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vendredi, 21 octobre 2016

Malek Boutih veut "une vraie offensive anti-racaille" dans les banlieues

 

 Le député de l'Essonne estime que la République doit mieux "isoler les voyous" et promouvoir la jeunesse "qui fait des efforts".

 

Malek Boutih comprend le ras-le-bol des policiers. Le député de l'Essonne connaît bien la réalité du terrain dans son département où, à Viry-Châtillon, deux fonctionnaires de police ont été grièvement brûlés dans une attaque aux cocktails Molotov. "La vie est dure pour eux. Les voyous dont il est question, ce ne sont pas simplement des délinquants, ce sont des gens dont je rappelle qu'une partie d'entre eux aident des terroristes qui assassinent des Français et des policiers", estime-t-il au micro de RTL, en trouvant "normal" que les policiers "aient les boules".

À propos des propos de Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du Parti socialiste, estimant que cette révolte des policiers est menée par le Front national, Malek Boutih marque son désaccord avec cette "faute" politique : "Ce n'était pas délicat. C'est une manière de culpabiliser et de montrer du doigt des policiers. En ce moment, on a besoin de les aider (...) Il y a peut-être des gens d'extrême droite qui chauffent, il y en a toujours, mais je ne pense pas que ce soit le cœur du mécontentement". Si le vote frontiste semble avoir atteint 51% lors des régionales de 2015 dans les effectifs de police, l'élu socialiste préfère prendre du recul : "La police a beaucoup changé. Quand vous regardez le visage des policiers, ils n'ont franchement pas tous une tête à voter Front national. Il faut arrêter de les caricaturer".
 

Ne plus se focaliser sur les voyous

 

Face à cette flambée de violence qui resurgit dans les banlieues depuis quelque temps, l'élu socialiste veut de nouveaux et vrais moyens pour éteindre l'incendie. Mais il ne veut plus des "gadgets" tels que les "peines de plus en plus répressives" qui, selon lui, ne dissuadent en rien les fauteurs de trouble. "On a affaire à des sortes de kamikazes. Il faut donc réussir à isoler les voyous du reste de la population et de la jeunesse. Il y a une vraie offensive anti-racaille à avoir dans les banlieues".

Connu pour être l'un des premiers à dynamiter le discours classique de la gauche sur les problèmes de la banlieue, Malek Boutih réclame un "changement de méthode profond" dans la politique de la ville qui a tout misé sur les centres-villes et oublié les banlieues : "Ce qui se cache derrière, c'est la prise d'otages de millions de gens qui vivent dans ces banlieues par un nouveau gangstérisme né de la prohibition de la drogue, né de l'abandon des territoires, né d'une décentralisation qui fait qu'on a des élus locaux qui parlementent avec les voyous ou les laissent faire".
Les zones rurales et urbaines abandonnées, c'est là où la France est en train de craquer
Malek Boutih
Il milite aussi pour que les pouvoirs publics mettent plus l'accent sur ce qu'il y a de positif dans les banlieues, plutôt que sur les individus qui renvoient une image négative, afin de donner de l'espoir aux habitants : "L'urgence, elle est qu'on ait une politique qui s'arrête de s'occuper de ceux qui sont à la marge, et qu'on s'occupe de tous les jeunes de banlieue qui ne sont pas des voyous. (...) La République doit s'occuper de ceux qui font des efforts". L'ex-président de SOS Racisme estime qu'il y aurait du bon à mettre plus en lumière l'image du "petit gosse qui se lève à 6h30 du matin pour aller au collège et qui morfle pour réussir". De cette façon, il estime que la société sera plus encline à mettre sur la touche les délinquants. "Le contrôle des voyous viendra d'un travail de police et de justice, mais aussi du fait que la population les rejette. Or, aujourd'hui, ils sont parfois comme des poissons dans l'eau dans certains quartiers".

Pour Malek Boutih, l'échec est né il y a trente ans, avec une erreur d'analyse faite aussi bien par la gauche que par la droite. "On paie le prix d'avoir pensé que la République s'adressait à des individus, or il y a des logiques de territoire. Les zones rurales et urbaines abandonnées, c'est là où la France est en train de craquer. Il faut que l'État se réinvestisse dans les territoires. Qu'on arrête simplement de donner des chèques à des élus et des associations. La politique du chèque, c'est une politique d'échec".
 
 Elizabeth Martichoux , Julien Absalon
 
RTL 

Ces politiques qui font la manche auprès des émirs du Golfe

 

 

"Nos très chers émirs", le livre de Christian Chesnot et Georges Malbrunot, est un véritable brûlot. Qui va, là encore, mettre l'ensemble de la classe politique française - du parti socialiste au Front National -  en ébullition.

 

C’est un véritable brûlot, paru ce jour, jeudi 20 octobre. Qui va, là encore, mettre le Parti Socialiste en ébullition. Mais pas que lui: la droite et le Front national aussi. Rachida Dati, Ségolène Royal, Jean-Marie Le Guen, Marine Le Pen, le député Nicolas Bays, la sénatrice Nathalie Goulet, Dominique de Villepin, Jack Lang…. Tous sont mentionnés dans Nos très chers émirs, le dernier essai des deux journalistes spécialistes du monde arabe, Christian Chesnot et Georges Malbrunot. Un ouvrage fouillé, précis, qui raconte les liaisons dangereuses entre certains politiques français de premier plan et les monarchies du Golfe. Le tout sur fond d’attentats terroristes et de gros contrats difficiles à décrocher…
Parmi les déclencheurs de cette enquête explosive: le changement d’ambassadeur du Qatar en France. Le nouveau représentant de Doha, Meshaal al-Thani refuse d’être aussi généreux que son prédécesseur. Les auteurs racontent "trois ans après son arrivée à Paris, il semble las de toutes ces pratiques". Un de ses amis témoigne: "Meshaal, qui a été en poste en Belgique et aux Etats-Unis, me dit souvent: "Je n’ai jamais vu cela, auparavant! J’ai fréquenté des politiques partout ; mais aucun ne s’est comporté comme certains Français, aucun ne m’a demandé de l’argent aussi abruptement, comme si c’était naturel, comme si on leur devait quelque chose! On n’est pas une banque". Le livre fourmille de détails et d’anecdotes récentes souvent ravageuses. Challenges en publie quelques extraits.


 

Jean Marie Le Guen, sans vergogne

 

Comme l’explique un officiel à Doha, Jean-Marie Le Guen annonçait clairement la couleur. "Il disait à nos diplomates à Paris: "En tant que ministre en charge des Relations avec le Parlement, je tiens tous les députés et sénateurs de mon camp, via les questions au gouvernement. Je peux bloquer des questions hostiles au Qatar, ou au contraire les alimenter. Mais je n’ai pas à le faire gratuitement". Bref, "il nous faisait littéralement du chantage".

La duplicité de Rachida Dati

 

Ah, le luxueux 7ème arrondissement! Là où résident tant d’ambassadeurs en poste à Paris. Comme l’émir père, Rachida a le sens de l’opportunité, ne craignant pas d’user et d’abuser de son carnet d’adresses. Elle a donc eu l’idée de lancer un Club des ambassadeurs, qui se réunirait périodiquement dans son arrondissement. Belle idée! Mais il fallait un peu d’argent pour faire tourner la danseuse de Mme Dati. Qu’à cela ne tienne! Rachida est allée frapper à la porte de... l’ambassadeur du Qatar.

"Elle ne demandait pas moins de 400.000 euros pour son association", s’étonne encore un membre de l’ambassade. Une somme extravagante! Rachida Dati présente sa requête lors d’un dîner avec Meshaal al-Thani, un dimanche soir, le 22 novembre 2015 exactement. Mais le diplomate lui fait comprendre qu’il sera difficile d’y répondre positivement. Elle semble choquée par ce refus, qui lui sera notifié par une lettre officielle signée du représentant du Qatar en France.

Le lendemain matin, Rachida Dati est l’invitée du talk show de Jean-Jacques Bourdin sur RMC. Nous sommes dix jours après les attentats du Bataclan et du Stade de France. L’ancienne ministre change de pied et charge le Qatar: "L’Arabie Saoudite ou même le Qatar ont une volonté de développer leur idéologie, notamment pour contrer l’islam chiite, affirme-t-elle. On a des pays du Golfe qui financent des mosquées, des associations, des imams [...], des structures qu’on ne contrôle pas", regrette-t-elle. Quand il entend cela, l’ambassadeur n’en revient pas. "Elle dîne avec moi en me demandant de l’aider, et le lendemain elle nous traîne dans la boue".

Jack Lang, profiteur

 

À la tête de l’Institut du monde arabe (IMA), Jack Lang est cité non seulement par l’ambassade du Qatar, mais aussi par celles d’Arabie et des Emirats arabes unis comme un interlocuteur sans scrupules. "Il vient réclamer trois places en Business pour sa femme et son ami, lorsqu’on l’invite à Abou Dhabi, fulmine un membre de l’ambassade des Emirats. Et si jamais on refuse, on court le risque qu’il critique publiquement les Emirats".

Dominique de Villepin "la first", sinon rien

 

Villepin, lui, exige d’être en First class, sinon il boude les invitations à Doha, renchérit un autre diplomate de l’ambassade du Qatar. Une fois, Villepin a annulé sa participation à un colloque parce qu’il était en Business et pas en First class. L’ambassadeur en est resté abasourdi. Autre certitude: l’ancien Premier ministre, devenu avocat d’affaires, ne dit pas du bien du Qatar pour rien, comme tous ceux dont nous avons rapporté le comportement. "La France n’a aucune preuve de l’implication du Qatar dans le financement du terrorisme", affirmait Villepin le 4 novembre 2015 sur Europe 1".

La sénatrice Nathalie Goulet réclame son cadeau de Noël

 

La sénatrice de l’Orne, Nathalie Goulet, essuya elle aussi chaque fois un refus clair et net du représentant du Qatar à Paris. Elle a pourtant multiplié les demandes. Fin 2015, elle appela d’abord le bureau de l’ambassadeur pour se plaindre de n’avoir pas reçu son cadeau de Noël. "Comment se fait-il que je n’aie pas reçu mon cadeau de fin d’année, d’autres sénateurs en ont eu un et pas moi?", protesta-t-elle. "Qu’elle aille au diable!", maugréa Meshaal lorsque son collaborateur lui rendit compte de l’appel de Mme Goulet.
Quand le Qatar fut attaqué par des politiques ou dans la presse après les attentats, la sénatrice n’hésita pas à proposer à l’ambassade d’organiser un colloque, contre rétribution bien sûr. La représentation diplomatique dit niet. Depuis, Mme Goulet l’avoue sans ambages: "Je n’aime pas beaucoup le Qatar".

Le culot du député Nicolas Bays

 

S’il y a un député dont l’ambassadeur du Qatar se montre particulièrement lassé, c’est Nicolas Bays, élu socialiste du Nord – Pas-de-Calais. Membre du groupe d’amitié France- Qatar, il était proche de l’ancien ambassadeur Mohammed al-Kuwari. Avec son successeur, Bays ne fait pas dans la dentelle. Il a personnellement envoyé un SMS à Meshaal al-Thani, dont un témoin nous a rapporté le contenu: "J’ai des problèmes financiers actuellement. La mère de notre jeune enfant est fatiguée. Je voudrais l’emmener à l’étranger. Mais mon budget est un peu serré. Peux-tu me faire inviter dans un hôtel de Doha et nous payer un billet d’avion sur Qatar Airways? Cela m’aiderait, s’il te plaît".

Loin d’être découragé par un premier refus, le député Bays a sollicité à deux reprises encore, par SMS, l’ambassadeur du Qatar. Une première fois, pour lui demander de l’argent afin de payer des travaux dans sa maison. Le diplomate n’a pas répondu. Enfin, il n’a pas hésité à lui réclamer des chaussures de marque.

Le dépit de Jean Vincent Placé

Autre victime de la nouvelle donne, le ministre vert Jean-Vincent Placé, qui se plaint dans le carré VIP du PSG que l’ambassadeur actuel ne l’invite plus à des week-ends. "Placé ne recevait pas que des cadeaux de son prédécesseur", souligne un proche de l’ambassade qui refuse d’en dire plus.

Marine Le Pen 1ere étape, la rencontre avec le président al-Sissi en Egypte en mai 2015

 

Ce sont les Emirats arabes unis – alliés et bailleurs de fonds du régime égyptien – qui ont financé le déplacement de Mme Le Pen au Caire. "Ni l’hôtel ni les billets d’avions n’ont été payés par le Front national ou l’Egypte", assure un proche.

Marine Le Pen 2ème étape: la proposition

 

Nous sommes en mesure de révéler que lors de la rencontre de Montretout, le représentant émirien a proposé à Marine Le Pen un financement d'un million de dollars, voire de deux, pour sa campagne électorale. "Il m’a fait l’impression de quelqu’un qui avait l’habitude de parler argent avec les hommes politiques, relève le proche. D’ailleurs Marine a paru décontenancée, elle n’a pas su trop quoi répondre. On verra, a-t-elle dit, en évacuant la question".

Les ambigüités de la mairie de Cannes

 

La mosquée Al-Medina Al-Mounawara de Cannes est financée à 100% par Saleh Kamel, le PDG de la chaîne de télévision coranique Iqraa, qui habite la ville. Il voulait créer un lieu de culte près de sa villa pour aller prier. L’homme d’affaires saoudien a joué la transparence en associant Bernard Brochand, le maire de la ville de 2001 à 2014, à son projet, sans que celui-ci ne s’y oppose le moins du monde. À tel point, raconte Bernard Godart, qu’à l’époque "le cabinet du maire m’a appelé au ministère de l’Intérieur pour me demander si je connaissais un imam susceptible d’officier dans la mosquée! J’ai répondu que non, car évidemment ce n’était pas de mon ressort".
Un magnat saoudien de la presse, Hicham Hafez, s’est lui aussi fait construire une petite mosquée près de la Croisette, à Cannes où il passe ses vacances. Là encore, avec l’aval de la municipalité! Il l’a financée sur ses deniers personnels – 250.000 euros. La mairie de Cannes a donc accordé à deux riches Saoudiens le droit de bâtir chacun sa mosquée dans la ville, alors qu’aujourd’hui les autorités locales interdisent aux Françaises de porter le burkini à la plage. Certains ne manqueront pas de relever une certaine incohérence entre ces deux décisions..."

Bruno Le Maire n’a pas gardé la montre, mais d’autres ministres oui!

"Je vais vous raconter une anecdote, confie le candidat à la primaire à droite, depuis la terrasse de son QG de campagne dans le 6e arrondissement de Paris. En 2009, quand j’étais ministre de l’Agriculture, j’avais été chargé d’accompagner cheikh Hamad, l’émir du Qatar pendant quatre heures dans Paris. À la fin, il m’a fait cadeau d’une montre Patek Philip cerclée de diamants, d’une valeur de 85.000 euros. Vous imaginez, cela représente une année de mon traitement de député! Je l’ai mise dans le coffre du ministère. Je pense qu’elle doit y être encore!"

L’ancien diplomate et directeur de cabinet de Dominique de Villepin au ministère des Affaires étrangères connaît les arcanes de nos relations avec les monarchies du Golfe. "Leurs dirigeants fonctionnent avec de la flatterie. Ils sont d’une grande amabilité. Ils vous proposent des cadeaux. Regardez les poignets de bon nombre de ministres!", sourit Bruno Le Maire.

S’agissant de Ségolène Royal, les auteurs notent que "l’ambassade se montre aujourd’hui beaucoup moins généreuse avec la ministre socialiste de l’Environnement. La relation s’est nouée lorsqu’elle était candidate du parti socialiste à l’élection présidentielle, en 2007". Elliptique… Juste avant sa mort, Christophe de Margerie, le défunt patron de Total, confiait à Christian Chesnot et George Malbrunot: "Tout s’achète, y compris les hommes, ce n’est qu’une question de prix". Apparemment, dans la classe politique française, le shopping se fait parfois à grande échelle.

Sabine Syfuss-Arnaud

 Challenges

Le Monde : « les enfants de l’immigration sont surreprésentés en prison »

 

 





C’est un sujet tabou. Les personnes issues de l’immigration sont surreprésentées dans les prisons françaises. Mais en l’absence de statistiques ethniques, le sujet ne peut pas exister autrement qu’instrumentalisé par les uns ou tu par les autres.

 Personne ne conteste le phénomène, qui est ancien et n’est pas propre à la France. Mais l’aborder et l’étudier pour en comprendre les causes est mission impossible pour les chercheurs, alors qu’ils peuvent le faire, par exemple, au sujet des Noirs dans les prisons américaines.


Est-ce la simple conséquence de conditions sociales, le produit d’un système judiciaire qui serait discriminatoire ? Est-ce, pour reprendre les théories d’un Eric Zemmour, le résultat d’une plus grande propension à la délinquance chez les personnes d’origine étrangère ?

Ce sujet ultra sensible revient avec force dans le débat dans le contexte de la lutte antiterroriste. Le prosélytisme islamiste en prison est devenu une préoccupation majeure. [...] Le risque que le discours djihadiste trouve un écho dans le milieu carcéral apparaît d’autant plus fort que le nombre de détenus musulmans, issus de l’immigration maghrébine ou subsaharienne, est important.

Dans son ouvrage (Prisons de France. Violence, radicalisation, déshumanisation : quand surveillants et détenus parlent, Robert Laffont, 684 pages, 23,50 euros) paru le 20 octobre, le sociologue Farhad Khosrokhavar révèle en particulier la place prise par l’islam dans l’univers carcéral. Ses entretiens menés pendant trois ans dans quatre prisons, largement retranscrits, donnent une grande force à ce travail. [...]

Sans pouvoir entrer dans le débat du « combien », Le Monde a voulu explorer le « comment » et le « pourquoi ». [...]

Fdesouche 

À Montretout, ultime branle-bas de combat pour Jean-Marie Le Pen

 

 
Dans la demeure familiale, Jean-Marie Le Pen, épaulé par son directeur de campagne, Lorrain de Saint Affrique, prépare la bataille des prochaines législatives. Visite.


 
Dans le parc de Montretout à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), il règne le calme qui précède aux grandes batailles. La maison familiale des Le Pen, un temps l'épicentre de l'extrême droite française, abrite une poignée d'irréductibles. Des cartons empilés dans l'entrée contiennent les éléments d'un futur studio vidéo, les pièces du rez-de-chaussée sont aménagées en local de campagne. Sur un mur s'étale une relique: l'affiche de campagne de la présidentielle de 1988 barrée du slogan «Le Pen le Peuple». Les derniers grognards de Jean-Marie Le Pen préparent leur Waterloo, l'ultime combat politique que le patriarche a promis à sa fille. Il portera la bannière des comités Jeanne à l'occasion des élections législatives, un label politique qu'il réserve aux seuls représentants de «la vraie droite nationale». Une façon de s'insurger dans les urnes face à sa mise pied au sein du parti qu'il a fondé. 

Il n'y aura probablement ni pardon ni prisonnier dans l'affrontement qui s'annonce avec le FN. Lorrain de Saint-Affrique, directeur de campagne et ouvrier de l'ombre de cette aventure, s'en doute bien et ne s'en émeut pas. Âgé de 65 ans, ce vieux compagnon de route de Jean-Marie Le Pen fut son conseiller en communication de 1984 à 1994, avant de se voir frappé «d'exclusion perpétuelle». Le chroniqueur occasionnel des affres de la droite radicale aborde cet impossible défi avec délectation. On ne peut s'empêcher sentir autour de l'ancien conseiller régional, banni du FN pour s'être frontalement opposé à Bruno Mégret, comme un parfum de revanche. Aussi habile que retors, Saint Affrique s'en défend. «Le Pen m'a appelé à la sortie d'un plateau télé, après 20 ans de silence. Je suis venu retrouver une chaleur militante, revoir les vieux amis, les anciens combattants. Ce n'est pas désagréable», assure-t-il.

La «part de joie cocasse» de la droite nationale

 

Vice-président des comités Jeanne, Patrick Hays, est de ceux-là. Vétéran du 1er Régiment Étranger Parachutiste (REP), comme Jean-Marie Le Pen. «Il a quitté l'armée en 1962, ça dit quelque chose du personnage», relève Lorrain de Saint Affrique. Ancien secrétaire national frontiste aux Français de l'étranger, il a accompagné «le président d'honneur» dans son exil politique. Roger Holeindre, 87 ans, a lui aussi repris du service. Membre fondateur du FN en 1972, ancien député, il est passé au Parti de la France (PDF) de Carl Lang, et soutient la démarche de son vieil ami. «Si ce n'est pas drôle au sein la droite nationale, c'est que le chemin n'est pas le bon, qu'on est à côté de la plaque. Il faut que l'on rie, c'est dans notre philosophie. Il y a une part de joie cocasse inattendue dans notre courant, dont Jean-Marie Le Pen n'est pas exempt. Il a souvent le mot pour rire», sourit Lorrain de Saint Affrique. On s'offre donc à Montretout un dernier tour de piste entre vieux baroudeurs qui n'ont plus grand-chose à perdre.

Car il y a surtout des coups à prendre dans cette équipée crépusculaire. «Ce n'est pas de tout repos depuis mon arrivée: j'ai été traité de “charognard obsédé par le fric” par Marine Le Pen. Ce n'est pas très aimable de la part de quelqu'un dont on a si longtemps partagé la table. Mais le plus désagréable reste tout de même les perquisitions de l'Office européen de lutte contre la fraude (Olaf). Ils ont tout fouillé et tout vidé: nos dossiers, nos boîtes mail, nos ordinateurs», déplore-t-il. Officiellement employé comme assistant parlementaire de Jean-Marie Le Pen à Bruxelles, il est visé par l'enquête du parlement Européen portant sur les soupçons de détournement financier au bénéfice du parti.

Saint Affrique candidat aux législatives

 

Peu importent les épreuves pour Lorrain de Saint Affrique, pourfendeur de la «dé-lepénisation» du parti. «Je n'ai surtout pas supporté ce que Marine Le Pen a fait à son père, j'ai eu une réaction physique. Il a été trahi. Je suis un peu inquiet pour elle. Elle était gaie, agréable. J'espère que son père ne nous quittera pas avant un moment sans quoi elle portera ce parricide toute sa vie». Le directeur de campagne sait viser la corde sensible de celle qu'il a connue adolescente: c'est l'une des raisons probables de son recrutement par Jean-Marie Le Pen. Mais pour la forme, il ne revendique aucun esprit de revanche dans la démarche des comités Jeanne. «Notre objectif est de constituer une réserve de voix au sein de la droite nationaliste, celle qui manque encore au FN pour gagner le second tour des élections. Nous voulons dissuader cette partie de la base qui se sent en rupture avec la ligne de Marine Le Pen de sombrer dans l'abstention», soutient-il, avec un brin de malice. 

Fragilisé par son grand âge - malgré sa volonté d'en découdre -, Jean-Marie Le Pen soutiendra ses champions sur le terrain «une à deux fois par mois». Et peut-être même à l'international, puisqu'une rencontre avec Donald Trump est envisagée, «si possible». Sans savoir encore où, Lorrain de Saint Affrique sera quant à lui bien candidat en juin 2017. À Montretout, on espère qu'il pourra compter sur 200 à 300 acolytes. «Je ne peux pas seulement envoyer les autres au feu, chez nous il est d'usage de montrer l'exemple. Et puis qu'ai-je à craindre? J'ai déjà candidaté à presque toutes les élections, et perdu presque à chaque fois», s'amuse-t-il, en ourdissant le coup d'envoi.

 Marc de Boni

Le Figaro 

Zineb : "Nous sommes tous menacés par le fascisme islamique"

EXCLUSIF. L'ancienne journaliste de "Charlie Hebdo" publie un livre rageur contre le "fascisme islamique" et les "collaborationnistes français". Entretien.

Propos recueillis par Thomas Mahler


 Peut-on comparer fascisme et islamisme ? C'est l'avis d'Hamed Abdel-Samad, libre-penseur germano-égyptien vivant sous protection policière et dont l'essai polémique Le Fascisme islamique, après des péripéties éditoriales, sortira finalement en 2017 chez Grasset. C'est aussi l'avis de Zineb El Rhazoui, journaliste franco-marocaine et militante féministe menacée de plusieurs fatwas, qui a échappé à la mort en étant en vacances le 7 janvier 2015, jour où ses collègues tombaient sous les balles des frères Kouachi. Après avoir quitté Charlie Hebdo le 9 septembre, la trentenaire publie aujourd'hui Détruire le fascisme islamique, court mais brûlant texte qui s'en prend aux islamistes comme aux « collaborationnistes » français qui, selon elle, ont oublié que les musulmans ne sont pas une communauté, mais des individus. Entretien.


Vous dédiez votre livre aux « athées musulmans ». Est-ce parce qu'ils ne sont guère représentés dans les médias aujourd'hui?
 
Zineb El Rhazoui : Pour moi, le seul mécanisme de représentation valable et légitime dans une démocratie, c'est le vote. Il n'y a donc pas plus de gens qui représentent réellement les athées musulmans que de gens qui représentent les musulmans croyants en France. Je pense à tous ces représentants communautaires autoproclamés qui ne représentent qu'eux-mêmes et qui n'aurait jamais dû être des interlocuteurs de la République. Pour en revenir aux athées musulmans, ils existent, ils sont nombreux, et je leur dédie ce livre parce qu'en France, on est en train d'adouber l'idée que les musulmans seraient une race. Quand on critique l'idéologie islamique, on est forcément raciste. Eh bien non ! Le fait est que les sociétés musulmanes sont aussi diverses que toutes les sociétés dans le monde et elles ont aussi énormément de libres-penseurs et d'athées qui sont hélas réprimés. Ces personnes font preuve de beaucoup de courage. Mais ils ne sont pas aussi minoritaires qu'on pourrait le penser. On a tendance à oublier que la première impulsion du Printemps arabe a été faite par une jeunesse libertaire qui voulait une société laïque. Évidemment, on sait comment les islamistes ont récupéré le mouvement. C'est ce qui se passe aujourd'hui en Europe. Les islamistes volent des luttes auxquelles ils n'ont jamais contribué, ils volent des concepts qui ne sont pas les leurs, voire qu'ils ont combattus. Aujourd'hui, ces islamistes se prévalent de démocratie, d'antiracisme, alors qu'on sait bien qu'ils sont très éloignés de la démocratie et qu'ils sont les tenants d'une idéologie extrêmement raciste.

Vous revenez sur le fameux terme « islamophobie ». Pour vous, ce serait une « ruse sémantique »...
 
Déjà, il faut rappeler que l'islamophobie n'existe pas en terre d'islam. Parce que là où l'islam a la force de coercition, il n'a pas besoin d'un concept comme ça. Il y a le délit de blasphème, d'apostasie, d'atteinte à la religion... Ceux qui tiennent des propos qualifiés d' « islamophobes » en Europe, dans le monde musulman, ils seraient mis en prison, fouettés, agressés ou assassinés. Le dernier assassinat date de moins d'un mois, avec l'écrivain jordanien Nahed Hattar qui a été tué alors qu'il se rendait à son procès pour « insulte » à l'islam. Là-bas, les islamistes disposent de moyens légaux pour faire taire tous ceux qui critiquent leur idéologie. En Europe, ils n'ont pas ces moyens-là et ils ne peuvent pas nous mettre en prison. Ils peuvent soit nous assassiner, comme ce qu'ils ont fait avec la rédaction de Charlie Hebdo. Ou alors s'ils ne veulent pas emprunter la voie terroriste, le seul moyen qui leur reste est de recourir à cette ruse sémantique qu'est l'islamophobie. Critiquer leur idéologie, c'est être raciste, puisqu'elle serait inhérente à leur race...

Pour vous, les islamistes partagent avec l'extrême droite le fait de ne pas considérer le musulman comme un individu, mais comme le membre d'une communauté...
 
Les deux ne défendent évidemment pas le même projet de société, sauf quand il y a la Manif pour tous, où on les a vus défiler main dans la main sans aucun problème. Mais islamistes comme extrême droite ont les mêmes outils sémantiques. L'extrême droite refuse de voir les musulmans comme des individus et des citoyens comme les autres, mais les considère comme une communauté qui doit être régie par des lois à part. Les islamistes eux aussi refusent que le musulman soit un individu intégré dans sa société ou qu'il soit soumis aux mêmes devoirs que l'ensemble de la société. Ils insistent pour que les musulmans soient une communauté avec des passe-droits, qui grignote le socle commun de la laïcité pour se créer ses propres lois, tout cela en prétextant de la différence culturelle.
Une idéologie qui a recours à la violence, à la pensée unique, au sexisme répressif, à l’alliance de la religion et de la politique 
 
Comme Hamed Abdel-Samad, vous établissez de nombreux parallèles entre les fascismes et l'islamisme. Mais peut-on comparer une idéologie occidentale et nationaliste du XXe siècle avec une religion née dans la péninsule arabique au VIIe siècle ?
 
L'argumentaire d'Hamed Abdel-Samad, dans son livre, rejoint le mien sur plusieurs points, mais il diffère dans les emprunts historiques qu'il fait. Par exemple, il fait référence au grand mufti de Jérusalem allié à Hitler. Pour moi, ce sont des choses qui relèvent de la conjoncture historique. Ce qui m'intéresse, ce sont les éléments constitutifs du fascisme, c'est-à-dire un totalitarisme absolu, une idéologie qui part du postulat d'appartenance à une communauté persécutée qui doit se défendre et adopter la pensée unique pour faire régner une hégémonie sur les autres communautés. On retrouve ça dans l'islam. On y retrouve aussi l'adoption d'un uniforme, d'un visuel, d'un drapeau unique, d'un prêt-à-parler. Les adeptes du fascisme islamique en France, peu importe qu'ils parlent à la maison le français, l'arabe dialectal marocain, le berbère, le kabyle ou autre, utilisent tous les mêmes formules et le même jargon.
Dans le fascisme, il y a également une haine viscérale des intellectuels, des arts et des lettres. C'est-à-dire la négation absolue de la création et de la différence de pensée. Au Maroc, l'une des premières choses que le Parti de la justice et du développement (PJD), pourtant présenté comme modéré, a faites en arrivant au pouvoir, c'est de commencer à parler d'« art propre », de s'en prendre aux chanteuses trop maquillées, aux arts visuels, à la danse et évidemment aux intellectuels.
Une autre caractéristique commune, c'est l'aversion profonde pour le corps des femmes et des homosexuels. Dans le nazisme, c'est la mère aryenne qui doit enfanter. Mais dans le fascisme islamique, c'est carrément une volonté de faire disparaître le corps de la femme de l'espace public en le couvrant d'une espèce de sac-poubelle noir. Et dans la plupart des pays où l'islam est au pouvoir, on retrouve la peine de mort pour les homosexuels, comme en Arabie saoudite, en Iran ou en Mauritanie. Dans les pays qui se disent plus modérés comme le Maroc, l'homosexualité est condamnée de trois ans de prison. On pourrait ainsi énumérer pendant des heures les parallèles. On est dans une idéologie qui a recours à la violence, à la pensée unique, au sexisme répressif, à l'alliance de la religion et de la politique... Toutes ces caractéristiques techniques et méthodologiques font de l'islamisme un fascisme.

 Le fascisme prône la pureté raciale. Dans l'islamisme, il n'y a pas de races, mais une religion qui dépasse les frontières...
 
L'idée de race en islam est effectivement différente de la race comme on l'envisage dans le fascisme. Ce n'est pas pureté du point de vue génétique, mais une pureté de l'oumma. Mais comme dans le fascisme, on retrouve l'intolérance absolue, le rejet, par le crime et l'extermination s'il le faut, de tout ce qui est différent. Il faut rappeler que certains versets coraniques disent qu'il n'y a pas de différences entre un Arabe et un non-Arabe que par la foi. Plutôt que de faire de ce précepte un principe d'antiracisme, on en a fait une définition de la frontière entre ceux que les islamistes appellent « la maison de l'islam » et les autres qui sont « la maison de la guerre ». On peut faire couler le sang de tous ceux qui se situent en dehors de l'islam.
On nous dit qu’on n’a pas le droit de critiquer le Coran, car il serait un livre merveilleux, d’amour et de paix. C'est un mensonge 
 
Vous faites de l'islam un bloc totalitaire. Mais n'y a-t-il pas une multitude d'écoles et de courants ?
 
Je distingue l'islam et les musulmans. Qu'est-ce qu'un musulman ? Un musulman, ça peut être quelqu'un, comme moi, qui est né dans cette foi, c'est-à-dire un musulman de culture. Ça peut être quelqu'un qui a choisi cette foi. Ça peut être un vrai laïc ou au contraire quelqu'un qui respecte la religion au pied de la lettre. Il y a autant de musulmans différents que d'êtres humains, et les musulmans ne sont bien sûr pas un bloc. En revanche, je me pose la question du « vrai islam ». On nous oppose souvent cet argument : « le vrai islam, ce n'est pas ça »... Allons donc le chercher dans les textes ! On nous dit que c'est une religion merveilleuse, de paix et d'amour. Mais regardons ! Les islamistes, à chaque fois qu'un acte terroriste est commis, nous disent : « Ah non, ce n'est pas ça l'islam ! » Mais en même temps, quand on veut critiquer l'idéologie qui mène au terrorisme, on nous dit « non, non, là vous êtes islamophobe, et vous portez atteinte à l'ensemble des musulmans ». Cette équation ne tient pas la route.

Parlons donc des textes. Vous soulignez que dans le Coran, il y a des passages sur la violence, l'esclavage et la polygamie. Mais dans l'Ancien Testament, on peut retrouver la même chose !
 
Bien sûr. Ces livres sont écrits par des hommes et ils sont donc le reflet de leur époque. Mais la différence du Coran, aujourd'hui, par rapport à d'autres religions, c'est qu'il existe une idéologie qui est en train de s'imposer même en Europe, sous des cieux où on attache pourtant beaucoup d'importance à la raison : c'est l'idée que le Coran est une constitution. Le jour où le Coran sera un livre dont l'usage sert uniquement à la spiritualité, un livre à histoires et mythes qu'il faut rattacher au contexte de l'époque, il pourra siéger parmi les autres livres des monothéismes. Le problème, c'est que cette contextualisation est refusée non seulement par les plus radicaux, mais par une vaste majorité. Vous ne trouverez aucun imam qui vous dira qu'il y a une partie du Coran qui est obsolète et qu'il faut la mettre de côté. Le Coran est considéré comme un corpus législatif. Quelle que soit la question qui se pose, on va fouiller dedans. Dans les Épîtres de Saint-Paul aux Corinthiens, vous trouvez une injonction à porter le voile. Mais aujourd'hui, y a-t-il un État chrétien dans le monde qui impose aux femmes de porter le voile ? Est-ce qu'on a un terroriste chrétien qui tue parce que les femmes ne portent pas le voile ? C'est cette approche au texte qui est problématique à deux niveaux. Parce que les islamistes considèrent que le Coran doit régir notre quotidien. Mais aussi parce que nous, on nous dit qu'on n'a pas le droit de critiquer le Coran, car il serait un livre merveilleux, d'amour et de paix. C'est un mensonge qui entoure le contenu réel de ce livre.

Pour le spécialiste de l'islam Olivier Roy, les djihadistes actuels relèvent plus du nihilisme et d'une quête de la mort que d'une radicalité religieuse. Salafistes et djihadistes se dissocieraient ainsi de plus en plus. D'un côté, il y aurait des amish intégristes, mais non violents, qui se retirent de la société ; de l'autre des petits délinquants qui fument du haschisch, fréquentent les boîtes de nuit, avant d'entrer dans une quête de la mort. Qu'en pensez-vous ?
 
C'est une analyse qui encore une fois dédouane l'islam de cette idéologie fasciste qui a grandi en son sein. Les terroristes disent bien qu'ils sont des musulmans et qu'ils font cela au nom de l'islam. Et il ne faudrait pas qualifier ces gens par les désignations qu'eux-mêmes se sont choisies ? Évidemment, cela ne veut pas dire que tous les musulmans sont des terroristes. Mais le fait de chercher à dédouaner l'islam ne lui rend pas service. Pourquoi ne traite-t-on pas l'islam avec les mêmes outils rationnels que le reste des idées ? C'est un paternalisme insupportable, un vrai racisme inversé. Je cite au début du livre un extrait éloquent de Sartre, dans lequel il explique avoir essayé de s'éloigner du racisme au maximum qu'il a pu. Mais il se souvient que lorsqu'un écrivain issu des colonies lui apportait un manuscrit, il n'osait pas lui dire que c'était mauvais et il utilisait des « circonlocutions », alors qu'à un Occidental, il aurait franchement exprimé la vérité. Sartre explique que ça, c'est du racisme.
Lorsque Olivier Roy dit que ce n'est pas une radicalisation de l'islam, mais une islamisation de la radicalité, j'ai envie de lui répondre que personne ne se réveille du jour au lendemain en se décidant à rejoindre Daech. Le terroriste est la main qui frappe, mais il y a un cerveau qui pense et ordonne de passer à l'action ! Il y a une chaîne de production du terrorisme. Ce n'est pas le résultat logique de la délinquance ou des problèmes sociaux. On a énormément de délinquants ou de défavorisés sur cette planète qui ne se transforment pas en terroristes. Le terrorisme est le fruit d'une idéologie. Nier le caractère criminel de cette idéologie, c'est se priver de moyen de lutter efficacement contre elle. Ce que dit Olivier Roy, c'est l'équivalent de ceux qui, après la Seconde Guerre mondiale, assuraient que « non, non, tous les nazis n'ont pas du sang sur la main ». Oui, tous les nazis n'ont pas tué. Il ne s'agit pas de juger des gens pour des crimes qu'ils n'ont pas commis, mais il faut juger une idéologie qui a promu des crimes. Et pour combattre l'idéologie nazie, on ne s'est pas contenté de combattre ces crimes comme des crimes de droit commun, sur un simple plan judiciaire, mais on a interdit sa littérature et ses manifestations – même pacifiques.
Qu’est-ce qu’un modéré ? Quelqu’un qui n’appelle pas au terrorisme ? Certes, mais ça ne suffit pas 
 
Vous qualifiez une partie de l'extrême gauche de « collaborationniste ». N'est-ce pas exagéré ?
 
Je parle à la fois d'une partie de l'extrême gauche, mais aussi d'une partie des féministes et de certains hommes politiques. C'est une catégorie de l'extrême gauche qui, d'une façon illusoire, perçoit les musulmans comme une communauté qui serait un nouveau prolétariat. Cette approche est, encore une fois, extrêmement condescendante et paternaliste, voyant les musulmans comme une communauté inférieure, faible qu'il faut aider et épauler. Cette partie de l'extrême gauche ne s'intéresse qu'à une catégorie de musulmans, ceux des quartiers pauvres issus de l'immigration. Alors que l'idéologie islamiste, on le sait, est financée par les gens les plus riches au monde, l'Arabie saoudite ou le Qatar. Par ailleurs, elle ne prend pas en compte le fait que dans les pays musulmans, la gauche radicale et libertaire s'est toujours fait laminer par les islamistes. Dieu que c'est dur que d'être athée dans ces pays ! Notre extrême gauche en France a par exemple oublié que Khomeiny a emprisonné et exécuté les communistes en Iran. L'islamisme avance masqué. Au début, quand ces gens n'ont pas le pouvoir, ils se présentent avec un programme attrape-tout, des velléités de revendications sociales et de projets ouvriers. Mais une fois arrivés au pouvoir, ils se retournent complètement contre ça. Aujourd'hui, est-ce qu'il y a une seule théocratie islamique qui respecte le droit des ouvriers ou les revendications de la gauche radicale ? C'est une erreur grossière de notre extrême gauche française.

Vous vous en prenez même « imams modérés », auxquels font souvent appel les médias. Pourquoi ?
 
Tout d'abord, un imam reste un imam. On ne peut bien sûr pas lui demander de défiler sur un char de la gay pride. J'ai bien conscience que sont des hommes de religion, et dans une société plurielle telle que je la souhaite, ils ont bien sûr le droit d'exister. Toutefois, j'ai des sérieux doutes sur la modération de ces gens. Qu'est-ce qu'un modéré ? Quelqu'un qui n'appelle pas au terrorisme ? Certes, mais ça ne suffit pas. Quelqu'un qui, après chaque attentat, condamne le geste ? Merci, mais ces imams condamnent quelque chose qui est déjà condamné par la loi. Là où on aurait vraiment besoin d'eux, c'est pour condamner les textes qui produisent ce type d'attentat au lieu de continuer à nous chanter les louanges de l'islam. Cette modération, je ne la vois pas non plus lors d'un débat comme celui sur le burkini. Il n'y a pas eu un seul, je dis bien un seul imam qui a levé le petit doigt pour dire qu'on peut tout à fait être musulmane et mettre un bikini. Non, ils préfèrent crier à l'islamophobie et condamner le fait qu'on ne laisse pas des femmes en burkini déployer leur stratégie militante.

Le voile est pour vous « l'une des formes les plus rétrogrades de discrimination et de réification des femmes ». Mais les études et les sociologues nous disent que les femmes salafistes qui portent le jilbab en France le font volontairement. Certains vont même jusqu'à parler d'un féminisme musulman...
 
Je peux concevoir que celles qui portent aujourd'hui le voile, intégral ou non, n'ont pas été forcées manu militari à le faire. Si cela avait été le cas, il y aurait des plaintes, car en France, des lois permettent de se défendre. En revanche, de là à dire que c'est un choix libre, il y a quand même tout un monde... La féministe algérienne Wassyla Tamzali a vu, au cours de la décennie noire en Algérie, des centaines de milliers de femmes faire ce « choix libre » d'un seul coup. C'est quand même curieux. Wassyla Tamzali explique ainsi que le voile n'est pas un choix, mais un consentement. Peut-on réellement parler de « choix libre » lorsqu'on sait que dans plusieurs pays dans le monde, si vous ne portez pas le voile, vous êtes fouettée sur la place publique ? Pour moi, il deviendra un habit comme les autres le jour où les Saoudiennes pourront porter le voile le lundi, un jean le mardi et se mettre en bikini le mercredi. Ce jour-là, je dirai « OK ». Mais tant qu'il y a des endroits où les femmes sont couvertes de la tête au pied et qu'elles sont fouettées par la police religieuse si elles ne le font pas, qu'on ne vienne pas me parler de choix.
Celles qui parlent de choix en France sont en réalité soit des femmes qui ont consenti à porter le voile, soit des militantes de l'idéologie islamique qui empruntent les outils dialectiques des droits de l'homme et des libertés individuelles pour justement imposer la négation des droits de l'homme et de la liberté. Cet habit est un uniforme en Arabie saoudite et dans d'autres pays. En tant que féministe, je ne peux que farouchement être opposée au voile, intégral ou foulard simple, car sa fonction reste la même : couvrir la femme, l'enlaidir pour diminuer les érections inopinées. C'est une insulte à la fois pour la femme, perçue comme un objet sexuel à recouvrir, et l'homme, vu comme un primate en rut qui ne peut pas s'empêcher de violer dès qu'il voit une touffe de cheveux. Mais attention, cette aversion pour le voile ne veut pas dire que je dénie la dignité humaine à toutes les femmes qui le portent. Parce que derrière le voile, il y a un être humain, qui a des droits. Mais ces femmes ont des droits en tant qu'individus et citoyennes, et non pas en tant que ninjas couverts de la tête au pied. Je fais référence au discours du Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), qui a recours à une ruse sémantique en parlant systématiquement de « femmes musulmanes », alors qu'en réalité, si elles ont été rejetées, c'est à cause de l'idéologie qu'elles représentent et non pas parce qu'elles sont nées dans une culture musulmane.

Ceux que vous nommez « collaborationnistes » sont, selon vous, les idiots utiles des islamistes. Mais n'avez-vous pas peur d'être l'idiote utile de l'extrême droite ? Le site Riposte laïque s'émerveille ainsi de voir une « femme de gauche qui parle comme Riposte laïque »...
 
J'ai bien vu qu'un site comme Riposte laïque m'adore, parce que je suis issue d'une culture islamique, je viens du bled, j'ai étudié en arabe, et je dis des choses qui leur font plaisir. Suis-je une idiote utile de l'extrême droite ? En réalité, lorsque j'exprime ce qui me semble être un discours de bon sens, je me préoccupe peu de la récupération qui peut être faite. J'en ai marre qu'en France, ce sont toujours les extrêmes qui posent les jalons du débat. Quand on émet une opinion, il faut surtout faire attention à se distinguer de l'extrême droite, tout ça pour finir dans un ventre mou silencieux qui a abandonné des questions importantes aux extrêmes. Si l'extrême droite a envie de récupérer mon discours, je les prie aussi de récupérer les passages les concernant, quand j'explique qu'eux et les islamistes ont la même vision d'une société en déniant aux musulmans leur individualité. Et puis, je n'oublie pas non plus que Charlie Hebdo a été accusé d'être un journal d'extrême droite alors que c'est un journal issu de la gauche libertaire et bouffeuse de curés. Lorsqu'on est un bouffeur d'islamistes, lorsqu'on déteste cette idéologie, on n'est pas raciste. Allez voir dans le monde musulman les critiques virulentes tenues par des gens qui ne connaissent même pas l'existence du Front national en France et qui ont risqué leur vie, et parfois l'ont donnée, pour tenir un discours de vérité vis-à-vis de l'islam. C'est le piège que nous tendent les islamistes. Il est grand temps de retrouver la raison et de dire que la critique de l'islam n'est pas l'apanage des racistes. Nous devons récupérer le débat !
Il faut faire attention à se distinguer de l’extrême droite, tout ça pour finir dans un ventre mou qui a abandonné des questions importantes aux extrêmes !
 
Vous vivez toujours sous protection policière. Comment allez-vous à titre personnel ?
 
(Rires). Je pense que dans ma tête, je vais beaucoup mieux que ceux qui veulent me tuer. Je suis en paix avec moi-même et le reste de l'humanité. Je ne veux tuer personne et je suis farouchement opposée à la peine de mort. J'espère que ces criminels, qui nous pourrissent notre vie à tous, seront arrêtés et jugés dans des procès qui prendront aussi en compte leur idéologie. Je trouve absurde que quelqu'un comme moi, qui n'ai jamais commis aucun crime, vive dans une prison ambulante, tandis que cette idéologie continue à vouloir se présenter comme fréquentable dans notre société. Quel fond faudra-t-il qu'on touche pour que nous prenions enfin collectivement conscience que nous sommes face à un fascisme dangereux qu'il faut combattre comme tel. Lorsque que je vois que je vis sous protection policière, je pense à toux ceux qui étaient assis à une terrasse le soir du 13 novembre ou à tous les gamins qui étaient allés regarder le feu d'artifice le 14 juillet à Nice. Ils n'étaient pas plus menacés que moi et pourtant ils sont morts. C'est pour ça que nous sommes tous menacés, vous, moi, nos enfants, nos parents, par le fascisme islamique ! C'est notre modèle de société qui est visé, et nous vivons tous avec cette anxiété permanente liée au terrorisme. C'est en disant ensemble que ne nous ne sommes plus dupes de l'islamisme, que nous le refusons en bloc que nous montrerons aux extrêmes que nous faisons très bien la différence entre un individu et une idéologie, et que ce que nous condamnons, c'est une idéologie et non pas une soi-disant communauté ou une culture.

Votre éditeur, Ring, a été présenté comme une « sulfureuse maison d'édition proche de l'extrême droite » par Arrêt sur images, les Inrocks ou le Petit Journal...
 
J'ai connu Ring à travers Raphaël Sorin, son conseiller littéraire. J'approuve la démarche de Ring qui est celle d'être ouverte à des auteurs diversifiés. Il y a une vraie liberté, on a carte blanche pour s'exprimer. Ring va aussi éditer le blogueur palestinien Waleed Al-Husseini qui a fait de la prison pour blasphème et qui fait partie de ces athées musulmans auxquels je dédie mon livre. Moi, je suis une fille qui vient du bled et a connu les luttes réelles pour la démocratie, la liberté de picoler comme de faire l'amour. J'ai été journaliste au Maroc où, de facto, on est en liberté conditionnelle. Les petites querelles de chapelle du marigot parisien m'échappent donc complètement.


Vous avez quitté Charlie Hebdo le 9 septembre en expliquant que « le journal n'est plus le même »...

 
Ce journal n'est évidemment plus le même parce que les meilleurs d'entre nous sont morts. Parmi ceux qui ont survécu, beaucoup sont partis. Aujourd'hui, je me sens étrangère dans ce journal et je tourne la page. Mais ça reste une expérience qui m'a formée. On a vécu quelque chose qui est capital dans l'histoire du journalisme et de notre pays. Je reviendrai certainement un jour sur cette expérience. Mais aujourd'hui, je suis d'abord très heureuse d'être en vie. Avec ce rappel permanent de la mort qui rôde, j'ai tout simplement envie de vivre. Je quitte Charlie en paix.


Détruire le fascisme islamique, de Zineb (Ring, 70 p., 6,90 €).

Le Point 

La mosquée flambant neuve doit fermer ses portes

 

 

Après un avis défavorable de la commission de sécurité, qui a constaté plusieurs anomalies, Jean-Didier Berger, le maire (LR) a pris un arrêté de fermeture.

Les ennuis commencent à la mosquée de Clamart. Sous le coup d'une interdiction d'ouverture, le lieu de culte flambant neuf — mais inachevé — ne peut plus accueillir les centaines de fidèles qui le fréquentent depuis trois ans. Vendredi, Jean-Didier Berger, le maire de la ville (LR), a pris un arrêté de fermeture fondé sur l'avis défavorable rendu par la commission communale de sécurité, qui a visité les lieux mercredi dernier.

Entre le système de désenfumage, les portes de sécurité incendie, le balisage et les accès de sécurité, les câbles électriques non protégés dans le parking, où s'alignent des tapis de prière et pas des voitures, « de nombreuses anomalies ont été constatées » et l'ensemble est « de nature à compromettre gravement la sécurité du public », indique l'arrêté municipal. Si l'Association des musulmans de Clamart (AMC), qui gère la mosquée, procède aux indispensables transformations, la commission pourra revisiter l'édifice et, le cas échéant, délivrer un avis favorable.

Mais en attendant, l'association va devoir batailler sur un autre volet. Judiciaire cette fois. D'ici la fin de semaine, le maire devrait signaler au parquet de Nanterre les libertés que l'AMC a prises dans la construction même du bâtiment. Concrètement, le permis de construire autorise l'édification de trois étages, mais la mosquée en compte quatre. Quatre étages, c'était bien le projet initial de l'association, qui avait donc déposé un permis modificatif pour ajouter ce niveau. Permis modificatif refusé début 2014. Mais l'étage a tout de même été construit...
 

Le maire de Clamart, qui n'ignorait pas les problèmes que pose la mosquée lorsqu'il s'est installé en mairie en 2014, aura quelque peu traîné avant de prendre les choses en mains. Mais le sujet est sensible, et l'élu s'est attaché à border le dossier avant d'agir. C'est pourquoi la préfecture est dans la boucle. « Dans la période actuelle, je n'ai pas du tout envie de jeter de l'huile sur le feu, réagit Jean-Didier Berger. Mais j'ai été clair avec l'association : si tout le monde est dans la règle, tout le monde est sur un pied d'égalité. »


Un gymnase devrait être ouvert le vendredi


Pour que les fidèles de cette mosquée, qui viennent de tout le sud du 92, ne se retrouvent pas tout à fait à la rue, le maire devrait proposer l'ouverture d'un gymnase le temps de la prière du vendredi, fréquentée par 800 à 1 000 personnes. De son côté, l'AMC a publié un communiqué sur son site pour annoncer que « l'ouverture de la mosquée est reportée ». Son président, Kamal Chemini est resté injoignable mardi. Interrogé voici plusieurs semaines au sujet des travaux inachevés de la mosquée, il avait alors indiqué « ne pas parler aux journalistes ».

Dans la lignée de son prédécesseur, le nouveau préfet des Hauts-de-Seine, Pierre Soubelet, suit l'affaire de près. Et pas seulement pour des questions d'urbanisme. Car la mosquée fait l'objet d'une attention particulière des services de renseignement. Elle compte parmi les quelques lieux de culte du département surveillés à cause de la présence de salafistes parmi ceux qui la fréquentent.

 Valérie Mahaut

Le Parisien 

Police nationale : le naufrage d’un commandement politisé

 

 
De droite comme de gauche, la technostructure policière a pris le contrôle de l’appareil d’État et en a fait sa chose.







Enfin, ça éclate ! la crise du commandement à la police nationale, évoquée dans ces colonnes de longue date, devient une affaire publique. En dehors de leurs organisations syndicales, les policiers manifestent spontanément le soir pour dénoncer l’abandon dans lequel ils se trouvent de la part de leur hiérarchie pour effectuer leurs missions de maintien de l’ordre. Et, une fois de plus, cette même hiérarchie policière manifeste toute son incompétence et son incapacité à gérer la situation…

Le ras-le-bol de Pinot simple flic

 

Pour tous les grands défenseurs de l’État comme solution universelle aux problèmes du pays, l’expression de ras-le-bol à laquelle nous assistons rappelle qu’il n’est pas pire employeur que ce fameux État prétendu défenseur de l’égalité et des droits sociaux. Aucune entreprise ne pourrait en effet survivre avec un management aussi éloigné des réalités et autant coupé de sa base.
La hiérarchie policière peut d’ailleurs se targuer de disposer de collaborateurs aussi patients. Ce ras-le-bol aurait pu, et même aurait dû, éclater de longue date.

L’évident abandon des policiers de terrain

 

Que la hiérarchie policière se désintéresse de sa fonction managériale, qu’elle soit beaucoup plus occupée à faire carrière qu’à garantir la sécurité des citoyens est une évidence qui déchire les yeux. Tous ceux qui vivent dans les quartiers difficiles savent que la police nationale y souffre de graves disparités dans l’affectation des effectifs, dont la hiérarchie policière porte directement la responsabilité, et d’une paralysie quotidienne due au manque d’engagement du management dans la prise de responsabilité.

C’est ainsi que, au jour le jour, l’ordre de la société se délite et qu’un sentiment d’impunité se développe parmi les racailles.

La faillite de la cogestion syndicale

 

Pour garder le contrôle de la situation sans se remettre au travail, la hiérarchie policière a pratiqué la cogestion syndicale. Le jeu était simple : il consistait à neutraliser le combat syndical en nourrissant une bureaucratie aux ordres. Ce système a retardé l’émergence de la contestation, pour un prix finalement limité.

Le sidérant mépris de la hiérarchie

 

Personne n’a échappé à cette image sidérante du directeur général de la police nationale, Jean-Marc Falcone, à l’abri des vitres fumées de sa voiture de fonction, refusant d’entrer en contact avec ses salariés en colère et filant à toute vitesse pour leur échapper. Imagine-t-on un patron de grande entreprise contesté par ses employés donner ce spectacle désolant ? On trouverait facilement une troupe de parlementaires pour demander des sanctions immédiates.

Pourquoi l’accepte-t-on d’un haut fonctionnaire ? Pouvait-on donner meilleure illustration du mépris aristocratique de la hiérarchie policière pour le flic de base ? Pouvait-on mieux démontrer le désintérêt de la hiérarchie pour le management ?

Jean-Marc Falcone, symbole de la politisation de la haute fonction publique

Et qui est Jean-Marc Falcone, le directeur général de la police nationale ?

Cet homme devenu commissaire de police en 1979, ancien collaborateur de Jean-Jack Queyranne et de Christian Paul (dont il fut directeur adjoint de cabinet au secrétariat d’État de l’Outre-Mer), est devenu préfet sous la droite. Mais son retour à Matignon en 2012 lui a permis de faire la « culbute » vers la direction générale de la police nationale en 2014, à l’occasion de l’arrivée de Bernard Cazeneuve.

Dans la pratique, Falcone n’est plus « flic » depuis 1990. Est-ce bien raisonnable ?

Psycho-rigidité et indifférence comme valeurs managériales

 

Jean-Marc Falcone porte et déploie manifestement les mêmes valeurs managériales que son ministre Bernard Cazeneuve. On voit bien la technique du « nous sommes infaillibles » et du « circulez, y a rien à voir ». Comme Cazeneuve, Falcone réagit à la contestation spontanée par la menace.

Son choix de ne pas recevoir les manifestants et d’ordonner une enquête administrative pour intimider ceux qui expriment leur ras-le-bol et font usage d’un droit d’expression courant dans le secteur privé donne une démonstration parfaite de ces traits de caractère. « Oignez malins, poignez vilains ! ».

La technostructure policière à la manœuvre

 

On pourrait se consoler en pensant que le phénomène est lié à une majorité parlementaire. Les débats qui ont suivi les événements de Viry-Châtillon ont malheureusement montré que le problème ne tient pas à une majorité politique de circonstance, mais aux manœuvres d’une technostructure en bonne et due forme. De droite comme de gauche, la technostructure policière a pris le contrôle de l’appareil d’État et en a fait sa chose.

Le contrôle citoyen n’y a manifestement plus sa place. Dans une période marquée par la menace terroriste, cette situation pose un vrai problème…

Éric Verhaeghe

 Contrepoints

Ras-le-bol des policiers : le mouvement s'étend partout en France

 

 

L e gouvernement français s'est mobilisé ce mercredi 19 octobre pour répondre au ras-le-bol des policiers qui réclament davantage de moyens alors que la fronde vire à la polémique politique et essaime dans l'Hexagone. 

Quelque deux cents policiers se sont encore rassemblés ce mercredi soir sur la place de la République à Paris mais aussi en région à Montpellier (voir vidéo) et à Béziers, signe de l'exaspération des policiers qui s'exprime depuis 48 heures. Face à un mouvement qui essaime également à Marseille, Nice, ou encore Rennes, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve a reçu "en urgence" les syndicats de police, qui tentent de canaliser la colère des fonctionnaires sur le terrain.

 
Il leur a annoncé le lancement ce lundi d'une concertation sur tout le territoire sur les revendications des policiers, avec mise en oeuvre rapide des mesures retenues. Le garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas devait ensuite rencontrer les syndicats dans la soirée. De son côté, le président François Hollande a fait savoir mercredi qu'il partageait l'indignation des policiers après l'attaque contre leurs collègues. Il a aussi rappelé "le soutien qui a été toujours le sien et celui du gouvernement auprès des forces de sécurité".


Les policiers demandent renforts et sanctions

 

Le mouvement qui a gagné plusieurs villes en France après une manifestation improvisée sur les Champs Elysées fait suite à une attaque au cocktail Molotov d'un véhicule de police à Viry-Châtillon (sud de Paris) le 8 octobre, lors de laquelle un fonctionnaire de 28 ans a été très grièvement brûlé. Sa collègue, âgée de 39 ans, également grièvement brûlée, a quitté l'hôpital mardi soir, selon le directeur général de la police nationale (DGPN), Jean-Marc Falcone. Le patron de la police a dit comprendre "l'exaspération, les craintes et les angoisses" des agents, tout en déplorant que certains aient "utilisé des véhicules" et des "moyens" de la police pour manifester "pendant leurs heures de service".


Parti en banlieue mardi pour rappeler ses troupes à l'ordre, il est reparti sous les huées de quelque 400 fonctionnaires venus soutenir leurs collègues menacés de sanctions. Les policiers sur le terrain exigent des renforts, des moyens, se plaignent d'un surplus de gardes dites "statiques" ou de "mission indues" et réclament que la justice sanctionne sans faille les auteurs de violences. Ils "veulent une réponse pénale aux agressions et à la violence dont ils sont victimes", a expliqué le secrétaire général d'Alliance, Jean-Claude Delage.

En pleine campagne électorale

 

Un autre syndicat, Unité-Police SGP-FO, a pour sa part appelé à une manifestation silencieuse, "une marche de la colère policière et citoyenne", le mercredi 26 octobre, encourageant la population à y participer. En pleine campagne électorale à quelques mois de l'élection présidentielle, la grogne des policiers suscite une empoignade politique : la droite et l'extrême droite critiquent durement le gouvernement qui dénonce en retour l'instrumentalisation des policiers. Le patron des socialistes Jean-Christophe Cambadélis a dénoncé la "patte" du parti d'extrême droite Front national dans les manifestations de policiers.

 Les policiers français ont déjà manifesté par le passé pour s'élever contre le laxisme supposé de la justice ou contre leurs conditions de travail: en mai 2016, ils étaient dans la rue pour dénoncer la haine "anti-flic" lors de manifestations sociales, et en avril 2016, ils avaient défilé pour réclamer l'augmentation de leur prime de risque.

Midilibre 

Solférino : « Juppé, le meilleur d’entre nous ? »

 

 


Les presque présidentielles que sont les primaires deviennent un jeu plus complexe que les échecs ou le jeu de Go pour le citoyen moyen engagé. En effet, le premier degré d’une stratégie spontanée est à bannir, qui peut avoir le résultat inverse de celui espéré. C’est particulièrement le cas pour la désignation du candidat de la droite et du centre. Et c’est justement ce « centre » qui brouille les pistes et embrouille le choix.

Jusqu’à récemment, le candidat Sarkozy présentait quelque espoir de succès pour le prétendant Hollande, grâce à un sac d’impopularité soigneusement rechargé par le rempart médiatico-judiciaire. Solférino comptait sournoisement sur ce scénario quand le sortant n’en espérait pas moins. 

Le partisan de droite averti et scrupuleux pouvait, à juste titre, douter du résultat final contraire à son désir profond et se gratter le crâne jusqu’à l’irritation capillaire, voire l’indécision. Las, avec les jours qui avancent et les avanies éditoriales du confident de l’Élysée, les caciques du PS voient désormais le futur autrement, même s’il n’est pas clairement dessiné aux troupes déboussolées et émiettées de ce qui demeure de militants. Quitte à perdre dans les urnes, autant favoriser alors le « moins-disant » des Républicains. Le favori des sondages, Alain Juppé, apporte chaque jour quelque caution bienveillante aux indécis campés ou repliés dans le marigot du milieu, au nom du rassemblement qui ressemble à un glissement à peine subtil. La preuve en est donnée par le perspicace et rallié inconditionnel Bayrou, dont on ne peut douter de la prescience politique…

À ceux toujours déterminés à faire poids lors de la primaire, sans se compromettre ou douter de leur choix parmi les sept candidats, je propose en ultime soutien de tenter le recours au Doushou Qi. Le principe de cet ancestral jeu chinois, encore appelé jeu de la jungle, est la stratégie par affrontement. Exactement ce qui convient en l’occurrence. J’en donne la règle à toutes fins utiles : chaque joueur dispose de huit pièces hiérarchisées (animaux), le vainqueur est celui qui occupe le sanctuaire adverse, les prises sont réalisées par substitution, une pièce ne peut prendre qu’une pièce ennemie de hiérarchie égale ou inférieure ; règles simples mais possibilités stratégiques importantes.

Il paraît que Cambadélis s’y adonne déjà…

 Henri Gizardin

Boulevard Voltaire 

Plus que le devoir de réserve, celui d’émettre de graves réserves !

 

 



Les policiers ont manifesté hier à Paris. Ce n’est pas la première fois, mais il s’agissait là d’un mouvement spontané en dehors des organisations syndicales pour exprimer non des revendications mais une exaspération suscitée par le mépris du pouvoir. Une inversion des valeurs amène un policier à avoir infiniment plus peur d’utiliser son arme qu’un délinquant ne craint de le faire.

Un général de la gendarmerie, le troisième dans la hiérarchie, a été « éloigné » à la direction de l’outre-mer en 2013 pour avoir osé dire la vérité. Le général Bertrand Soubelet fait le récit de cette forfaiture de la République dans un livre : Tout ce qu’il ne faut pas dire. À la suite de cette parution, il a été, cette fois, démis de ses fonctions. La réaction d’Alain Juppé fut inconvenante. Il justifia l’éviction du général en disant que celui-ci devait fermer sa gueule ou démissionner, comme un ministre. Autrement dit, un politicien refusait le droit à un militaire d’informer les Français sur la réalité que la caste politique s’évertue à cacher. Cette stupéfiante inversion des valeurs entre la vérité et le mensonge, entre l’oligarchie politicienne et ceux qui ont le devoir de défendre le pays a entraîné une réponse musclée du général Pinard Legry, président de l’Association de soutien à l’armée française : « Un officier général n’est pas un ministre qui passe d’un ministère à un autre souvent sans connaître grand-chose aux matières qu’il est amené à y traiter. » Sa compétence lui dicte le devoir d’informer le pays lorsque des politiques mettent celui-ci en danger.
Ce cas n’est pas un accident isolé. Certes, l’armée doit servir la République, mais elle défend d’abord la nation. Ils peuvent et doivent s’exprimer lorsque le Parlement procède à une réflexion qui appelle leurs informations et leurs conseils. Le fait que l’exécutif punisse un militaire pour avoir été sincère dans cette situation est évidemment un empiétement totalement illégitime sur le pouvoir législatif. Par ailleurs, un général en retraite est un citoyen.
Le fait d’avoir commandé des opérations militaires périlleuses au service d’un pays auquel il a plus qu’un autre consacré sa vie devrait imposer à son égard le plus grand respect. Il n’est pas moins citoyen qu’un autre Français. On serait tenté de dire qu’il l’est davantage que certains. Cela n’a pas été l’avis du sénateur Gilbert Roger, qui s’est permis d’écrire au général de Villiers, chef d’état-major des armées, pour lui demander de « rappeler à l’ordre les militaires retraités qui critiquent la politique menée ». L’ASAF a condamné cette démarche scandaleuse.
 Le général Piquemal, qui manifestait à Calais le 6 février, a été interpellé sans ménagement et mis en garde à vue durant 48 heures. Il sera relaxé à Boulogne le 26 mai, mais les rats de cabinet vont s’acharner : il est mis à la retraite et exclu de la 2e section puis, au mois d’août, lorsque l’opinion publique est sur les plages, il est radié des cadres. La carte d’identité militaire lui est retirée et il n’a plus le droit de porter l’uniforme. Ces décisions humiliantes et disproportionnées à l’encontre de l’ancien patron de la Légion prises par de minables politiciens ne peuvent que soulever la réprobation et le mépris. Lorsqu’une société inverse à ce point les valeurs, c’est évidemment elle qui doit être renversée. Le général exerce son droit de recours. Un comité de soutien est lancé par le général Martinez, coprésident de Volontaires pour la France, qui ne mâche pas ses mots à propos de la politique menée à l’égard de l’islam notamment. Le général Tauzin, qui souhaite se présenter à l’élection présidentielle, a également soutenu Christian Piquemal.
La compétence et le patriotisme appellent les militaires à se dégager d’un prétendu devoir de réserve. On ne peut être complice de la trahison par sa passivité sans trahir soi-même. La grande muette se met à parler !

 Christian Vanneste

Boulevard Voltaire 

Juppé n’aime pas la France « recroquevillée », « craintive »… Mais elle existe !

 

 

Alain Juppé, ancien ministre du Budget (1986-1988), puis ministre des Affaires étrangères (1993-1995), puis Premier ministre (1995-1997), puis ministre d’État en 2007 (Écologie), 2010 (Défense) et 2012 (Affaires étrangères), condamné en 2004 à 14 mois avec sursis et à un an d’inéligibilité pour prise illégale d’intérêt dans une affaire d’emplois fictifs, serait un potentiel futur Président, et censé incarner (ne pas rire, ne pas pleurer non plus) un renouveau politique, celui ayant entendu – promis juré mordicus et rubis sur l’ongle – l’avertissement populiste des dernières régionales. 

Les années d’extrême modération et d’extrême centrisme qui semblent se profiler sauront-elles venir à bout d’un chômage dont Juppé, ainsi que les diverses équipes dirigeantes qu’il fréquenta, prouvèrent leur impuissance à endiguer l’inexorable montée ? Comme d’habitude, nous allons voir ce que nous allons voir, promet celui qui ne se résoudra « jamais à une France recroquevillée, craintive, à la traîne » […] et qui se propose de « redonner à nos compatriotes le goût du monde » […] en réponse « aux prophètes du déclin, aux chantres du repli, aux Cassandre de la pseudo-guerre des civilisations » en leur opposant « la capacité du lien et du dialogue » […] et en promouvant « la règle du droit dans les relations internationales au lieu du rapport de force » (Le Figaro, 18 octobre). 

Et s’il commençait par imposer la règle de droit dans les rapports entre nationaux ? Est-il sûr que tant de Français seraient accablés par un manque de « goût du monde » ? Et si c’était, au contraire, un trop-plein de « dégoût du monde… politique », dont il incarne l’aveuglement avec brio ? 

« Guerre des civilisations, quelle guerre des civilisations ? » dit-il entre deux postes ministériels, un job de maire et un crochet par Bilderberg ou Davos. « Capacité du lien et du dialogue », poursuit-il. Quelle « capacité » ? Celle de cet instituteur d’Argenteuil qui, venant tout juste de recadrer une élève turbulente sur le chemin de retour d’un cours d’éducation physique, fut tabassé par deux racailles de passage, devant les élèves tétanisés ? « Tu lui parles pas comme ça, raciste ! » lui intima la paire, avant de le balancer au sol et de lui décocher une droite. 

« Mais je suis leur maître ! » tenta bien l’enseignant. « Et moi je suis une racaille », lâcha l’un d’eux, avant d’ajouter : « Il n’y a qu’un seul maître, c’est Allah » (Le Parisien, 18 octobre). Monsieur Juppé, vous l’avez là, sous votre nez bouché de suffisance, la France « recroquevillée » et « craintive », au sens propre et (dé)figuré du terme. Elle gît sur un trottoir, du côté d’Argenteuil, là où l’ont envoyée deux purs fruits de ce multiculturalisme au « goût de monde » qui vous semble cher. Nous ignorons si vous êtes un véritable homme de terrain, mais gageons que vous ne vous fîtes jamais tabasser par une paire de racailles : vous comprendriez qu’en la circonstance, il est normal – noble, même – d’être « craintif » et « recroquevillé ». Vous comprendriez également que le logiciel à mettre à jour est celui du tabasseur, non du tabassé.

Silvio Molenaar

Boulevard Voltaire 

Visionnaire, Laurent Obertone ? Tout simplement réaliste. Et ce n’est pas joli… À lire absolument.

 

 






Comment vous dire ? On a du mal à entrer dans le livre, on se dit « c’est un peu caricatural, quand même » et, petit à petit, on se laisse prendre, happer, manger et on ne peut plus le lâcher. C’est l’effet Guérilla. Laurent Obertone a voulu écrire un roman. Ce n’en est pas un. Un soir, vous lisez quelques pages avant de vous endormir et, le lendemain, vous apprenez Viry-Châtillon, ses policiers attaqués, blessés, brûlés. Vous vous dites : « On y est… »
Parce que dans Guérilla, ça commence comme ça : une descente de police dans une cité « sensible ». Qui tourne au drame. Les policiers encerclés sont attaqués. Devant la furie des agresseurs, un agent perd son sang-froid et tire à plusieurs reprises. La cité s’embrase et le pays suit…

Dans la vie « réelle », les policiers perdent rarement leur sang-froid. Jusqu’à présent, du moins. Parce qu’on voit, ces jours-ci, des manifestations nocturnes de quelques-uns d’entre eux qui crient leur ras-le-bol. Et qui revendiquent. Oh, pas seulement des hommes, du matériel supplémentaires, mais de la considération.
Parce que le fond du problème est là. Comment être respecté par des petits caïds qu’on arrête et qui sont relâchés le lendemain, parfois le jour-même. Et ça commence très jeune, puisque les mineurs sont certains de leur impunité…
 Viry-Châtillon, donc, puis, quelques jours après, Mantes-la-Jolie, où des policiers ont été pris dans un guet-apens. Avant de nouvelles échauffourées dans le quartier du Val-Fourré avec une centaine de jeunes. Oui, une centaine… Déjà, en mai dernier, on assistait, médusés, à l’escalade de la violence envers les forces de l’ordre à l’occasion des manifestations contre la loi Travail. Rappelez-vous ces deux policiers agressés dans leur voiture, déjà à l’aide d’un cocktail Molotov et qui, heureusement, s’en étaient sortis indemnes. Là encore, on avait salué le sang-froid d’un des deux agents qui avait su rester calme, avant de tourner les talons, face à un jeune excité qui l’attaquait à coups de barre de fer. Il avait même été décoré. Pour n’avoir pas utilisé son arme, pour son sang-froid et, si j’étais mauvaise langue, pour sa peur des ennuis si, par malheur, il avait riposté un peu trop fort…

Et puis ça continue, les violences contre la police, les médecins du CHU de Tourcoing agressés, le professeur molesté devant ses élèves, cet autre qui se fait casser la mâchoire par un lycéen pour avoir osé lui faire une remarque. Et puis l’interprète du journaliste, dans la jungle de Calais, qui se fait violer par un migrant tandis que deux autres empêchent l’homme qui l’accompagne d’intervenir. Du roman, me direz-vous ? Ah non, là, on est dans le réel. Ce sont les « faits divers » de ces derniers jours. L’ennui, quand on lit Guérilla, c’est qu’on passe du livre à la vraie vie sans plus savoir ce qui relève de la fiction et de la réalité. Parce que les deux se confondent.

Visionnaire, Laurent Obertone ? Tout simplement réaliste. Et ce n’est pas joli… À lire absolument.

 Emmanuelle Duverger

Boulevard Voltaire 

Un expatrié témoigne sur l’immigration : « à ce rythme-là, dans 20 ans, vous aurez la Seine St Denis en Bretagne » [témoignage]

 

 



L’accueil de migrants en Bretagne se poursuit. Par ailleurs, la proportion d’immigrés ou d’enfants d’immigrés extra-européens au sein de la population bretonne (B5) augmente, plus fortement d’ailleurs en Loire-Atlantique. La Bretagne reste toutefois très loin des proportions particulièrement élevées d’extra-européens que l’on peut retrouver, notamment en Ile de France où dans les grandes métropoles françaises.
Une proportion élevée qui conduit, mois après mois, de nombreux « gaulois » ou « français de souche » à quitter le quartier dans lequel ils ont grandi, la maison de famille, les racines, pour aller vers cette « France périphérique » , moins « diverse », plus rurale, plus rassurante pour eux et leur famille également.
Le phénomène est exactement le même en Angleterre, comme l’évoquait la démographe Michèle Tribalat qui évoquait un « white flight ».
Parmi ces nouveaux déplacés de force à l’intérieur même de leur propre pays, nous avons rencontré Laurent, 47 ans, qui vit avec sa famille dans un petit village du côté de Pontivy, depuis maintenant 6 ans. Ayant toujours vécu en région parisienne, et majoritairement en Seine St-Denis (où il a été animateur socio-culturel), il tenait à nous parler de son expérience de son vécu, et surtout, de ses craintes qu’un jour la Bretagne ne soit plus la Bretagne mais bien comme la Seine St Denis aujourd’hui.
Rencontre.
Laurent se définit comme un « expatrié » en Bretagne ; « je suis un fils, un petit-fils, un arrière petit-fils de parisiens, avec des origines familiales qui permettent toutefois de faire le tour de France, mais nous sommes installés en Seine St Denis depuis des décennies. Nous avions une maison familiale à Pantin » nous dit-il.
Après avoir travaillé à La Poste un an, il passe un DUT Carrières sociales afin de devenir animateur socio-culturel. « Je ne suis pas fait pour les bureaux, ma place est sur le terrain, dans la rue, pour encadrer, pour animer, pour écouter ». Ce travail, il l’a mené durant 18 ans, dans plusieurs établissements (maison de retraite, puis maison de quartier et foyer de jeunes travailleurs). « J’ai adoré faire ce métier, mais il y a des endroits – et notamment là où j’habitais, où les différences culturelles sont telles qu’il est impossible de le faire correctement et d’être écouté ».
Laurent fait toutefois une grosse différence entre « la génération NTM et celles qui suivent ». « La génération NTM, les gars du quartier étaient ce qu’on appellerait « des racailles », mais il n’y avait pas toutes ces dérives communautaires, ethniques, religieuses. Ou pas encore de façon si marquée si l’on compare au début des années 2000 où là , on a pu le voir au grand jour . Attention, bien entendu, il y avait déjà, et cela depuis des années, des départements entiers de région parisienne à forte proportion immigrée, mais les « gaulois » n’étaient pas encore partis. Aujourd’hui, il n’y en a vraiment plus beaucoup ».
Quand on lui demande ce qui l’a poussé à partir s’installer dans un hameau à coté de Pontivy, lui qui aimait et qui aime toujours son métier d’ailleurs, qu’il ne pratique toutefois plus en Bretagne ce dernier n’y va pas par quatre chemins : « j’ai travaillé 17 ans avec des populations africaines notamment, dont je voyais chaque jour qu’elles devenaient majoritaires et qu’elles me mettait de facto en minorité. N’ayant jamais souhaité mettre mes enfants dans le privé, ou tenter d’avoir des pass-droits pour les préserver de certaines écoles en Seine Saint-Denis, j’ai pris la décision, avec ma femme, de vendre et de partir. Nous n’étions plus chez nous, tout simplement. ».
Lorsqu’on lui évoque alors une forme de « repli sur soi » Laurent éclate de rire : « il me semble qu’après avoir travaillé 17 ans avec des Sénégalais, des Algériens, des Kabyles, des Laosiens, et avec une grande partie des peuples de la planète venus se perdre en Seine St Denis, c’est un peu culotté de me dire cela non ? »« J’ai toujours beaucoup de contacts là-bas. Des gens que j’apprécient, des gens de différentes origines. Mais cela n’enlève rien au fait que j’ai l’impression d’être un expatrié dans son propre pays. A Paris intra-muros, ils ont beau nous vanter le mélange, la mixité sociale, ils ne la vivent pas. Et surtout, ils n’ont pas compris qu’à force de faire venir des gens du monde entier, le mélange aura perdu sa couleur originelle ». 
Laurent ne ressent pas d’amertume : « je vais pas me plaindre d’être en Bretagne quand même !». Mais il a perdu beaucoup d’illusions : « pour moi, le rôle d’un animateur, d’un éducateur même, c’était un rôle social fondamental dans notre société. Essayez de proposer des projets qui élèvent, qui transcendent, à des jeunes dont bien souvent les familles ne savent pas quoi faire – on tourne vite en rond dans une barre HLM. Essayez d’éviter au maximum les mauvaises influences, le basculement dans la drogue, la délinquance. On est pas bien payé, mais par contre, niveau enrichissement humain, c’est un métier formidable.».
Mais Laurent n’en demeure pas moins ferme sur l’impossibilité à exercer ce métier « dans des villes qui sont devenues des carrefours du monde entier où les gens n’ont absolument rien en commun, ni culture, ni religion, ni coutumes, ni moeurs. Ou plutôt si, ils commencent à avoir en commun car petit à petit, ceux qui sont différents de la nouvelle majorité s’en vont ». 
En Bretagne, après avoir enchainé quelques remplacements, notamment à Rennes, et après une période passée à retaper une partie de la maison familiale, il a décidé finalement de changer totalement, et s’est lancé dans des études agricoles : « une façon de remercier la terre qui m’accueille, c’est d’apprendre les moyens de l’utiliser et de nourrir sainement mes voisins » nous dit-il. Pas question pour lui de retourner à son métier d’origine : « je ne retrouverai jamais la passion que j’ai eu pendant les dix premières années où j’ai travaillé auprès des jeunes, là-bas. Et puis les dernières années m’ont vraiment marqué. On m’a menacé, on a menacé ma famille, il fallait se taire, pas faire de vagues, surtout pas faire de vagues …». Il n’a pas envie de s’étendre plus sur le sujet.
Lorsqu’on lui demande le regard qu’il portait et qu’il porte sur la Bretagne, il nous dit : « bon, il y’a le regard d’un prolo parisien plein de cliché sur la région, forcément, je l’avais un peu en arrivant. Mais il y’a surtout la vision de la Bretagne où il faut bon vivre, où les gens se disent bonjour quand ils se croisent, ils se sourient – ou pas d’ailleurs. A la campagne, on peut laisser sa porte de maison ouverte sans risquer – pour le moment encore – à tout instant le cambriolage. On peut faire confiance à ses voisins, on respire, on découvre chaque jour des paysages et des chemins somptueux, bref, nous revivons, loin du béton et de la jungle ! ».
Laurent n’est pas naif, et a toutefois pu constater qu’il y’avait une différence entre les grandes villes bretonnes et la campagne : « c’est sûr que Rennes, et même Nantes où j’ai fait un remplacement, il y’a certains quartiers ou je me suis senti comme chez moi en Seine Saint Denis, dans les années 90. Je ne pensais pas d’ailleurs qu’il y’avait « autant » (façon de parler nous dit-il) de mixité que cela dans les quartiers ouvriers. En même temps, j’ai bien vu des femmes voilées à Locminé et des Africains à Pontivy, alors plus rien ne m’étonne ! ».
Lorsqu’on lui fait remarquer que la Bretagne n’est pas la Seine St Denis, la réponse fuse immédiatement : « pas encore. Vous avez de la chance, malgré une région qui connait ou a connu des difficultés économiques, d’avoir préservé une forme de vivre ensemble, le vrai, qui existe de moins en moins dans d’autres régions. Il faut le garder . Mais vous ne le garderez pas en faisant venir des migrants, en construisant un aéroport qui vous amènera une main d’oeuvre immigrée pas chère dans les banlieues, en vous rapprochant sans arrêt de Paris, et surtout, en votant PS !».
Laurent rigole : « non mais c’est vrai , pour moi ce sont des ordures. Ma famille était PCF, merde ! Ils nous ont trahi dans les banlieues. Ils ont acheté des jeunes. Ils ont laissé faire certaines saloperies. Et surtout, ils ont implanté en masse les familles d’immigrées que Giscard et Bouygues avaient commencé à faire venir ; partout, partout ! Ils ont tout détruit , ils feront la même chose ici si vous laissez faire, c’est dans leur ADN. Quand je vois vos quartiers à Rennes ou à Nantes, on peut deviner les yeux fermés que ce sont des municipalités PS. C’est constitutionnel chez eux de laisser se développer puis pourrir des quartiers entiers. Ils ont la folie des grandeurs, et sont persuadés que le mélange est infini ».
Il a d’ailleurs remarqué que les choses évoluent vite : « on va pas me la faire à moi. Quand je suis arrivé ici et qu’on me parlait d’immigration dans les campagnes, je rigolais, vu d’où je venais et je rigole toujours d’ailleurs, mais un peu moins. Par contre ce que je peux dire, c’est que la population immigrée, en provenance d’Afrique ou de Turquie notamment, est de plus en plus nombreuse, que ce soit à Rennes ou à Nantes pour ce que je connais, et même dans certaines campagnes. Je ne sais pas d’où ils arrivent, mais ils sont là, c’est un fait. Et à ce rythme-là, progressivement, dans 20 ans, vous aurez la Seine St Denis en Bretagne. Et vous finirez pas devenir minoritaires, dans plus longtemps encore. Et là, il n’y aura plus d’autres régions pour vous en aller si vous ne supportez plus la nouvelle façon de vivre qu’on vous imposera, puisqu’à l’ouest, y’a la flotte ! ». Rires.
Mais n’est-ce pas encore plus frustrant pour un « expatrié » de faire ce constat ? « Ce qui est frustrant, c’est de voir une naïveté qui parfois ressemble fortement à de la bêtise chez certaines personnes. Une famille d’Algériens va s’installer dans un village, et tu vas forcément trouver ici la Mère Théresa du village, un peu colonialiste tout de même, qui va vouloir organiser et mobiliser le comité des fêtes locales autour d’une soirée d’intégration à base de Couscous et de musique bretonne. La famille d’Algériens elle, s’en tamponne de ta soirée d’accueil, et peut être même qu’elle n’aime pas le couscous. Elle veut juste qu’on lui fiche la paix. Je suis à peine dans le cliché non ?».
« Oui, il m’arrive parfois de m’accrocher avec quelques uns qui semblent vraiment croire à la société où tout le monde est beau, gentil, différent et vit ensemble. Et à contrario bien souvent, ce sont ces mêmes personnes qui vont avoir une réflexion raciste stupide, une blague douteuse, un comportement d’ostracisme vis à vis de celui qui vient du village d’à côté ou pire encore, de la ville ! Ou alors qui vont être totalement intolérants avec toi si tu ne partages pas leurs opinions. C’est paradoxal. Mais encore une fois, je ne vais pas jouer le vétéran qui a fait le Vietnam. Mais j’invite tous ceux qui rêvent d’un monde de mélange à venir voir en Seine Saint Denis ce que mon département est devenu . Et à en tirer les conséquences pour chez eux, pour leurs enfants . ».
Après une bonne heure de conversation, à refaire le monde et à en apprendre plus sur une forte personnalité, éducateur chevillé au corps, blessé par la vie et surtout par ce qu’il a vu, nous le laissons reprendre la route, destination la ferme biologique où il effectue actuellement un stage d’observation…en compagnie de son fils..lui aussi en stage, mais pas au même niveau !

jeudi, 20 octobre 2016

A Genève, une tribune pour le «visage souriant» de l’extrême droite autrichienne

 

 
Les étudiants de l’Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID) ne décolèrent pas contre l’invitation de Norbert Hofer, vice-président du FPÖ autrichien, à une table ronde sur la crise des réfugiés jeudi à Genève


Un institut fondé sur l’ouverture au monde peut-il inviter un politicien qui capitalise sur la peur des étrangers et de l’islam? L’invitation de Norbert Hofer, l’un des leaders de l’extrême droite autrichienne, agite l’Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID) à Genève. Le vice-président du FPÖ participera jeudi à la Maison de la Paix à une table ronde intitulée: «Que peuvent faire les politiciens pour résoudre la crise des migrants?»
 
Les étudiants de l’IHEID ne décolèrent pas. Leur pétition pour que Norbert Hofer ne soit pas invité avait recueilli 140 signatures mardi à la mi-journée. «Son discours islamophobe et anti-réfugiés heurte la diversité des étudiants de l’IHEID», dénonce Julie Melichar, l’une des étudiantes à l’origine de cette protestation. Elle a aussi lancé des cours de français donnés dans le campus à des réfugiés. «Ils seront le même soir dans la salle juste à côté de celle où s’exprimera M. Hofer.»

«Normalisation du discours populiste»

«Cette invitation contribue à normaliser le discours populiste», estime Julie Melichar. L’étudiante ne croit pas que les questions de la salle et une quinzaine de minutes de débat puissent «changer quoi que ce soit». Après avoir tenté en vain d’empêcher la venue de Norbert Hofer, les étudiants se réunissaient mardi soir pour déterminer leur façon d’agir pendant le débat.

Le directeur de l’IHEID, Philippe Burrin, a reçu les étudiants mécontents lundi et leur a répondu dans un courrier mardi. «Il n’y a pas le moindre désaccord sur le jugement à porter sur M. Hofer, sa personne et ses idées, comme sur le danger de mouvements xénophobes et islamophobes comme celui qu’il dirige», écrit-il.
Norbert Hofer est souvent considéré comme le «visage souriant» du FPÖ, un mouvement dont il a largement contribué à lisser l’image. Résultat: cet ingénieur de formation de 45 ans était arrivé largement en tête du premier tour de la présidentielle autrichienne en avril dernier. En Autriche, le rôle de président est largement honorifique mais Norbert Hofer avait promis de lui donner plus de poids. En mai, le candidat du FPÖ n’a été devancé au second tour que par une marge infime. Mais, à cause des irrégularités, un nouveau scrutin sera organisé le 4 décembre prochain.


Au contraire de cette image rassurante, les étudiants reprochent à Norbert Hofer de faire partie d’une corporation pangermaniste, nostalgique de l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne nazie. Qu’en pense le directeur de l’IHEID, qui était justement professeur spécialisé dans l’Histoire du nazisme? Philippe Burrin «ne veut pas mélanger les casquettes» et dit «ne pas avoir les moyens de vérifier sérieusement» ces allégations.

L’initiative de cette table ronde revient à Europaeum, une association qui réunit plusieurs universités, dont l’IHEID, explique le directeur. L’IHEID accueille jeudi le conseil d’administration d’Europaeum, dont font partie José Manuel Barroso et Karel Schwartzenberg. L’ancien président de la Commission européenne, qui a provoqué un tollé en rejoignant la banque Goldman Sachs, et l’ancien ministre des Affaires étrangères seront chargés de porter la contradiction au populiste autrichien. De même que Carol Batchelor, directrice de la division protection au Haut-commissariat aux réfugiés (HCR), rajoutée au dernier moment au programme. Philippe Burrin promet malgré tout une opposition «virulente» à Norbert Hofer.

«Norbert Hofer n’a pas de sang sur les mains»

«C’est un autre membre du conseil d’administration d’Europeaum, Erhard Busek, ancien vice-chancelier autrichien, qui a suggéré le nom de Norbert Hofer. Je ne m’y suis pas opposé, car, à ma connaissance, il n’a jamais été condamné et n’a pas de sang sur les mains», poursuit Philippe Burrin.

Julie Melichar, qui s’est rendue en janvier dernier sur l’île grecque de Lesbos pour aider les réfugiés faisant la traversée depuis la Turquie au péril de leur vie, conteste vigoureusement: «Les discours de fermeture des politiciens européens contribuent à laisser les gens mourir sur le chemin de l’Europe». «Nos étudiants doivent pouvoir se confronter à des thèses qui leur sont répugnantes, rétorque Philippe Burrin. Ce sera leur lot s’ils travaillent dans la diplomatie ou dans les organisations internationales.»

Le directeur de l’IHEID fait aussi valoir que le courant politique de Norbert Hofer représente 25% à 30% de l’électorat. «En Suisse, il ne nous viendrait pas à l’idée de ne pas inviter Christoph Blocher pour un débat, continue Philippe Burrin. Norbert Hofer sera peut-être le prochain président autrichien et il sera reçu partout». En 2000, l’Autriche avait pourtant été brièvement mise au ban de l’Union européenne après l’entrée au gouvernement du FPÖ, alors présidé par le tribun Jörg Haider. Autre temps, autres moeurs.

Simon Petite 

letemps.ch 

À Calais, une jeune femme violée par des migrants… La presse reste discrète

 

 




Douce France, cher pays de mon enfance, bercée de tendre insouciance… Est-ce la poésie de Charles Trenet qui attire les migrants sur nos terres ? L’amour charnel d’un pays fait de villages et de clochers ? Sans doute pas dans la jungle de Calais, où une jeune femme, interprète en langue pachtoune, a subi un viol que le procureur de Boulogne décrit sans langue de bois : alors qu’un journaliste l’accompagnait pour réaliser un reportage prévu de longue date, ils ont rencontré « trois individus parlant pachtoune, munis de couteaux. Ils leur sont tombés dessus, ont volé leur matériel et leur caméra. Pendant que deux des individus maintenaient le journaliste sous la menace d’un couteau, le troisième violait la jeune femme interprète. »

La sécheresse des mots dissimule mal une réalité quotidienne, vécue par de nombreuses femmes, de la part d’individus qui ne sont pas tous immigrés – loin s’en faut. Si les Européens ne commettaient pas ce genre de crimes, cela se saurait. Mais l’information a de quoi plomber l’image d’Épinal du pauvre réfugié, chassé de son pays par la guerre, qui vient chercher ici l’aide solidaire que lui doivent les peuples riches. De quoi écorner le mythe, complaisamment entretenu par la presse, d’un immense besoin d‘aide et du dévouement remarquable d’associations d’aide aux migrants. Avez-vous remarqué, d’ailleurs, comme le mot « association » provoque immédiatement un a priori favorable ?
La presse, d’ailleurs, se montre discrète. L’Express emploie prudemment le conditionnel, sans doute pour ne pas stigmatiser. LCI y consacre huit lignes. 

France Info est plus subtile dans l’ellipse, en utilisant les guillemets et la locution latine qui sème le doute : « a priori trois migrants selon les déclarations des victimes ». Puis ne manque pas de minimiser les faits sous couvert d’objectivité : « Puis l’un des trois individus a obligé l’interprète à avoir un rapport sexuel sous la menace d’un couteau. » Un rapport sexuel… comme ces choses sont délicatement exprimées. Quant à La Croix, elle se surpasse : utilisant les mêmes termes que France Info, elle ne manque pas de rappeler qu’une agression sexuelle a lieu toutes les 40 minutes en France, oubliant au passage qu’entre une main mal placée et un viol, il existe une différence notable. Et sous-titre « Le fantasme du migrant violeur » pour relativiser ces faits.
 Mais la palme revient, comme souvent, à Libé, qui achève son article ainsi : « Au mois de juin, l’Unicef France a publié une enquête intitulée “Ni sains, ni saufs“ sur la situation des mineurs isolés dans les campements du nord de la France. Leurs témoignages dévoilaient notamment des cas récurrents de violences sexuelles et l’existence de réseaux de prostitution, monnayant des passages au Royaume-Uni contre des passes. » En bref, les victimes ne sont pas les victimes.

Voilà comment, en France, on traite l’information. Un viol reste un viol, c’est-à-dire un crime. Quel que soit l’individu qui le commet, sa couleur de peau ou la langue qu’il parle. C’est un crime trop répandu pour faire la une des journaux, et trop traumatisant pour être ignoré. Mais lorsqu’il est commis par un clandestin, la presse relativise et pointe du doigt les conditions dans lesquelles il vit.
Pas besoin de fantasmer sur le migrant violeur. C’est la guerre, c’est la loi de la jungle, c’est le quotidien des Calaisiens. 

François Teusch 

Boulevard Voltaire 

Farouk Ben Abbes, fiché S, touche le RSA. Pas Margot, qui a perdu sa fille à Nice…

 

 




Les assurances prémunissent désormais de tout, y compris de l’impéritie de l’État. Et les primes sont en train de s’envoler : ben tiens, l’évaluation du risque est maximale !

Sur chaque contrat d’assurance de bien (auto, habitation) est prélevée une taxe visant à financer le Fonds de garantie des victimes des actes de terrorisme et d’autres infractions (FGTI). Créé après les attentats de 1986, il gère 1,4 milliard d’euros et emploie 300 personnes. Une vraie entreprise. Qui dit que ce gouvernement ne génère pas d’emploi ? 

En janvier dernier, cette « taxe terrorisme » a augmenté de 30 % (de 3,50 € à 4,50 €). Elle pourrait passer à 6,50 €. Après les derniers « événements », la cagnotte est en passe de s’épuiser.

Jugé « opaque », « inique » par nombre de victimes – « Pourquoi une mère qui a perdu son enfant reçoit-elle 35.000 € et une autre 45.000 € ? » s’étonne, ainsi, un avocat dans Le Figaro -, le fonds pourrait être « réformé », comme l’a suggéré François Hollande, avec notamment l’intervention d’un juge pour valider les décisions.
Une « réforme » suffira-t-elle à faire taire la gronde ? Peu probable. Car le sentiment d’injustice, de rancœur, de révolte ne tient pas que dans les modalités d’indemnisation.

Les attentats perpétrés en France ne sont pas des tsunamis, des tempêtes contre lesquels on ne peut rien, et qu’on regarde passer en faisant le dos rond. 

Que fait, en conséquence, le gouvernement ? Les poches des Français pour acheter la paix sociale : une fois le chèque encaissé, n’est-ce pas, on espère que les parents des victimes seront un peu moins prolixes dans les médias. Mais quand une entreprise chargée d’un chantier salope le travail, que le mur se fissure, l’escalier s’effondre et le toit tombe sur la tête des occupants, sans doute les compagnies d’assurance interviennent-elles pour indemniser les victimes, mais elles se retournent aussi sec contre l’entrepreneur véreux. Jusqu’à lui faire déposer le bilan et l’interdire d’exercer… Quand notre gouvernement va-t-il rendre des comptes ? Si des attentats continuent d’être perpétrés, l’assurance auto, habitation va-t-elle s’envoler en proportion, comme l’a fait la CSG ? Tandis que François Hollande, tout affairé à aller décorer les catafalques de sa médaille nationale du pas-de-bol, ne sera pas le moins du monde inquiété ? 

On comprend mieux le peu d’empressement à qualifier les « actes malveillants », les « incivilités de sauvageons », les « coups de folie de déséquilibrés » d’actes terroristes. Pour Nice, le coup du danseur de salsa mélancolique était bien tenté, mais a finalement peu convaincu. 

Justement, Margot, 22 ans, a perdu sa petite fille de deux ans et demi sur la promenade des Anglais. Avec ses parents, elle a déménagé car tout, dans l’appartement, lui rappelait son bébé. Combien lui a donné le Fonds de garantie ? 35.000 ou 45.000 ? Quels sont les critères et le barème ? L’âge ou l’attachement estimé ? 

Ce qui est certain, en revanche, c’est que n’ayant plus d’enfant à charge – la faute à qui ? -, on lui a retiré le RSA. Quand « l’islamiste radical » – comme l’appellent tous les journaux qui connaissent sans doute des islamistes modérés – Farouk Ben Abbes, fiché S et assigné à résidence à Toulouse, continue d’y avoir droit. Et au micro de France 3, elle a exprimé son incompréhension.
Les assurances prémunissent de tout, sauf de la colère des braves gens. Ce gouvernement peut l’apprendre à ses dépens.

Gabrielle Cluzel 

Boulevard Voltaire 

Les hôpitaux, nouvelles zones de non-droit ?

 

 
Il y a un temps où, même pour les plus compatissants de nos compatriotes vis-à-vis du bordel ambiant, il faut savoir dire non. Mais un véritable « non ». Pas le « non » d’un « antifascisme de carnaval », pour reprendre l’heureuse expression du Lionel Jospin relative au Front national. Car dans toute société, la nôtre, en évidente voie d’atomisation, culturelle, religieuse et identitaire, devraient être au moins respectés ces sanctuaires communs à tous, fussent-ils « laïques », que sont les hôpitaux et les écoles ; et ne parlons même pas des églises…

Il est à craindre que cela soit encore trop demander à notre régime finissant.

Ainsi, dans la nuit du 15 au 16 octobre, à l’immense bazar des urgences nocturnes de l’hôpital de Tourcoing, une dizaine d’individus accompagnant un patient ont-ils roué de coups le personnel médical, semant une assez belle panique, surtout chez les malades qui, entre la vie et la mort, n’avaient pas besoin de ça. Pourquoi ? Parce que le « patient » en question, « responsable d’association », accompagné d’une quinzaine de ses amis, n’aurait pas été examiné assez vite. À en croire le témoignage de sa compagne, recueilli par France 3 : « Ils nous ont très mal parlé, en nous disant de dégager, qu’ils ne soigneraient pas mon mari tant que tout le monde resterait là ! »

Témoignage de l’un des infirmiers de nuit, rapporté par cette même chaîne : « J’ai été tabassé par cinq ou six personnes. J’ai essayé de parer les coups comme je le pouvais. Ma seule crainte, c’était de chuter sur le patient âgé, par peur de lui faire mal. »

Voilà où nous en sommes. 

Marchandisation de la société oblige, dans l’hôpital, le patient devient simple client, client agressif par nature. Tout, tout de suite ! Sans même imaginer que ce système de santé, même mal en point, le monde entier nous l’envie encore. Sans même chercher à comprendre que, pour bringuebalant qu’il soit, il tient encore à peu près debout parce que d’essence mutualiste : tout le monde paye pour tout le monde ; et qu’il a surtout des « saints laïques » sous-payés pour persister à le faire tourner. 
 Par nos soins interrogé, Olivier Toma, fondateur de l’agence Primum non nocere, consacrée à la santé et au développement durable, par ailleurs interlocuteur régulier de Boulevard Voltaire, affirme : « Le système hospitalier est à bout de souffle. Pour lutter contre cette violence, il faudrait des moyens humains et financiers. Mais là n’est pas forcément le cœur du problème. »
 
D’où ces deux questions.

La première relève d’une perte générale de la dignité la plus élémentaire. Elle ne relève pas de l’oubli, tant on ne saurait pratiquer une vertu n’ayant jamais été inculquée ; mais de la simple ignorance de la plus élémentaire des politesses qui, elle, n’a jamais été enseignée : soit le respect d’autrui, surtout lorsque s’agissant d’un médecin susceptible de sauver la vie de vos proches.
La seconde est d’ordre culturel. Quand une maternité se trouve au bord de l’émeute parce que le personnel hospitalier refuse l’entrée d’une famille au sens large – entre trente et quarante personnes – au chevet de la femme qui vient d’enfanter ; il n’est pas toujours aisé de faire comprendre que les coutumes des villages d’Afrique, du Nord comme subsaharienne, ne sont pas exactement les mêmes de ce côté de la Méditerranée.

Olivier Toma, donc : « Nous n’avons pas vocation à rééduquer le peuple, que ce soit en matière de bonne éducation ou d’us et coutumes. Ce qu’il nous faut en urgence, c’est une protection policière, mais l’argent manque ! » Triste présage… Quand une société s’en remet aux flics ou au manque de fric plutôt qu’à la bonne entente consentie entre citoyens participant de la même société, il y a véritablement un gros souci civilisationnel.
Pas de doute, c’est une joyeuse société qu’on nous prépare.

Nicolas Gauthier 

Boulevard Voltaire 

Comment le gouvernement planifie la submersion migratoire de la France

 

Le changement de peuple est en marche. Dans sa volonté inébranlable de démanteler la « jungle » de Calais, le gouvernement n’a, évidemment, rien trouvé de mieux que de disséminer les allogènes qui s’y concentraient sur tout le territoire français. 

 

Dans le plus grand silence médiatique. Parfois dans le dos des élus placés devant le fait accompli. Il se trouve que cette colonisation de peuplement rencontre l’hostilité de certains autochtones qui, comme à Louveciennes (Yvelines), à Allex (Drôme), à Trégunc (Finistère), à Pierrefeu-du-Var, à Forges-les-Bains (Essonne), à Arès (Gironde), à Bernay Saint-Martin (Charente-Maritime), etc., ont manifesté « pacifiquement » leur opposition à cette submersion démographique planifiée.

 

Car il existe bien un plan de l’État en la matière. Ainsi le ministère de l’Intérieur a-t-il lancé, le 24 septembre dernier, un avis d’appel public à la concurrence ayant « pour objet la création de places d’hébergement d’urgence avec accompagnement social dans le cadre du dispositif dénommé “programme d’accueil et d’hébergement des demandeurs d’asile” (PRAHDA) ». Le marché public porte sur la mise à disposition de 5.351 places d’hébergement et d’accompagnement « d’un plus grand nombre de demandeurs d’asile mais également d’offrir un hébergement et un accompagnement aux personnes de nationalité étrangère s’orientant vers la procédure d’asile ».

 

Toutes les régions, excepté la Corse (comme par hasard !), devront accueillir sur cinq ans renouvelables (!) leur lot d’immigrants. 

 

647 places d’hébergement pour la région Nouvelle-Aquitaine, 670 pour la région Auvergne-Rhône-Alpes, 282 en Normandie, 339 en Bourgogne-Franche-Comté, 348 en Bretagne, 206 en région Centre, 578 en Île-de-France, 621 en Occitanie, 312 pour la région Hauts-de-France, 259 en Pays de la Loire et 297 en PACA. Le tout pour un coût total net assumé par le contribuable de 162.186.837,50 euros TTC !

 

PLANIFICATION, on vous dit !

 

En d’autres termes, cela signifie que la source migratoire est loin de se tarir, la France s’étant généreusement – et inconsidérément – engagée devant la Commission de Bruxelles à faire entrer 31.000 allochtones, sans compter ceux qui sont déjà sur notre sol et nullement pris en compte par les derniers recensements statistiques.

 

Précisons, en outre, que « concernant l’offre de logement dans l’existant, les élus nous ont proposé des T4-T5, pensant que c’était des familles [qui arrivaient], mais aujourd’hui, nous avons essentiellement des hommes [seuls] en demande de studios », précise le coordinateur national nommé par la Place Beauvau, le préfet Kléber Arhoul (20 Minutes, 2 mars). Pour être complet, relevons encore que 30.000 places sont déjà ouvertes dans les centres d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA), tandis que 25.000 places assurent leur hébergement d’urgence, que 3.000 places en centres d’accueil et d’orientation (CAO) existent depuis 2015 et que 7.000 seraient en cours de création sur 9.000 annoncées (Les Échos, 17 octobre). Chiffres authentifiés par la presse « mainstream ».

 

Les Français se retrouvent donc dans la situation des Palestiniens. Totalement démonétisé par la politique désastreuse qu’il a menée durant cinq ans, ce gouvernement arbore le visage hideux de l’ignominie et de l’abjection. Il se rend définitivement illégitime en accomplissant l’ultime forfaiture. Le peuple français se meurt sous nos yeux. Indifférent à lui-même. Amnésique de sa longue histoire léguée par ses pères que, ce faisant, par son apathie et son refus de résister, il trahit.

 

Aristide Leucate 

 

Boulevard Voltaire 

Profs, médecins et policiers travaillent au quotidien dans des lieux à risque…

 

 

Ce lundi 17 octobre, un instituteur a été violemment agressé par deux individus dans une rue d’Argenteuil, sous les yeux de sa classe de CE2, alors qu’il était en train de sermonner une élève indisciplinée au cours d’une sortie sportive, selon les informations du Parisien. Un des agresseurs lui aurait assené plusieurs coups de poing en hurlant « le seul maître, c’est Allah ! », reprochant manifestement à l’enseignant en service de faire acte d’autorité sur les élèves dont il a la charge.

Dans la nuit de samedi à dimanche, le service des urgences de l’hôpital de Tourcoing était victime d’une agression d’une « rare violence », selon La Voix du Nord. D’après les premiers témoignages, une quinzaine d’individus qui accompagnaient un patient s’en sont pris au personnel médical, vers minuit. Un médecin a été frappé et une infirmière brutalement tirée par les cheveux. « Il n’y a pas une garde de nuit où il ne se passe pas quelque chose », a par ailleurs souligné un des responsables du service.

En mission de surveillance à Viry-Châtillon, à l’orée de la cité sensible de La Grande Borne, quatre policiers ont été blessés la semaine dernière, dont deux très grièvement, suite à des jets de cocktails Molotov. Des policiers censés surveiller une caméra de surveillance. 

Le drame est pire, encore, lorsqu’il frise l’absurde.
 Pourtant, l’absentéisme supposé des professeurs — mais aussi du personnel hospitalier et des policiers — semble préoccuper tout à coup l’ensemble de la classe médiatique et politique. Alors qu’ils sont, en réalité, moins absents que le reste de la fonction publique ou que les employés du secteur privé.

Selon une récente enquête, les professeurs manquent en moyenne 6,6 journées de travail par an. Sur 180 environ. Les policiers cumulent huit journées d’absence annuelle, et le personnel médical hospitalier une dizaine.

Au lieu d’accabler nos fonctionnaires, ne devrait-on pas leur décerner une médaille, au vu de leurs conditions de travail et de stress ?

Mais les clichés ont la vie dure. Surtout lorsqu’ils sont alimentés par la hiérarchie. Afin de lutter contre les salles de classe censées être décimées, le ministre de l’Éducation nationale a ainsi annoncé, ce mardi, une série de mesures providentielles. La rue de Grenelle souhaiterait fluidifier le système en permettant à certains professeurs de remplacer un collègue sur une zone géographique beaucoup plus vaste.

Envoyer des professeurs déjà fragilisés par des affectations difficiles à l’autre bout de leur académie, mais quelle bonne trouvaille ! Au lieu d’affronter la seule réalité douloureuse et indicible, à savoir l’ensauvagement de certains territoires, le ministre envoie ses troupes sur tous les fronts et sans aucun ménagement.

En exercice dans les zones les plus sensibles de France, les professeurs, le personnel hospitalier et les policiers mériteraient un peu plus de considération. À commencer par leur hiérarchie, qui incrimine toujours, avec plein de sous-entendus insupportables, l’éternelle fainéantise supposée de ceux qui instruisent, soignent et protègent nos concitoyens – là où des ministres escortés n’oseraient pas poser leurs jolis petits talons républicains.

Thomas  Clavel

Boulevard Voltaire 

Salah Abdeslam se mure toujours dans le silence, mais pas son frère !

 

 


Salah Abdeslam se mure dans le silence. Qu’importe : un procès peut se tenir, même si le suspect garde le silence. Toujours est-il qu’il est présumé innocent jusqu’à ce qu’un juge le reconnaisse coupable… Alors, pourquoi devons-nous supporter les interviews de son frère, Mohamed ?

Ce dernier nous affirme qu’il a l’impression « que ses conditions [de détention] le poussent à se refermer sur lui-même. J’ai l’impression qu’il est plus radicalisé que déradicalisé. Je comprends que ces conditions sont aussi là pour sa sécurité, mais à plusieurs reprises, il a eu l’occasion de mettre fin à ses jours et il ne l’a pas fait. Et puis, sa sécurité est-elle si importante s’il se mure dans le silence ? »

On est bien malheureux pour le pauvre Salah, victime malgré lui, qui « a des regrets et n’aurait pas voulu que cela se passe comme ça », toujours selon son frère…

Premièrement, les conditions de détention de Salah Abdeslam, outre sa sécurité pour éviter qu’il ne nous file entre les pattes par un suicide, ont d’abord pour but de protéger la population de ce personnage et, surtout, éviter qu’il ne soit au contact d’autres prisonniers et qu’il les radicalise. 

Deuxièmement, ses regrets, littéralement, toute la France se les taille en biseau. Il fut un temps où la famille d’un traître à la patrie avait la décence de s’exiler, ou du moins de se murer dans un silence honteux. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas : la famille d’un terroriste a droit à la parole médiatique… Et puis, en passant, un petit coup envers la justice : c’est la faute de la justice française s’il n’est pas déradicalisé et s’il se mure dans le silence !
 Alors, simplement, Salah Abdeslam et tous les fumiers qui ont attaqué lâchement des civils innocents ne méritent qu’un opprobre national et une indifférence médiatique. Ensuite, leur famille devrait faire profil bas et supporter la honte dans le silence (qui, pour le coup, devrait être de rigueur) et éviter de passer sur des chaînes nationales. Enfin, Salah Abdeslam peut s’estimer chanceux d’avoir pour adversaire un système qui autorise le droit à un procès équitable, même pour des actes de terrorisme !

Mohamed Abdeslam demande à son frère de coopérer avec la justice et de sortir du silence. Qu’importe : qu’il parle ou non, la France a à cœur de voir cet homme jugé pour ses actes barbares et son nom flétri à jamais.

« C’est pour aider les familles dans leur deuil afin qu’elles sachent pourquoi ! » diront les médias. C’est faux : le seul fait qui vaille, c’est une peine de justice. Cette page tournée, les familles feront leur deuil et panseront les blessures avec le sentiment d’avoir tout perdu, mais que le coupable au moins, lui, ne nuira plus ! Nous leur devons au moins ça !

Et pas les témoignages du frère des terroristes du Bataclan, ni ses « regrets »… Parce qu’à ce compte-là, si on le laisse partir en canon, il nous affirmera que Salah était un chic type et qu’il quêtait tous les vendredis pour la Croix-Rouge…

Henri d'Aramis

Boulevard Voltaire

Le cri d’alerte des policiers… avant la guerre civile ?

 

 

La colère monte au sein de la police nationale. Des centaines de policiers se sont rassemblés, hier à Paris, pour dire leur « ras-le-bol » des violences récurrentes dont ils sont l’objet depuis des mois, mais surtout leur inquiétude face au délitement de notre société. Car ne nous y trompons pas : réduire le mouvement de ces agents à de simples considérations sur leur situation matérielle et professionnelle serait une grave erreur.

Vigies de la République, les policiers dénoncent, en réalité, le désordre dans lequel la France s’enfonce inexorablement. Certes, ils sont les premières victimes d’une violence aujourd’hui quotidienne. Mais ils voient surtout, à leur grand dam, cette violence se répandre comme un cancer qui dévore peu à peu notre pays.

Bien sûr, le manque d’effectifs, les matériels obsolètes, inadaptés et en nombre insuffisant, les violences physiques subies au jour le jour depuis trop longtemps altèrent grandement le moral et les convictions de celles et ceux qui ont fait le choix de défendre la France et les Français. Mais de cela ils ont l’habitude. Depuis des décennies, et leurs prédécesseurs avant eux, ils sont confrontés à des situations similaires dont ils se sont toujours, malgré quelques « coups de gueule », accommodés.

Aujourd’hui, le mal est bien plus profond. Et les forces de l’ordre ont pu, au fil de ces dernières années, le mesurer. Spectateurs impuissants d’un laxisme institutionnalisé, ils voient le pays qui, lentement mais sûrement, s’installe dans le chaos.

Or, ce n’est pas seulement en recrutant de nouveaux policiers – même si cela est nécessaire -, en distribuant des matériels ou en décernant des décorations que la situation sécuritaire de la France s’améliorera. 

Là est le véritable message que souhaitent faire entendre policiers et gendarmes. Ils demandent des dirigeants courageux, qui cessent de pleurnicher à chaque événement dramatique, pour décider et ordonner des mesures à la hauteur des dangers que nous courons aujourd’hui. Ils veulent des politiques sécuritaire, pénale et migratoire réalistes et efficaces, à même de préserver et de sauvegarder l’ordre public dans notre pays. Ils veulent de vraies décisions pour lutter, et mettre hors d’état de nuire, les terroristes, les criminels, les casseurs et tous ceux qui ont juré la fin de notre pays. Ils veulent, enfin, la vérité sur la situation dans laquelle se trouve notre pays, et ne pas être envoyés systématiquement et inutilement au « casse-pipe ».
 Oui, la situation est grave. Notre pays, et les forces de l’ordre chargées de le défendre, paient plusieurs années de négligences coupables, d’incompétence avérée et d’une idéologie socialiste criminelle. Le drame est que bien peu de nos politiques, actuels candidats aux plus hautes responsabilités institutionnelles, ne semblent avoir pris conscience de la gravité du phénomène. En effet, en dehors de quelques mesures superficielles, telles que l’augmentation des effectifs ou l’augmentation de certains budgets liés à la sécurité et à la justice, aucun (ou presque) ne traite de ces sujets sur le fond. C’est pourtant d’un véritable « plan Marshall » que relèvent ces domaines, tant ils vont être déterminants pour notre proche avenir.

Ce cri d’alerte que lancent les policiers doit donc être pris très au sérieux. Il est peut-être un des derniers, avant que la situation ne dégénère définitivement dans notre pays. Si, une fois encore, ils ne sont pas entendus, le risque est grand, alors, de voir cette guerre civile, tant redoutée, advenir.

Olivier Damien 

Boulevard Voltaire 

Violences à l’école : Najat n’a « pas d’explication particulière » !

 

 




Najat Vallaud-Belkacem était, mardi matin, l’invitée d’Élizabeth Martichoux sur RTL. Pour y dire tout le bien qu’elle pense de François Hollande, lequel ne l’a pourtant pas épargnée dans son livre de confidences : elle est « bonne, très forte en langue de bois… Ce n’est pas une intellectuelle… Elle est très formatée ». Parfaite, en somme.

Contente du Président, donc, dont elle espère bien conduire la prochaine campagne où sa langue de bois fera merveille. Contente, aussi, de son propre bilan. Mais l’actualité cherche à la faire mentir. En effet, les agressions contre les enseignants et les personnels de l’Éducation se multiplient et montent en violence depuis la rentrée.
« C’est vrai qu’il y a, en Seine-Saint-Denis et dans le Val-d’Oise, depuis quelques jours, une montée des violences à l’égard des fonctionnaires, parce que ça vise aussi bien les policiers que les enseignants, les proviseurs, ce qui commence à faire beaucoup… Et, donc, il faut condamner, absolument, chacun de ces actes. Il faut déposer plainte », dit le ministre. 

Pour se défausser aussitôt, puisque c’est la politique de l’Éducation nationale en la matière : « Ce sont des éléments extérieurs qui sont les auteurs des coups et des agressions. » Donc, ça ne le concerne pas. La preuve : « On a vu aussi des violences à l’égard des policiers… » Et alors ? « Je n’ai pas d’explication particulière, si ce n’est que chacun prenne conscience de la gravité de ces actes. » Phrase qui n’a aucun sens en soi mais résume, néanmoins, la cécité idéologique de la dame. Enfin, elle l’assure, elle « n’a pas de remontées d’un climat de violence qui frappe l’école ». C’est étonnant, parce que tout le monde en a ! Et les faits ne sont pas circonscrits à la Seine-Saint-Denis, loin de là !

Certes… Argenteuil, hier, où un prof de sport a été roué de coups devant sa classe de CE2 ; Bobigny, où le proviseur et son adjointe ont été tabassés dans leur bureau ; Tremblay-en-France, où l’on a jeté un cocktail Molotov dans la cour du lycée et tabassé, là aussi, la proviseure ; Calais, où un professeur au lycée Coubertin a eu la mâchoire fracturée vendredi par un élève, et puis… le collège Longchambon, dans le 8e arrondissement de Lyon, où il suffit d’un regard ferme ou du moindre rappel à l’ordre pour que les profs soient agressés en pleine classe : jet de chaise, tentative d’étranglement, coups de pied et de poing…

Mais si Najat Vallaud-Belkacem n’a ni remontées du terrain, ni explication particulière, les syndicats, eux, font un constat : « Tous les établissements concernés par les violences sont des lycées professionnels ou polyvalents (filières générales, technologiques et professionnelles mélangées). » Comprenez les établissements dépotoirs de l’Éducation nationale auxquels, il faut le dire, ils ont largement contribué. Surtout, confie un responsable à 20 Minutes : il y a, de la part des autorités, « une volonté de minimiser la situation. À chaque agression, le rectorat dépêche un agent dans l’établissement pour la gestion de crise. En soi, c’est une bonne chose. Sauf que, par gestion de crise, ils entendent d’abord gestion de la communication, avec rappel du devoir de réserve des professeurs, entendu de manière très stricte. » Un seul mot d’ordre, donc : circulez, y a rien à voir !

Je n’ai pas de boule de cristal, mais je vois à peu près ce qui se profile à l’horizon. Une école de plus en plus éclatée, avec une hypertrophie du privé où tous les parents cherchent à caser leurs gosses pour les sauver – car c’est bien de cela qu’il s’agit – et puis l’école publique où, bientôt, les profs feront cours dans des cages, en tenue ignifugée et gilet pare-balles.

Marie Delarue 

Boulevard Voltaire 

Pourquoi je soutiens Pierre Cassen, mis en examen par le pouvoir socialiste !

 

 




Au nom des droits humains, je soutiens Pierre Cassen, qui vient d’être mis en examen pour deux dessins représentant Anne Hidalgo et Bernard Cazeneuve en train de lécher des babouches ; d’autant plus que s’il en est là, j’en suis en partie coupable.

J’ai rencontré Pierre à gauche, syndicaliste CGT, en compagnie d’amies féministes de longue date : Anne Zelensky et Annie Sugier. Il n’était qu’un laïcard de gauche innocent, indifférent aux religions et juste vaguement outré par le sexisme du voile. Si quelqu’un doit être incriminé pour l’avoir poussé, contre son goût, presque contre son gré, à s’intéresser à la doctrine de l’islam, c’est ma pomme.
Lui me disait : « Je ne veux pas de religion dans l’espace public, cela me pèse de voir des crucifix au bord des chemins, qu’est-ce que tu veux que je fasse de lectures sur une religion ? »

Et moi d’insister : « Mais si, Pierre, tu dois lire les textes de l’islam, tu es un militant politique, je te parle de textes politiques, du moins qui ont une dimension politique, et qui ont un impact politique majeur… »
 
Voilà où mène d’écouter les féministes… Case tribunal…
Je soutiens Pierre d’autant plus que lui m’a soutenue, face à une petite bande de délateurs qui s’était mise à justifier, sur le Web, la révélation des noms d’auteurs critiques de l’islam. Comme par hasard, des auteurs qui avaient le malheur d’être quelque peu des obstacles aux ambitions des délateurs. Il fallait arrêter cette infamie en réfutant leurs sophismes, en montrant la malhonnêteté et l’incohérence de leurs articles, et leur cynisme total. Question de droits humains, là encore : droit de ne pas être mis en danger de mort…

Je soutiens aussi et d’abord Pierre au nom de la liberté d’expression, du droit de faire circuler des idées et des informations. Autrefois, je défendais des prisonniers d’opinion de tous bords. Aujourd’hui, les persécutions sont financières, ce qui peut aboutir à priver les personnes des droits élémentaires à la santé et à la sécurité…

Certes, je ne suis pas pour un droit absolu à la liberté d’expression – aucun droit n’est absolu. Je pense, au contraire, que nous avons, nous militant-e-s, un devoir de veiller au sens de nos propos, de réfléchir à leur impact humain, politique. 

Mais j’ai la conviction que Pierre n’est pas visé pour ses idées en soi, ou pour un problème de maladresse ou d’abus d’expression. Pierre paye avant tout pour ce qu’il est. Un syndicaliste, un défenseur du peuple. Un incorruptible. Un homme qui n’a d’autre ambition que l’honneur de défendre ses idées. Un sans peur qui affronte à visage et arguments découverts les militants et les potentats de l’islam. Un homme libre et relativement seul, qui pourtant ne renonce pas à sa liberté, au combat pour la liberté.
Pierre a face à lui tous les prostitués à l’islam. 

Et au-delà, bien plus largement, son dévouement et son courage font crever de honte la masse des lâches et des pleutres de France. Et pour cela, tous les veaux de France le haïssent. Et le persécutent – le mot n’est pas trop fort. Être persécuté pour une telle raison est un honneur…

 Elise Elisseievna

Boulevard Voltaire 

La banlieue black-blanc-beur version FN

 

 

La première émission web de Banlieue Patriote vient d’être enregistrée dans un café du XIXème arrondissement de Paris. Son intitulé ? « Nos quartiers la France ». Son premier invité ? Camel Bechikh, porte-parole de la Manif pour tous, président de l'association Fils de France... et membre de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF). L’homme, d'origine algérienne, se définit comme « musulman et patriote ». Son maître d’œuvre ? Jordan Bardella, secrétaire départemental du FN en Seine-Saint-Denis, conseiller régional d'Île-de-France et Président du collectif RBM Banlieues Patriotes. Son modèle ? La webradio Bondy Blog Café, tournée dans un café à Bondy (93) et diffusée une fois par mois depuis 2011... Ce choix ne tient, évidemment, pas du hasard. Depuis son apparition pendant les émeutes de 2005 dans les banlieues, le Bondy Blog raconte et fait « entendre la voix des quartiers populaires ».

Enfin, l'ambition affichée de Banlieues patriotes ? (Re)conquérir les banlieues, les réintégrer au « projet français » sans oublier d'alimenter le programme présidentiel du FN de 2017 sur la thématique de la politique de la ville. La banlieue version FN ne devient pas que bleu-blanc-rouge. Des mots de Jordan Bardella, elle s'intègre dans un « projet à l’avant-garde de la réconciliation entre la République et ses Banlieues et de la reconquête des zones de non-droit ». En d'autres termes, le Front national entend capter un électorat incompatible avec son logiciel idéologique en proposant cette égalité : FN = banlieues.

Le Front national n'a pas attendu Marine Le Pen pour s’intéresser aux banlieues. Simplement, il met les bouchées doubles en cette période de « dédiabolisation » mariniste et de course aux voix. La stratégie frontiste de la main tendue vers la population issue de l'immigration est, aujourd'hui, mise en avant. Le vote FN des Français d’origine étrangère est devenu un enjeu pour le parti de Marine Le Pen.

L'histoire commence timidement. Pendant les années 1980, Jean-Marie Le Pen impose des personnes issues de l’immigration ou d’origine maghrébine au conseil général d’Île-de-France (IDF), au grand regret de Jean-Yves Le Gallou, alors président du groupe FN. En 1986, c’est Soraya Djebbour, la fille de son ami et ancien député d’Alger Ahmed Djebbour, qui devient conseillère régionale d’IDF. En 1992, c’est Sid-Ahmed Yahiaoui puis, six ans plus tard, Farid Smahi. Celui-ci est alors connu pour sa position anti-israélienne, proche de la ligne Soral et favorable à une alliance entre le Front national et les Maghrébins de France et, en cela, hostile à la diabolisation de l’islam. Des démissions répondent à ces nominations autoritaires. Ceux qui quittent le FN au tout début des années 2000 expliquent, en s’appuyant sur le cas de Farid Smahi, qu’il a été imposé en position éligible aux régionales de 1998 ainsi qu’au Bureau politique « à la place de militants d’exception ». Ils ne font pas qu'invoquer la négation et la trahison de leur patrimoine idéologique. Ils considèrent que le « nouveau FN s’appuie sur une ligne pro-musulmane et une position anti-américaine inacceptable au risque de conforter l’islamisation de la France ».

À la présidentielle de 2002, Jean-Marie Le Pen se situe derrière Lionel Jospin dans les banlieues populaires. Aux européennes de 2004, quelques résultats des listes Euro-Palestine (où figure entre autres Dieudonné M’Bala M’Bala) dans des banlieues se distinguent. Certes le résultat est de 1,83 % des voix sur le plan national mais de 10,75 % à Garges-lès-Gonesse, de 8,1 % à Villetaneuse, de 7,19 % à La Courneuve et de 6,7 % à Bobigny. L'histoire se précise et s'accélère dans le cadre de la campagne présidentielle de 2007. On peut entendre Marine Le Pen intervenir sur Beur FM (juin 2006). On voit Jean Marie Le Pen discuter avec des rappeurs et, à l'occasion du lancement de sa campagne à Valmy (20 septembre 2016), adresser un appel aux « Français d’origine étrangère ». Le président du FN donne aussi une interview sur le site de « La banlieue s’exprime » d’Ahmed Moualek fin novembre 2006. Il y explique que l’« intérêt pour les banlieues de voter Le Pen en 2007, c’est de voir rétablir l’ordre et la justice dans toutes les villes de France. Il y a un mur intellectuel entre la banlieue et la ville, il faut rompre ce mur, passer par-dessus, avoir le courage d’aller les uns vers les autres, avec bonne volonté. Dieudonné est symbolique de cela ». Le pseudo-humoriste est dans le sillage de Jean-Marie Le Pen tout comme Alain Soral, nommé conseiller spécial du président du FN. Sa mission ? Rapprocher le FN des banlieues.

Pendant la campagne, des hommes et des femmes du FN arpentent les marchés en banlieue parisienne. Par exemple, Marine Le Pen se trouve le 5 avril 2007 avec Alain Soral à Aulnay-sous-Bois. Le lendemain, Jean-Marie Le Pen se rend à la cité du Val d’Argent à Argenteuil, répondant ainsi à l’ancien ministre de l’Intérieur. L’épisode est connu : Nicolas Sarkozy y était fin octobre 2005 et lançait devant caméras : « Vous en avez assez de cette bande de racailles. On va vous en débarrasser ». Lorsque Jean-Marie Le Pen s’adresse aux quelques personnes devant lui moins de deux ans plus tard - des jeunes issus de l’immigration - ces « Français à part entière » qui doivent « contribuer au redressement de la République par le travail, seul facteur de réussite sociale et économique », il poursuit bien ce qu’il a commencé quelques mois auparavant, à savoir la conquête de cet électorat : « Le mot beur est déjà un mot qui rejette l’assimilation, il vous a été imposé par la pensée unique. Vous êtes les branches de l’arbre France, vous êtes des Français à part entière. Si certains veulent vous karchériser pour vous exclure, nous voulons, nous, vous aider à sortir de ces ghettos de banlieue où les politiciens français vous ont parqués pour vous traiter de racaille par la suite. (...) Vous êtes des citoyens français, des enfants légitimes de la France faisant partie de notre République. Vous avez les mêmes droits et devoirs comme nous tous, comme la préférence nationale car seuls vous pouvez comprendre pourquoi il est urgent de l’appliquer. Vous êtes les victimes de ce système qui ne contrôle plus rien, en laissant de manière anarchique pourrir les situations les plus délicates. Vous devez contribuer au redressement de la République par le travail, seul facteur de réussite sociale et économique ».

La campagne de la présidentielle de 2007 constitue donc un premier temps fort de cette histoire. Une de ses affiches phares est connue. Elle s’adresse justement aux immigrés, particulièrement à ceux des banlieues. Pour Marine Le Pen, nommée directrice stratégique de la campagne de son père, la beurette mise en avant est en « parfaite cohérence avec le message du FN depuis trente ans. Ce qui change, c’est que nous rendons visible ce qu’est réellement le FN : un parti qui se bat contre le communautarisme ».
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En 2007, le Front national ne fait pas que se présenter comme la seule alternative pour préserver la nationalité française. Il revendique aussi une immigration assimilée, dénuée de tout signe religieux dans une France tolérante au sein de laquelle coexistent diverses populations. Le parti lepéniste entend séduire une nouvelle catégorie d’électeurs… tout en prenant le risque d’en décourager d’autres. La campagne de 2007 est un échec. Elle ne fonctionne pas entre autres parce qu'elle est déconnectée de l’appareil qui ne s’y reconnaît aucunement. Marine Le Pen voulait faire une « campagne sociale, communautariste, à gauche, tournée vers les banlieues » rapporte un ancien cadre du FN. En cherchant à séduire les jeunes issus de l'immigration, le FN a pris son électorat à contre-pied. Si certains cadres historiques sont favorables à l’assimilation, l’intégration reste en revanche loin de leurs objectifs politiques. Pour eux, le vote des jeunes issus de l’immigration maghrébine est incompatible avec le capital idéologique du parti. De son côté, la génération des trentenaires entend mettre les choses au point. 2007 n’est pas la « campagne qu’on aurait aimé faire », explique en 2013 Louis Aliot : « Soral, on le voit peu mais il arrive à convaincre Le Pen que les banlieues allaient voter pour lui, pour remplacer l’électorat qui vote pour Sarkozy. Nous, on n’y a jamais cru » !

La première campagne présidentielle de Marine Le Pen ne se remarque pas pour son intérêt pour les banlieues.... mais plutôt pour les campagnes. En 2012, cette « France des oubliés » dont parle la présidente du FN  n'intègre pas franchement ces territoires. Cinq ans plus tard, les choses ont bien changé. Le parti dit ne pas oublier cette « majorité silencieuse » des « territoires perdus de la République » qui est laissée aux « mains des racailles ». On peut être musulmans mais « français d'abord ». En somme, avec le FN, il s'agit de choisir sa banlieue et de faire le choix entre le national et l’islam, la liberté et la « soumission » ou, encore, entre l'assimilation et le « communautarisme ». La présidente du FN devrait aller sur le terrain début 2017. Pourquoi pas Clichy-sous-Bois ? Cette ville de Seine-Saint-Denis où, en 2005, deux adolescents ont été électrocutés dans un site EDF.

En quelques décennies, les banlieues ont, certes, changé mais elles continuent à s'opposer au vote FN. Le parti lepéniste aimerait (faire) penser que ces électeurs pourraient se rallier à son vote. « Il est illusoire de croire que le FN arrivera à conquérir “l’électorat des banlieues” » explique Jérôme Fourquet de l'IFOP.  Avec la mise en place d'émissions diffusées sur internet, le FN tente de se faire entendre autrement que par sa présence sur le terrain. Car un autre aspect doit être souligné. Le travail sur le terrain et la rencontre avec les habitants s'avèrent compliqués dans ces territoires où les représentants du FN ne sont pas les bienvenus.

La réaction de Jean-Yves Le Gallou est intéressante à plus d'un titre. L'ancien dirigeant du GRECE, entré au FN en 1985, théoricien de la « préférence nationale », revient justement sur les opérations militantes. La première démarche pour élargir son électorat, explique-t-il, c’est de « mobiliser les abstentionnistes de son camp. Il faut aller voir les réserves d’électorat démoralisé dans les quartiers pavillonnaires encore européens. (...) Rue par rue et maison par maison. Et les convaincre. Il y aussi toute la "France périphérique", celle qui se révolte contre l’implantation de clandestins venus de Calais. En voilà, des champs électoraux à labourer avec des militants convaincus et formés. Cela suppose un travail militant plus ingrat, c’est sûr, que de faire le beau dans les médias ». Jean-Yves Le Gallou - un des principaux artisans de la scission de 1998 - ne fait pas que pointer ce qu'il estime comme une différence fondamentale entre le FN des années 1980-1990 et 2010, à savoir le travail militant et la stratégie médiatique du parti. Il est aussi critique à propos de la vision politique contre-productive du FN mariniste. Pour le fondateur de Polémia, un vote musulman FN n'a, non seulement, jamais existé mais il est impensable de l'imaginer. La raison, mise en avant, est simple : l’islam est « incompatible avec la culture, la civilisation, le mode de vie français ». Les électeurs du FN n’attendent pas un discours complaisant avec l’islam ni la « mise sur le même plan, au nom d’une illusoire laïcité, de l’islam d’un côté et du christianisme et des traditions européennes de l’autre ».

Et l'ancien du FN de conclure ainsi : le « plus grand risque aujourd’hui pour le FN, ce serait d’apparaître comme un parti comme les autres. D’autant que la "normalisation" n’empêchera pas les campagnes de "diabolisation" là où il y aura des deuxièmes tours ». 

Valérie Igounet

Derrière le Front

Hamon juge "grave" la position de Mélenchon sur l'immigration

 

 

Benoît Hamon, candidat à la primaire de la gauche, a qualifié de "grave" ce que "raconte" Jean-Luc Mélenchon sur l'immigration et s'est "désolé" du soi-disant manque de clarté politique du co-fondateur du Parti de gauche sur le sujet.

"J'ai adoré le Mélenchon de Marseille sur l'immigration", a déclaré mardi M. Hamon, en référence à un discours d'avril 2012 de M. Mélenchon vantant le "métissage" de la France. "Mais aujourd'hui je pense que Mélenchon c'est grave ce qu'il raconte", a poursuivi le député des Yvelines, en marge d'un rassemblement consacré au revenu universel d'existence, l'une de ses propositions-phares. 

"Il y a un vrai changement entre le discours du Prado et ce que dit Jean-Luc maintenant", a estimé M. Hamon. "Sauf à être naïf sur le bonhomme, quiconque ne voit pas la différence et ne voit pas qu'il a maintenant un côté à dire: +les migrants je les prends quand ils sont docteurs, les autres il vaut mieux les nourrir là-bas plutôt qu'ils viennent chez nous...

"Le sujet c'est: est-ce qu'on assume de dire que de nouvelles générations d'immigrés enrichiront la France ' Ou l'on se contente de dire que les immigrés qui sont devenus Français ont enrichi la France mais il faut quand même faire une pause parce qu'on n'a pas les moyens de les accueillir", s'est encore demandé l'ancien ministre, en assurant que "faire une pause n'existe pas" en matière d'immigration.  

Epinglant également Arnaud Montebourg, son principal concurrent déclaré à la primaire de la gauche organisée par le PS, M. Hamon a assuré que son rival rejoignait M. Mélenchon sur les constats "d'insécurité sociale et d'insécurité culturelle". 

"Moi je ne méprise pas l'angoisse identitaire. Ca existe", a relevé M. Hamon. "Sauf que ça me désole de voir que ça structure en partie les prudences voire la transhumance de dirigeants clairs sur ces questions-là auparavant et qui ne le sont plus aujourd'hui. C'est valable pour Arnaud comme pour Jean-Luc.
Lundi, le porte-parole de Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) Olivier Besancenot avait aussi interpellé Jean-Luc Mélenchon sur ce thème. 

"On lance un appel à toute la gauche radicale: ne tombons pas dans le piège de l'identité close et refermée sur elle-même", avait déclaré M. Besancenot en exprimant son "désaccord" avec le co-fondateur du Parti de gauche qui avait exprimé son opposition à la liberté d'installation des migrants. 

L'Express 

Trappes (78) : ils agressent leur sœur pour l’empêcher de fréquenter des garçons

 

 




Deux frères de 20 ans et 23 ans ont été interpellés, lundi, à Trappes, pour avoir tailladé les bras de leur sœur dans le but, semble-t-il, de lui inculquer la morale.

 L’affaire commence par une violente dispute dans un appartement du square Van-Gogh. Vers 13h30, la police intervient suite à un appel leur signalant qu’une jeune fille de 16 ans vient de se faire menacer par ses frères, armés d’un couteau et d’une batte de base-ball. […]

La jeune fille, qui présente des traces de coups et des coupures sur les bras, qui semblent plus anciennes, est transportée à l’hôpital de Trappes. Elle raconte aux policiers que ses frères l’ont blessée à coups de tesson de bouteille pour la punir et l’empêcher de fréquenter des garçons. […]


Tous deux ont reconnu les faits devant les enquêteurs, expliquant que leurs actions avaient « un but pédagogique » et qu’ils entendaient ainsi faire de leur sœur « une femme vertueuse ». […]


Islamisme.fr 

Pas-de-Calais : mort d’un migrant au camp de Norrent-Fontes

 

 
Un migrant est mort mardi dans le camp regroupant entre 150 et 200 personnes, situé à Norrent-Fontes, à une soixantaine de kilomètres de Calais.

Il s’agit du premier migrant mort dans ces conditions dans ce camp. Un migrant est décédé mardi 18 octobre, dans la soirée, suite au « lynchage » dont il a été victime, lundi, dans le camp de Norrent-Fontes, dans le Pas-de-Calais, précise l’association Itinérance qui les suit au quotidien. De son côté, la préfecture du Pas-de-Calais avait imputé ce décès à une rixe entre Érythréens et Soudanais.

Ce camp, situé à une soixantaine de kilomètres de Calais, regroupe entre cent cinquante et deux cents personnes. Selon la municipalité, il avait été prévu pour accueillir trente personnes.

Trois interpellations

Deux versions se contredisent donc. D’un côté, Nan Suel, la présidente de Terre d’Errance qui connaissait la jeune victime, rapporte qu’elle avait « été exclue du campement par les passeurs à qui elle tenait tête. Il était absent du lieu depuis une quinzaine de jours et semble être revenu le jour du drame ». Il aurait été « tabassé et lynché » par un groupe d’autres hommes, qui ne souhaitaient pas son retour sur le campement. À leur arrivée, les gendarmes ont retrouvé son corps inanimé qui avait été déplacé pour être caché et ont pu constater que « l’ami de ce jeune homme de 26 ans, qui l’avait défendu avait aussi été frappé ». Les humanitaires démentent formellement la version qui voudrait qu’une rixe soit à l’origine de ce décès, qui s’est produit dans la journée de mardi, à l’hôpital de Beuvry, près de Béthunes
La version de la préfecture, est en revanche celle d’une rixe. Selon son porte-parole parole, lundi soir, vers 23 h 30, « une bagarre a éclaté entre une cinquantaine de migrants soudanais et érythréens alcoolisés (...) Les services de gendarmerie sont immédiatement intervenus pour mettre fin à cette rixe. Deux migrants ont été blessés et transportés au CH Beuvry, près de Béthune. L’un d’eux, retrouvé à quelques centaines de mètres du camp et dont le pronostic vital était engagé, est décédé ce soir (mardi) des suites de ses blessures ». Les services de l’Etat n’étaient pas en mesure de préciser ni la nationalité ni l’âge du défunt.

Les soutiens aux migrants, arrivés sur place en même temps que les forces de l’ordre ont effectivement constaté un taux de tension extrême sur le lieu, qui aurait pu faire penser à une rixe, mais ils réfutent totalement cette version. « D’ailleurs s’il s’était agi d’une bagarre, il y aurait eu des traces sur d’autres personnes que sur les deux victimes des coups », insiste Nan Suel. Les membres d’Itinérance, qui suivent au quotidien le lieu, mais aussi des migrants du campement se sont rendus à la gendarmerie, mardi matin pour témoigner. Trois migrants ont été interpellés et une enquête est en cours, a ajouté la préfecture , interrogée par l’AFP. Selon l’association Itinérance, tous les agresseurs n’ont pas été arrêtés.

Un phénomène nouveau

Selon un comptage officiel, il s’agit du trente-troisième migrant mort depuis janvier 2015 – date qui coïncide avec le début de la crise migratoire – dans ce département, le plus proche des côtes anglaises.
Mais les causes des décès de migrants sont souvent liées à des accidents sur la route, notamment lorsqu’ils sont percutés la nuit par des poids lourds en tentant d’y monter. Cet été, deux migrants (un Éthiopien et un Soudanais) sont morts au cours de rixes intercommunautaires dans la « jungle » de Calais, dans ce qui apparaissait comme étant un phénomène nouveau.

À la mi-octobre, la mairie de Norrent-Fontes et des propriétaires privés avaient été déboutés par le tribunal de grande instance de Béthune de leur demande d’évacuation d’un terrain où vivent des migrants dans des conditions précaires.

Saisi en référé, le tribunal avait jugé que les requérants ne proposaient « aucune solution concrète et durable pour le relogement » des migrants aux abords de cette commune de quinze cents habitants.

Le Monde 

lundi, 10 octobre 2016

La Xe Journée de Synthèse nationale, dimanche 2 octobre dernier à Rungis

jeudi, 06 octobre 2016

Brexit : les étrangers bientôt listés ?

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C’est la proposition choc de la ministre britannique de l’intérieur, Amber Rudd. « Il y a trop de salariés non britanniques » dans les entreprises de sa Majesté, dit-elle, « les entreprises doivent faire la liste du nombre d’étrangers qu’elles emploient » ! Ouahhhhh ! Rien de moins. Le Royaume Uni, ce phare de la civilisation démocratique qui sut résister aux pires heures de l’Europe en 1940, se mettrait à recenser les « étrangers » travaillant sur son sol ? C’est en tous les cas la proposition dont The Times se faisait l’écho dans son édition de ce matin.

On savait que l’équipe de Theresa May plutôt orientée, désormais, vers un Brexit hard. On savait que le contrôle de l’immigration avait prévalu lors du dernier congrès du parti conservateur, le week-end dernier, dans les priorités sur le maintien d’un plein accès au marché unique. Avec Amber Rudd, résolue à privilégier la main d’œuvre nationale, on passe un autre cap. Marine Le Pen en rêvait, Theresa May va le faire.

Il suffit pourtant de séjourner à Londres pour comprendre l’absurdité de cette mesure. Des jeunes de toute l’Europe sont employés dans les services et la restauration, et souvent pour des emplois dont les Britanniques eux-mêmes ne veulent plus.

Quant au ministre de Commerce international, Liam Fox, il a souligné qu'il était hors de question à ce stade de garantir les futurs droits des trois millions de citoyens européens déjà établis au Royaume-Uni. "C'est l'une de nos principales cartes lors des négociations à venir sur le Brexit. On ne va pas l'abattre dès maintenant", a-t-il dit.

Ce matraquage sur l'immigration a suscité de vives critiques dans l'opposition, qui accuse les Tories d'utiliser "des êtres humains comme monnaie d'échange". Les remarques de Liam Fox en particulier "feraient rougir de honte même un Nigel Farage", l'ex-leader controversé de l'Ukip, a fustigé le député travailliste Chuka Umunna. "Ce n'est pas parce qu'il y a vacance de pouvoir à l'Ukip que Theresa May doit s'y engouffrer", a ajouté sa collègue écossaise, Kezia Dugdale.

Ouest France

Paris : des jeunes vandalisent des Vélib’ et réveillent tout un quartier

La scène a été surréaliste. Bruyante. Et a tiré des riverains du lit! Samedi soir, à minuit, des adolescents de 14 à 17 ans ont ravagé une dizaine de Vélib’ à une station, rue Fragonard (XVIIe), à quelques mètres du RER porte de Clichy.

Alors qu’il se loue un Vélib’ par seconde, chaque année environ 9.000 d’entre eux sont volés, vandalisés ou détériorés. Des vélos populaires mais parfois malmenés.

Islamisme.fr