Ils sont déployés au Levant, dans le cadre de l’opération Chammal, pour lutter contre Daech, en fournissant notamment un appui aérien aux forces irakiennes. Mais ils sont aussi au Liban, sous le béret bleu des Nations unies. Ils parcourent inlassablement la bande sahélo-saharienne, comme le faisaient autrefois leurs grands anciens, le cheval-vapeur ayant remplacé le dromadaire. La semaine dernière encore, à des milliers de kilomètres de la France et des années-lumière des achats de Noël, un « groupement tactique désert infanterie » conduisait une opération d’envergure à l’extrême nord du Mali, dans la région de Boughessa-Tin Zaouaten.
Ils sont prépositionnés, principalement en Afrique, dans des pays avec qui la France a signé des accords de défense : Gabon, Sénégal, Djibouti, Émirats arabes unis. Ils constituent les forces de souveraineté, loin de la métropole, dans nos départements et collectivités d’outre-mer (DOM-COM). Certains d’entre eux pourchassent les orpailleurs clandestins dans la forêt guyanaise.
Loin de la métropole, ils sont aujourd’hui 20.000 hommes et femmes, pour quatre, six mois, parfois plus. 20.000 se préparent à les relever.
Ils patrouillent au large de nos côtes pour assurer l’action de l’État en mer. Ils rôdent sous les océans, prêts à déclencher l’apocalypse. Ils surveillent le ciel français.
Ils sont prêts à intercepter tout aéronef qui n’a rien à y faire. Ils attendent l’ordre du chef des armées pour monter dans leur Rafale ou leur Mirage 2000 afin d’aller délivrer le feu nucléaire, s’il le fallait.
Ils patrouillent dans nos villes – 8.000 environ -, sentinelles infatigables, ne connaissant pas les 35 heures et le droit de retrait.
Ils interviendront sur les accidents de la route des pochtrons du petit matin ou pour maîtriser le forcené qui veut dessouder sa famille parce que la dinde était trop cuite. Ils sont – comme on dit dans le jargon – « prêts à, en mesure de » faire face à une nouvelle attaque terroriste islamiste. Ils sont les gendarmes à qui on demande bien plus que de courir après les voleurs de poules, comme dans La Pastorale des santons.
Ils sont quelque part dans le monde, au milieu d’un désert, d’une brousse, d’une banlieue transformée en champ de ruines. Je n’en sais rien. J’imagine. Ils sont les forces spéciales, l’armée de l’ombre.
Ils vont quand même passer « les fêtes » dans leur garnison. Certains au quartier, comme à la Légion, officiers, sous-officiers et légionnaires réunis, ce 24 décembre soir, après le concours de crèches et la messe du « Padre », n’en déplaise aux amputés de l’âme.
D’autres, enfin, seront en famille. Tout de même. Et ils l’ont bien mérité, parfois après avoir été absents plus de 200 jours de la maison en 2016.
Ils sont les soldats, les marins, les aviateurs et les gendarmes de France. Joyeux Noël à eux.
Georges Michel
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