Le jour de son discours très attendu au Congrès de son parti, la CDU, Angela Merkel se serait bien passée de cette affaire.
Le jour de son discours très attendu au Congrès de son parti, l'Union chrétienne-démocrate (CDU), Angela Merkel se serait bien passée de la polémique. Mais l'arrestation, vendredi, d'un réfugié afghan de 17 ans soupçonné d'avoir violé et tué une étudiante à Fribourg a forcé son gouvernement à réagir. « Nous parlons de l'acte présumé d'un seul réfugié afghan, pas d'un groupe entier de gens qui sont, comme lui, Afghans ou réfugiés », a insisté lundi son porte-parole Steffen Seibert.
Le matin, dans les colonnes de « Bild Zeitung », le chef du syndicat de la police (DPolG) avait fait le lien entre l'arrivée de 900.000 demandeurs d'asile l'année dernière et ce fait divers, s'attirant les foudres du parti social-démocrate (SPD). « Cette victime et beaucoup d'autres auraient pu être évitées si notre pays avait été préparé aux dangers qui vont de pair avec une immigration massive », avait déclaré Rainer Wendt au quotidien populaire.
Virage à 180 degrés
Depuis, la chancelière a opéré un virage à 180 degrés. Grâce à la fermeture de la route des Balkans, utilisée l'an dernier pour gagner l'Europe depuis la Syrie, et l'accord entre la Turquie et l'Union européenne (UE) , l'Allemagne ne devrait accueillir cette année « que » 300.000 demandeurs d'asile. Par ailleurs, la direction de la CDU a adopté lundi après-midi une résolution facilitant le renvoi aux frontières d'étrangers n'ayant pas obtenu le droit d'asile.
Débat sur le rôle des médias
Mais le cas du viol de l'étudiante Maria, qui s'était engagée bénévolement en faveur des réfugiés, risque de semer le trouble dans la société et de raviver la querelle avec le parti frère, la CSU bavaroise. Le président de celui-ci, Horst Seehofer, a repoussé lundi l'adoption d'une résolution demandant un plafond de demandeurs d'asile par an pour l'Allemagne, qu'Angela Merkel refuse catégoriquement. Il a justifié ce report par l'arrestation du violeur présumé.
Cette arrestation a également suscité un débat sur le rôle des médias, la chaîne de télévision publique ARD s'étant vue reprochée de ne pas y consacrer de sujet lors du journal télévisé de samedi. La direction de la rédaction a justifié sa décision en rappelant notamment qu'elle ne couvrait pas les faits divers de manière générale. Après les agressions de la Saint-Sylvestre, les médias avaient été critiqués pour avoir traîné à couvrir le sujet de manière large.
Thibaut Madelin, correspondant à Berlin