français. 9% d'entre eux seulement affirment connaître le CFCM. Seuls 16% des musulmans interrogés se sentent «proches» de Tareq Oubrou et Dalil Boubakeur, qui sont considérés comme des personnalités officielles et modérées de l'islam de France. Le plus controversé prédicateur suisse Tariq Ramadan est lui apprécié par 37% des sondés.

Musulmans de France : l’étude qui fait polémique

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Une enquête réalisée par l’Ifop sert de base à une étude de l'Institut Montaigne, qui esquisse un portrait des musulmans de France. Cette dernière a suscité de vives réactions.

Qui sont les musulmans de France ? Comment vivent-ils ? Quels sont leurs rapports à l'islam, à la société ? Alors que la vague d'attentats djihadistes et l'approche de la présidentielle enflamment les débats sur la place de l'islam, l'Ifop a tenté de répondre à cette question à travers un sondage conduit auprès de 1.029 personnes de confession ou de culture musulmane, extraites d'un échantillon de 15.459 métropolitains âgés de 15 ans et plus.

Cette enquête "inédite" de l'Ifop sert de base à l'Institut Montaigne, "think tank" d'obédience libérale, qui publie un rapport intitulé "Un islam français est possible".

28 % de rigoristes ?

L'Ifop a distingué trois grands groupes de musulmans en France, en fonction des pratiques des personnes sondées, de leur attachement à la laïcité, au port du voile ou à la viande halal.

Le premier groupe, largement majoritaire (46%), compte des musulmans "soit totalement sécularisés, soit en train d'achever leur intégration" sans renier leur religion. Un deuxième groupe, représentant 25%, est plus pieux et plus identitaire tout en rejetant le voile intégral.

Le dernier groupe, que l'Ifop évalue à 28%, réunit des croyants qui ont "adopté un système de valeurs clairement opposé aux valeurs de la République", s'affirmant "en marge de la société". Les jeunes, les moins insérés dans l'emploi et les convertis sont les plus disposés à adhérer à ce modèle, jusqu'à 50%.

5,6 % des habitants de métropole

En outre, le rapport publié par l'Institut Montaigne est parfois à rebours de certaines idées reçues. Il avance par exemple qu'en France, pays qui compte la plus importante communauté musulmane d'Europe, les musulmans comptent pour 5,6% des habitants de métropole (entre 3 et 4 millions), soit un pourcentage "moins important que ne l'avancent bon nombre de chiffres fantaisistes", souligne en avant-propos Hakim El Karoui, ancien conseiller de Jean-Pierre Raffarin à Matignon et ex-président de l'Institut des cultures d'islam.

Mais ils sont 10% des moins de 25 ans, "signe de la prégnance croissante de la deuxième religion du pays auprès des jeunes générations". L'âge moyen s'établit à 35,8 ans (il est de 53 ans chez ceux qui se déclarent chrétiens et de 43 ans pour les "sans religion").

Pas de "communautarisme musulman unique et organisé"

Une écrasante majorité des musulmans interrogés - aux trois quarts de nationalité française - ne refusent pas la mixité, acceptant de se faire soigner par un médecin (92,5%) du sexe opposé.

Côté pratiques, deux traits saillants très largement partagés : 70% des personnes interrogées déclarent "toujours" acheter de la viande halal et 65% sont favorables au port du foulard.

La question du voile est toutefois plus clivante : 65% des femmes musulmanes ne le portent pas. Quelque 37% des personnes de culture musulmane considèrent que les jeunes filles devraient pouvoir porter le voile au collège et au lycée et 24% sont favorables au port du niqab.

La fréquentation des 2.500 mosquées est plus faible qu'on ne le pense souvent : 30% des musulmans interrogés ne s'y rendent jamais, et autant ne le font au mieux que lors des grandes célébrations du ramadan.

En résumé, "la question sociale est la priorité des musulmans interrogés, bien avant les questions religieuses ou identitaires". Il n'y a pas de "communautarisme musulman unique et organisé".

Vives réactions

Réagissant sur le Forum Radio J, Bruno Le Roux, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale et proche de François Hollande, a souhaité "que les musulmans de France puissent vivre tranquillement leur foi en rupture avec toute intervention extérieure", jugeant "inquiétant" ce chiffre de 28% de musulmans présentés comme en marge de la société.

"28% des musulmans de France contre nos valeurs. Et on veut encore nous faire croire au #VivreEnsemble?", a tweeté Robert Ménard , maire de Béziers proche du Front national. Pour Anouar Kbibech , président du Conseil français du culte musulman, ce chiffre est "totalement déconnecté de la réalité".

Sur son blog, le candidat à la primaire de la droite Alain Juppé a estimé que, face à ce "durcissement de la religion musulmane", il fallait bâtir "un Etat fort", combattre "les amalgames" et inciter "la majorité silencieuse des musulmans" à s'impliquer dans la construction d'un islam de France.

Autre candidat à la primaire, François Fillon a relevé au "Grand rendez-vous" Europe1/iTELE/Les Echos "une sorte de dynamique en faveur de la radicalisation", militant en faveur de "statistiques pour pouvoir avoir les moyens de traiter un sujet qui est celui de l'islam radical".

De son côté, Cécile Duflot a souligné dimanche sur BFMTV qu'"une immense majorité des musulmans de ce pays vivent normalement". La candidate à la primaire écologiste a appelé à ne pas "agiter les peurs" avec ce type d'études statistiques, en l'absence d'un travail sociologique approfondi.

Les Echos

Islam : les militants du FN attendent plus de Marine Le Pen

Contrairement à nombre de ses militants et à Éric Zemmour, la candidate du FN considère cette religion comme compatible avec la République.

Dans son discours de clôture des Estivales de Fréjus, Marine Le Pen a critiqué les méfaits de la mondialisation, parlé des agriculteurs, des policiers, des commerçants, des « espèces exterminées », et du droit des femmes. Mais ce dimanche à Fréjus, la présidente du Front national, qui avait été la première à mettre les mots « islamisme radical » sur les attentats de Charlie, n'a pas prononcé une seule fois les mots « islam » ou « islamisme », comme l'ont fait les cadres du parti lors des différentes tables rondes sur l'immigration ou le terrorisme.

Le fondamentalisme islamique éludé 

 Si les candidats Les Républicains à la primaire réclament l'internement des fichés S ou le contrôle du culte musulman par l'État, la question du fondamentalisme islamique est éludée par la présidente du Front national. Cette dernière se contente de l'évoquer de manière implicite par l'angle du souverainisme, de la laïcité et de l'égalité des sexes. Pour elle, la perte de contrôle de nos frontières entraîne une « immigration massive bouleversant tous les acquis de la laïcité, de la libération des femmes et du pacte républicain ».

Marine Le Pen, annoncée qualifiée au second tour mais qui ne serait pas élue présidente selon la plupart des études d'opinion, cherche ainsi plus à rassurer et rassembler tous les Français derrière elle, quelle que soit leur religion, ou leur origine, qu'à flatter les bas instincts de ses militants. Elle laisse le terrain aux Républicains, convaincue que sur l'islam, le FN n'a pas à donner de gages d'hostilité. La candidate de la France apaisée a même répondu par l'affirmative lorsqu'un journaliste lui a demandé si l'islam était compatible avec la République, le 11 septembre sur TF1.

 « Cheval de Troie chevènementiste »

Une position qui lui a valu de violentes critiques dans le dernier ouvrage du polémiste Éric Zemmour. « Elle se trompe de combat, elle a vingt-cinq ans de retard. Le combat de la souveraineté n'est pas méprisable, il est indispensable. Sauf qu'une République islamique française pourrait être souveraine, mais ce ne serait plus la France », écrit-il. Il a également accusé la patronne du FN d'être une candidate « de gauche »,  « complètement endoctrinée par Philippot », ce « cheval de Troie chevènementiste ».

À Fréjus, ces attaques ont été minimisées par la patronne du FN et son bras gauche, Florian Philippot, qui concèdent seulement « des accords et des désaccords ».

Il faut dire que sur l'islam, les militants du FN semblent plus sensibles au discours musclé d'Éric Zemmour qu'à celui, beaucoup plus policé, de Marine Le Pen.

Rand A. Khalek, Hugo Domenach

Le Point

Allemagne : "La digue anti-extrême droite a cédé" - Entretien avec Ulrike Guerot *

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Analyste renommée, engagée dans le dialogue franco-allemand et la construction européenne, ancienne collaboratrice de la Commission Delors, Ulrike Guerot était déjà convaincue, lorsque je l'ai rencontrée la semaine dernière à Berlin, de la nouvelle percée de l'AfD lors des élections de ce dimanche dans la capitale fédérale. Cette poussée de la droite radicale, qui même une rhétorique anti-euro et anti-migrations, ne concerne pas seulement les campagnes délaissées des Länders de l'Est. Elle touche désormais tout le pays, perce à chaque scrutin et entre ainsi, pour la première fois, au Sénat berlinois. Avec un score un peu inférieur aux 13 ou 14% que prédisaient les sondages, mais avec un score néanmoins surprenant. L'AfD sera protagoniste de la prochaine campagne pour les législatives, dans un an, et on peut parier sans se risquer qu'il entrera au Bundestag. Fragmentant encore un peu plus l'échiquier politique allemand, comme il ne l'a jamais été depuis la guerre. D'où vient l'AfD? Menace-t-il Merkel? C'est ce qu'on a demandé à Ulrike Guerot fondatrice du think tank European Democracy Lab.*

Comment décrire l’évolution de l’AfD et sa percée à chaque élection locale ?

Il faut remonter à la naissance du parti. J’ai fait des études avec Bernd Lucke, un des cofondateurs de l‘AfD, qui a quitté le parti l’an passé. C’est très intéressant parce qu’il ne répond pas au profil du populiste. C’est un professeur d’économie, renommé, distingué. Quand on était au cœur de la crise de l’euro, 2012, le FDP, les Libéraux, se dissociaient du gouvernement et des plans d’aide à la Grèce. Alors un vide politique s’est créé. On a senti qu’il y avait un courant conservateur national qui refusait l’aide à Athènes. Et qui se sentait, à tort à mon avis, trahi juridiquement parce qu’ils considéraient le plan d’aide contraire aux engagements de l’Allemagne. Ce n’était pas la promesse du traité de Maastricht. C’était un argument légal que l’on peut contester eu égard à l’opportunité politique, mais il était construit. Le FDP a dû serrer les rangs au sein du gouvernement de coalition, ce qui a créé un vide pour un parti défendant cette position.

C’est le premier sillon creusé par l’AfD ?

Oui, c’est là que débute la trajectoire de l’AfD, avec Bernd Lucke, un milieu bourgeois, totalement intégré à l’establishment, masculin et conservateur. Bernd Lucke voulait reconstruire un parti conservateur allemand, comme dans l’Allemagne de Weimar. Mais il avait le sentiment que tous les partis populistes en Europe, Le Pen ou Wilders, mêlaient deux lignes. Une ligne anti-euro, et une ligne anti-migration. Alors que l’AfD première manière était exclusivement anti-euro. Et Lucke a fait barrage lorsque les milieux du NPD, le parti néo-nazi, Leo Sarrazin et consort ont voulu l’approcher.

A quel moment la mue s’est-elle opérée ?

Avec la crise des réfugiés, la digue entre ces deux lignes a cédé. Du coup, Bernd Lucke a été évacué. Frauke Petry et son équipe ont pris le parti, et l’AfD est devenu comme les autres partis populistes, anti-euro et anti-immigration. Il s’ouvre sciemment à cet électorat plus radical.

 

C’est la fin du tabou de l’après-guerre, du barrage anti-extrême droite ?

C’est la fin du tabou, oui. Et le fait même que Frauke Petry ait donné une interview dans laquelle elle lève le tabou sur l’usage du mot völkisch, c’est la fin de ce tabou (qui a inspiré les idéologies racistes en Allemagne à la fin du XIXè siècle et au début du XXème). Elle a quarante ans, c’est une jolie femme, en jupes courtes, cela joue bien sûr. Elle a quatre enfants, elle répond à toutes les cases. Elle est très intelligente, et elle a été promue par une fondation qui promeut les young leaders.

C’est une perçée à l’Est et à l’Ouest ?

L’AfD s’est établi, et maintenant incrusté. Pour Berlin, par exemple, les élections montrent un nivellement. Cela signifie que le système partisan en Allemagne est en plein éclatement. Tous les mécanismes de coalition qu’on connaissait, Libéraux-SPD, Libéraux-CDU, CDU-SPD… sont remis en cause. On arrive à des mécanismes de coalition un peu bizarres, Rouge Vert Jaune, ou Vert Noir. Il y a un effritement des partis de gouvernement et du système lui-même.

C’est aussi une crise du SPD ?

Oui, comme en France, on assiste à une crise de la gauche, avec ses divisions. On retrouve la fracture des années 1920 avec les communistes. Les ouvriers se sentaient trahis, et les populistes de l’époque se disaient national-socialistes. Ils combinaient le national et le social. C’est exactement ce que l’AfD prétend faire. En réalité, le programme économique est complètement néo-libéral, pas de protection sociale pour les femmes célibataires, mais ils prétendent un positionnement social. En Allemagne le sentiment est diffus que le SPD ne s’occupe pas des couches pauvres, qui du coup, poussent les délaissés de la mondialisation dans les bras des populistes. Il faut nuancer, cependant. L’AfD se nourrit de deux parties de la population. Il y a les perdants de la globalisation, souvent en milieu rural ou à l’Est, dans les centres périurbains. Les gens qui ne sont pas mobiles. Statistiquement les deux critères déterminants sont le bas niveau d’éducation, et les hommes. Ce qu’on retrouve cher Hofer en Autriche.

L’autre élément ?

C’est une forme de ressentiment de la classe moyenne plus ou moins aisée. Les professions libérales, ou même chez les professeurs, c’est un sentiment de stagnation salariale. Ils veulent garder ce qu’ils ont, surtout pas partager par la peur du déclassement. C’est un autre électorat, un autre mécanisme. Les deux milieux convergent sur l’AfD.

Est-ce que cela va durer ?

Oui. Je pense que cela va monter encore, y compris à l’Ouest. On l’a vu à Hanovre. A Berlin maintenant. Il y a une dialectique entre la classe politique qui ne veut pas regarder la réalité, et plus elle se replie sur elle-même et écarte l’AfD du débat politique, au lieu de prendre au sérieux la critique qui est portée, plus le ressentiment est fort. La dévalorisation de l’AfD fait son jeu.

Merkel est vraiment menacée ?

Oui, elle est menacée, mais pour l’instant il n’y a pas d’alternative. La CDU n’a pas de candidat alternatif. Au SPD, Sigmar Gabriel est hors-jeu. Dans un raisonnement de grande coalition, il n’y a pas d’alternative. Merkel joue la carte de l’alliance avec les Verts, c’est ce qui se chuchote à Berlin depuis un moment. Cela rallierait conservateurs et progressistes sur l’énergie. C’est en gestation depuis deux ou trois ans, mais il faut attendre pour savoir si c’est un projet viable. Ce serait la troisième option d’Angela Merkel, capable de gouverner avec tout le monde. Est-ce bon pour elle ? Pas si sûr, on peut retourner l’argument aisément. Selon moi elle est vraiment menacée, parce que la CSU est de plus en plus tendue.

Au point de déteindre sur des franges de son parti, la CDU ?

Absolument. Mais j’entends dire parmi les jeunes députés CDU une certaine lassitude de Merkel, parce qu’ils savent qu’ils risquent leur députation l’an prochain. Dans les calculs qui circulent actuellement, la CDU pourrait perdre jusqu’à 90 députés, surtout des jeunes entrés au Bundestag la dernière fois. Il n’y a pas de figure alternative, mais sa base de pouvoir est en train de se dégrader.

Ouest France

Yannick Moreau : « Les migrants de Calais reviendront »

Boulevard Voltaire

Enquête sur l’islam en France

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Le JDD vient de publier une intéressante étude sur l’islam en France. Réalisée par l’IFOP pour l’institut libéral Montaigne, elle donne, malgré l’échantillon un peu restreint (874 musulmans), une idée assez précise de la situation. Seule surprise, les musulmans seraient moins nombreux que prévu : 3 à 4 millions (notez l’imprécision !) et non 6,5 millions comme on le pensait. Mais ils seraient 5,6 % des moins de 15 ans et 10 % des moins de 25 ans. Ce décalage énorme entre les deux chiffres montre que les migrants font, au minimum, doubler le nombre de fidèles du Prophète. Il donne des arguments à ceux qui s’inquiètent du remplacement des chrétiens par des mahométans et démontre l’urgence de la maîtrise de l’immigration. En outre, 25 % des musulmans sont étrangers (énorme !). Nous « importons » massivement des tenants de cette religion.

Un chiffre n’est pas une surprise sauf pour les biens-pensants : il y a deux fois plus de personnes qui quittent l’islam que de convertis. Beaucoup, révoltés par les attentats ou évoluant dans une société ouverte et tolérante, remettent en cause les dogmes de leur foi.

Ils deviennent plus souvent athées que chrétiens (ou bouddhistes). Les biens-pensants censurent ce genre d’information qui est contraire à leur doxa. Ils n’imaginent pas que la religion devant laquelle ils s’extasient devienne si repoussante aux yeux de certains de ses fidèles.

 46 % des musulmans sont sécularisés, 26 % sont pieux mais rejettent le voile intégral (mais sans doute exigent le hijab !) et 28 % ont des croyances pudiquement qualifiées d’opposées aux valeurs de la République. Ce dernier chiffre est très inquiétant ! Nous avons plus d’un million d’intégristes sur notre sol. Sans doute la grande majorité de ces derniers sont opposés aux attentats, mais le terrorisme islamiste possède, là, un vivier extrêmement important.

Pendant les années de plomb en Italie, les milieux d’extrême gauche où se recrutaient les assassins qui ont fait régner la terreur pendant dix ans piochaient dans une masse vingt fois moins importante ! 60 % des musulmans demandent l’autorisation du voile à l’école. 80 % des croyants veulent manger halal. Ces chiffres sont cohérents avec les données précédentes et prouvent que les musulmans qualifiés de pieux, mais pas intégristes, ont en fait une vision rigoriste de leur culte, et que la différence entre les deux catégories est mince.

Enfin, un certain rattrapage social a lieu. Le pourcentage des diplômés est supérieur aux attentes, vu l’origine sociale des sondés. C’est une bonne nouvelle car les radicaux islamistes se recrutent principalement chez ceux qui font le moins d’études.

En conclusion, cette étude est finalement conforme à ce qu’on attendait : les musulmans représentent 10 à 12 % des 20-30 ans (ce qui donnera, à terme, leur pourcentage en France) mais ce chiffre ne cesse d’augmenter avec l’immigration. Enfin, la moitié d’entre eux sont religieux (contre 15 % des chrétiens).

Christian de Moliner

Boulevard Voltaire

Avenue du muslim, le dernier cri de la mode islamique

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site avenuedumuslim.com, il vaut le détour.

Hijabs, jilbabs saoudiens, abayas, bas et gants opaques assortis, faites votre choix et gagnez du temps : seulement 7 couleurs unie, toutes foncées ! Vous avez choisi l’abaya prune et avez soudain envie de faire plaisir à votre petite fille de deux ans ? Prenez-lui le chatoyant jilbab sarouel gris grâce auquel elle n’aura plus les cheveux au vent, il n’y a que lui. Vos copines vont en pâlir d’envie. Que vous compléterez avec Mon prophète Muhammad pour l’aider à s’endormir. Pour votre fils gymnaste, vous allez hésiter entre d’élégants et très confortables sarouels, entrejambes ultra-larges et super descendants – trop cool – ou un kami jogging noir, il va adorer. Ainsi que la veilleuse coranique pour sa prière du soir. Tant que vous y êtes, n’oubliez pas votre mari.

Pour lui, une longue robe à manches courtes noire et blanche, cela s’appelle un kami. Qui a dit que ce n’était pas sexy ?

 Je me moque un peu, je l’admets. Tout de même, comme preuve de l’absence de joie de vivre et de modernité de l’islam, c’est plutôt réussi ! Des formes aux couleurs en passant par la variété de choix ou leur élégance que ne lui envierait pas Chanel et Saint Laurent, et il faudrait se demander comment nous avons pu si longtemps nous en passer ? Côté littérature, c’est même le pompon. Entre autres lectures – dont les incontournables Coran, hadiths et tajwid -, Les Délices du paradis et L’Enfer et ses supplices, pour toute la famille, et pour vous, madame, Les Qualités de l’épouse vertueuse, avec son corollaire Le Recueil de fatwas concernant les femmes. À côté, Montaigne, Rousseau et Hugo peuvent aller se rhabiller ! Aucune chance, évidemment, de vous ruer sur Cinquante nuances de Grey !

À la Belle Époque, les dames sortaient la taille serrée dans leurs robes à crinoline et les messieurs portaient beau le costume trois pièces et le chapeau. Le XVIIe siècle a vu fleurir corsages à baleines, robes-manteaux pour la gent féminine et éclatants pourpoints pour la masculine ; les années soixante, la mini-jupe, et les seventies les pattes d’eph’. L’histoire de la mode française est riche et continue, somptueuse ou sexy, elle é-vo-lue… Mais pas la mode islamique !

Et dire que c’est nous que politiques et médias traitent de rassis et de moisis ! Pire : c’est nous qui fantasmons la prolifération des signes islamiques dans les espaces publics… La mode islamique figée au temps du Prophète, sombre, uniforme et triste, intolérante et sexiste, mais cela ne leur met toujours pas la puce à l’oreille… À moins que reluquer les femmes en « jilbab assalafiyat de portage », ils adorent !

Où se trouve le siège de cette collection dernier cri, Avenue du muslim ? En Arabie saoudite ? À Bezons, dans le Val-d’Oise ! Vous avez dit « avancées », « progrès », « évolution » ?

Caroline Artus

Boulevard Voltaire

Que retenir de l'enquête sur les musulmans de France

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Religion, famille, politique... Réalisé par Hakim El Karoui après une enquête de Ifop pour l'Institut Montaigne, un rapport publié en exclusivité par les JDD renseigne sur la sociologie et le mode de vie des musulmans de France, en 2016.

 

Des chiffres pour dépassionner le débat. C'est l'objectif du rapport du consultant Hakim El Karoui, de l'Institut Montaigne, après une enquête de neuf mois réalisée par l'Ifop, que publie le JDD dimanche et qui s'attache à esquisser une sociologie des musulmans de France, dans un contexte où les amalgames sont nombreux.

A commencer par leur nombre, souvent exagéré par les théoriciens catastrophistes du "grand remplacement" qui estiment que 8 à 10% des Français seraient de confession musulmane. Selon les estimations de l'Institut Montaigne, ils seraient entre 3 et 4 millions, avec un âge moyen de 35,8 ans. Plus de cinq musulmans de France sur six (84%) ont moins de 50 ans. A noter que la moitié d'entre eux sont nés Français, et qu'ils sont 74% à être de nationalité française.

Rejet de la polygamie à 75%

Deux musulmans de France sur trois (66%) accordent une grande importance à la religion. C'est le même nombre qui pensent que la laïcité permet de pratiquer librement sa religion. La foi, d'ordre privé? Pour 84%, la réponse est oui.

Plus de la moitié des personnes de confession musulmane vivent en couple (55%), parmi lesquels les trois quarts (77%) le sont avec un conjoint musulman. Concernant la famille, ils sont 75% à considérer qu'il est normal que la polygamie soit interdite en France. Six musulmans sur dix (59%) pensent qu'une femme doit pouvoir choisir librement d'avorter.

Davantage de discrimination depuis les attentats

Une majorité occupe un emploi en CDI (55%), un sur dix (10%) est fonctionnaire. En revanche, ils sont dans l'ensemble moins diplômés que les chrétiens, juifs, personnes d'autres confessions ou athées en France : 41% ont un diplôme inférieur au baccalauréat et 15% n'ont aucun diplôme.

Conséquence des raccourcis de certains, 38% se sentent plus discriminésqu'avant les attentats de 2015. Ils sont 58% à estimer que le niveau de discrimination est équivalent. Quatre musulmans sur cinq (82%) considèrent qu'il y a trop d'impôts en France, où ils trouvent également à 74% que les inégalités sociales sont trop nombreuses.

Enfin, au niveau politique, 45% ne se situent ni à droite ni à gauche de l'échiquier politique, quand 30% se disent de gauche et 18% de droite. Près de la moitié (47%) pensent possible qu'un Français de confession musulmane puisse devenir président de la République dans les dix prochaines années.

ENQUÊTE réalisée par téléphone, entre le 13 avril et le 23 mai 2016, auprès de 1.029 personnes de religion ou d'ascendance musulmane extraites d'un échantillon national représentatif (méthode des quotas) de 15.459 personnes âgées de 15 ans et plus, résidant en métropole. Les personnes de religion ou d'ascendance musulmane se répartissent ainsi : 874 de religion musulmane et 155 non musulmanes ayant au moins un parent d'ascendance musulmane. Les quotas ont été définis à partir des données du recensement (Insee 2012).

Le Jdd