Sous le titre « Marine Le Pen, version 0.2 light », le polémiste Guillaume Faye revient sur l’interview donnée par Marine Le Pen, présidente du Front national, à l’hebdomadaire Valeurs actuelles. Un entretien qui est apparu pour beaucoup comme une nouvelle tentative pour Marine Le Pen de « recentrer son discours », à contre-courant donc, d’un électorat qui l’attend principalement sur le terrain de la lutte contre l’immigration, l’islamisation et l’insécurité.
Marine Le Pen a accordé à Valeurs actuelles (07–13/ 07/ 2016) une de ses plus importantes interviews. En couverture, l’hebdomadaire a titré : « Ce qu’elle n’a jamais dit ». En effet, elle se lâche et révèle enfin ses vraies idées : un choix aseptisé, politiquement correct et bien–pensant, en net recul par rapport à ce que furent les positions du Front national sur l’immigration, l’islamisation et la restauration de l’identité de notre pays. L’interview révèle un alignement sur la moralité idéologique de la classe politique. Ses positions, alliées à une stratégie improvisée de sortie de l’Euro et à un programme économique social-étatiste vieillot et amateuriste, risquent de démobiliser on électorat.
Le refus de l’identité ethnique française
À la question « reprendriez–vous à votre compte la phrase du général de Gaulle sur ”la France pays de race blanche” qui a valu à Nadine Morano d’être sanctionnée par son parti ? », Marine Le Pen se désolidarise de cette expression et la condamne, approuvant ainsi implicitement Sarkozy qui avait sanctionné Nadine Morano. Elle ajoute : « je ne souhaiterais pas que nos compatriotes d’outre–mer se sentent blessés par un propos mal interprété. Je n’ai pas une vision raciale du peuple français. Que l’on soit noir ou blanc de peau, qu’on vienne des îles ou de l’Ardèche, on est français ». Plus loin, elle se démarque d’une « vision racialiste de la France », à laquelle elle oppose sa « vision républicaine qui est aussi celle du Front ». Or cette notion de ”république”, qui désigne un régime, ne se confond pas avec l’identité de la France. Et il est insultant et scandaleux de traiter de ”racistes” ou de ”racialistes”, termes diabolisants, celles et ceux qui affirment l’identité ethnique de leur pays. Marine Le Pen aurait-elle été approchée ou intimidée par les lobbies ”antiracistes” ?
Quant à l’expression ”France, pays de race blanche”, elle ne relève en rien d’un racisme méprisant. C’est une réalité historique millénaire. De Gaulle (un raciste ?) voulait dire par là que la France a vocation à être très majoritairementde race blanche. Et qu’une immigration massive extra-européenne pouvait être ravageuse. En quoi de telles remarques choqueraient-elles nos compatriotes d’outre-mer ? Si je dis que le Sénégal est un pays de race noire (il possède aussi une minorité de citoyens blancs), est-ce choquant ? Ou le Qatar un pays arabe, est-ce condamnable ? Ou le Japon, un pays de race jaune ? En réalité, Marine Le Pen essaie de faire opérer au FN un recentrage, une reculade face à la dictature de l’idéologie dominante. Calcul pour plaire à l’oligarchie, mais mauvais calcul. (1)
Profil bas face à l’islam
Encore plus significatif : sans dire un mot sur l’islamisation catastrophique du pays, sans faire la moindre allusion aux racines chrétiennes, principalement catholiques, de la France, elle précise que le Front national « est un mouvement aconfessionnel » et qu’il « défend tous les Français quelles que soient leur origine et leur religion ». Les seuls points positifs de son discours, – d’ailleurs très discrets– l’abrogation du droit du sol et de la double nationalité, ne compensent pas cet alignement sur la vulgate politiquement correcte.
Marine Le Pen donne l’impression de se rallier à l’idée d’une France multiraciale, pluriethnique, avec présence massive et assumée de l’islam. Elle semble même plus proche sur ce point des socialistes que de l’aile droite des Républicains ! On dira qu’elle est sous l’influence de Florian Philippot ; même pas sûr. Elle peut céder aussi à une forme de peur, de soumission…
Dans ses propos elle ne s’intéresse (comme cet ”UMPS” qu’elle a brocardé tout en ralliant une bonne partie de ses idées) qu’à la lutte contre l’islamisme terroriste et à l’organisation d’un islam de France cool et sympa (utopie stérile) sans vouloir le moins du monde désislamiser la France et inverser l’invasion migratoire de colonisation. Ce discours ”recadré” est un très mauvais signal lancé aux électeurs de tous bords qui voyaient dans le Front national un ultime recours, un secours, un rempart contre l’immigration et l’islamisation, et toutes leurs conséquences catastrophiques. La déception ne va pas tarder à se faire sentir si Marine Le Pen persiste sur cette ligne light. Le FN fondra comme un glaçon au soleil.
Pédale douce sur l’immigration
Comme par hasard, dans cet entretien à Valeurs actuelles, Marine Le Pen est très peu diserte sur l’invasion migratoire qui a pris des proportions géantes depuis deux ans avec la crise des ”migrants” (envahisseurs). Elle insiste infiniment moins sur l’immigration que le FN de son père dans les années 80, alors que la situation était beaucoup moins grave ! Même Pierre Lellouche (député LR de Paris) tient des propos beaucoup plus fermes que Marine Le Pen sur le sujet, dans le même numéro de Valeurs actuelles !
Elle ne dit rien sur la nécessité de verrouiller les frontières, d’expulser tous les clandestins et d’assécher la pompe aspirante des allocations, rien sur la préférence nationale. On dirait que son discours s’est encore affadi depuis quelques mois ! Mis à part les délires sur la sortie de l’Euro et les propositions économiques social–étatistes rétrogrades concoctées par des conseillers déconnectés du monde économique, son discours sur les sujets centraux –identitaires– qui mobilisent son électorat se rapproche toujours plus de la soupe tiède d’Alain Juppé et des centristes.
Elle n’incarne plus en rien une rupture avec le système, mais un esprit de compromission flou et politicien, en abandonnant les fondamentaux du FN, qui étaient centrés sur la résistance à la colonisation migratoire et islamique.
Moralement choquée, dans ses habits neufs de bien pensante, elle a rejeté la notion de « grand remplacement », expression de bon sens de l’écrivain Renaud Camus décrivant le bouleversement démographique actuel ; elle nie ainsi l’évidence de l’immigration invasive de colonisation de peuplement, afin de se conformer à l’idéologie antiraciste et de se donner une image présentable. Elle a cru que c’était habile politiquement alors que c’est suicidaire pour le Front national. Le terme de trahison peut aussi être pertinent. Celui d’erreur historique l’est plus encore.
Marion–la–menace
Sur sa nièce, dangereuse rivale, Marion Maréchal–Le Pen, qui est en lourd désaccord avec elle –secret de Polichinelle– et qui a voulu ressusciter dans le midi la fête des BBR, symbole de l’exclu Jean–Marie Le Pen, la présidente du FN dit en langue de coton : « elle est un peu rigide parfois et doit développer son sens du jeu collectif ». Ce qui signifie en traduction : ” elle a des opinions trop identitaires qui s’opposent au miennes ; elle doit rentrer dans le rang et obéir à la nouvelle ligne recentrée.”
Il est à prévoir que la césure, pour ne pas dire la scission, entre la ligne Marine/Philippot et la ligne Marion éclatera après la présidentielle de 2017. Quand Marine Le Pen perdra la présidentielle (défaite inévitable compte tenu de son programme) avec un score décevant, sans être même assurée d’être présente au second tour, le Front national chancellera ou éclatera et Marion Maréchal-Le Pen pourrait le refonder. Cette jeune femme, déjà députée, qui rompt avec les règles symboliques et idéologiques du monde politique, objet de jalousies, va créer des surprises. On ressent sa réticence à la ligne politique aseptisée de la direction du Front national. Dans les prochaines années, elle peut jouer, en plus fort, le rôle d’egregor féminin qui aura été celui de sa tante. Dans l’inconscient national, il se peut même qu’elle évoque la figure mythique de Jeanne d’Arc, ce qui donnerait au cri tragi–comique de Jean Marie Le Pen (« Jeanne, au secours ! ») une portée symbolique et historique.
Marine n’est pas claire
Marine Le Pen estime que ses reculs et sa modération sur l’immigration, l’islam, l’identité ethnique, le blabla antiraciste vont lui faire gagner des voix et la ”dédiaboliser” encore plus. Elle se trompe. Ces positions, alliées à son rabâchage europhobe lassant et incompréhensible pour l’électorat populaire (un Brexit a été possible, pas un Frexit), vont lui faire perdre des voix et peut-être compromettre sa présence même au second tour de l’élection présidentielle. En gros, elle tape sur l’UE alors que le problème central est l’immigration et l’islamisation, avec ce qui leur est corrélé : criminalité et terrorisme.
On a l’impression qu’elle cogne sur l’UE pour éviter de parler des vraies questions et simuler une posture ”nationale”, patriotique, à bon compte. Certes, l’UE actuelle est catastrophique (voir le précédent article de ce blog) mais il est erroné d’en faire la source de tous les maux de la France. Peu d’électeurs vont se laisser embobiner par cette analyse. Sur ce point, Marine Le Pen commet une erreur stratégique. Pour les Français, l’immense majorité des problèmes et des soucis ne proviennent pas de ”Bruxelles” ! On connait leur cause : l’État français. La question est de savoir si Marine Le Pen serait la marionnette de M. Philippot, agent missionné par le système (entrisme) pour neutraliser le Front national ou si elle exprimerait ses véritables convictions. Les deux hypothèses sont compatibles.
(1) Marine Le Pen cède en partie à l’idéologie du multiculturalisme, dont les méfaits sont analysés par le sociologue québécois Mathieu Bock–Côté dans son récent essai « Le Multiculturalisme comme religion politique », éd. du Cerf, 2016. Heureusement, elle s’est démarquée de l’antisémitisme et du négationnisme…
France Révolution dira lui, que c'est un nouveau discours de Marine Le Pen, très habile pour ne pas froisser un certain électorat et ou les consignes ont du être données afin de ne pas perdre les élections présidentielles de 2017.
Source : France Révolution